Carte blanche

A l’heure de l’économie numérique, la réussite passe par la formation permanente

L’année académique a débuté voici déjà plusieurs mois — les premiers examens sont désormais terminés — et les professeurs tout autant que les étudiants perçoivent encore quotidiennement l’effet énorme d’un minuscule virus.

La Covid-19 a non seulement pris l’économie au piège mais a également transformé à tout jamais le regard que nous jetons sur l’enseignement et l’apprentissage en général. Une chose est sûre: pendant cette période, les technologies ont aidé les établissements universitaires tout d’abord à rouvrir leurs portes en toute sécurité et ensuite à apporter un support total, à distance, aux étudiants. Aujourd’hui, ces mêmes technologies procurent également la possibilité aux employés, qui ont vu leur parcours professionnel être perturbé par la crise économique, d’acquérir de nouvelles compétences ou de se reconvertir afin de donner une nouvelle tournure à leur carrière.

Une autre conséquence de la pandémie est d’avoir mis la fracture numérique plus clairement en lumière, principalement en ce qui concerne l’accès à la technologie et l’aptitude à maîtriser des compétences numériques. L’Union européenne estime que plus d’un jeune sur cinq dans l’Union ne parvient pas à maîtriser les compétences numériques de base. Il était dès lors plus que temps que la Commission européenne approuve, en septembre, son nouveau plan d’action pour une éducation numérique. Des leçons ont été tirées de la crise du coronavirus. L’Union européenne les a intégrées dans son ambition de “préparer les systèmes d’éducation et de formation à l’ère numérique” à partir de cette année jusqu’en 2027. Le plan d’action comporte deux priorités stratégiques. D’une part, l’accent est mis sur le développement d’un écosystème d’éducation numérique hautement performant. De l’autre, la Commission européenne désirer améliorer les compétences numériques en matière de transformation numérique, à l’échelle du continent.

On pourrait estimer que ce plan arrive bien tard mais nous devons néanmoins le soutenir. Il est en effet crucial, pour notre potentiel concurrentiel et pour des économies inclusives, de nourrir une culture de développement (personnel) constant. Il devient de plus en plus évident qu’un taux plus élevé de littératie numérique, l’offre de formations et des possibilités de reconversion doivent figurer en tête des priorités tant dans le chef des gouvernements que dans celui des entreprises. Ce qui nous amène à évoquer trois question importantes:

1. Les jeunes sont-ils préparés à trouver leur voie dans un monde aussi changeant?

Même sans la pandémie, il était devenu évident — notamment sous l’influence de la transformation numérique — qu’un large fossé s’était creusé entre le catalogue offert par l’enseignement et les besoins de l’économie et de la société dans son ensemble. Ce n’est pas un hasard si les établissements universitaires et les programmes éducatifs ont investi dans l’enseignement des STEM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) pour encourager l’orientation de carrières via ces filières. L’accès aux technologies pertinentes et la capacité à développer des compétences numériques gagneront sans cesse en importance pour un enseignement et des parcours de formation de grande qualité.

Les compétences que recherchent les employeurs évoluent constamment. Il est dès lors important que les professeurs et les cursus continuent d’évoluer de concert. Des études récentes révèlent que 74% des chefs d’entreprise en Europe disent donner la priorité à d’autres compétences en raison de la pandémie. Dans un monde post-Covid, on continuera d’évaluer des compétences IT techniques (57%) ainsi que la connaissance d’outils utiles pour l’environnement de travail numérique (42%) mais des compétences humaines telles que l’intelligence émotionnelle (40%) et la capacité à collaborer (38%) gagnent sans cesse en importance afin d’aider les jeunes adultes dans un monde en constant changement.

2. Les salariés sont-ils en mesure de réussir dans l’économie numérique?

A l’heure de la Quatrième Révolution Industrielle, l’urgence à rendre les carrières résiliantes face aux exigences de l’avenir a provoqué une véritable révolution de la reconversion professionnelle. Selon une enquête mondiale, pas moins de 40% des salariés ont envisagé de changer de carrière depuis le début de la pandémie. Etant donné que l’économie numérique poursuit son essor, les entreprises ont la responsabilité d’offrir à leurs salariés des opportunités de reconversion ainsi que la possibilité d’opter pour les emplois offrant des perspectives d’avenir. Il est de plus en plus de leur propre intérêt de le faire.

Plus que jamais, les gens ont besoin d’avoir accès aux technologies et aux compétences pour se garantir un emploi offrant des perspectives d’avenir. En 2014, nous avons lancé notre plate-forme d’apprentissage en ligne gratuite Trailhead, dans l’objectif de démocratiser l’enseignement et d’offrir à chacun un parcours professionnel égalitaire dans le secteur technologique. Depuis le début de la pandémie, le nombre d’inscriptions aux cours a augmenté de quelque 37%. Plus de 2,2 millions d’apprenants acquièrent aujourd’hui des compétences techniques, commerciales, partenariales ainsi que des soft skills. En enseignant des compétences particulièrement demandées — avec qualifications certifiées à la clé –, nous nous attaquons aux besoins des entreprises et nous procurons en outre aux individus les outils dont ils ont besoin pour réussir.

3. En faisons-nous suffisamment pour combler la fracture numérique?

En tant qu’entreprises, nous devons sans cesse nous demander si nous en faisons suffisamment pour donner sa chance à chacun ou si n’oublions personne au bord du chemin. Si l’on doit concevoir l’enseignement autrement, selon une mentalité apprendre-de-n’importe-où-dans-le-monde, nous devons alors faire en sorte que chaque étudiant bénéficie du meilleur enseignement possible, quelles que soient les circonstances. Lorsqu’il s’agit de changements de carrière, chacun doit avoir l’opportunité d’acquérir de nouvelles compétences ou de se reconvertir. Si les services quotidiens essentiels basculent vers un environnement en ligne, alors garantir un accès universel à tout — depuis les soins de santé jusqu’aux services sociaux — deviendra le réel test d’un monde inclusif ayant le numérique comme boussole.

Conclusion

Les transformations sont rapides. Elles imposeront à chacun d’entre nous — jusqu’à un certain point — de continuer à apprendre et à revoir sans cesse ses compétences. Dans l’économie numérique — qui a subi un coup d’accélérateur ces derniers mois en raison de la pandémie –, il sera crucial, aussi bien pour les entreprises que pour les individus, d’adopter une mentalité favorable au changement dans notre manière de vivre et d’apprendre. La manière dont nous armons les jeunes pour faire face à ce monde changeant, dont nous permettons aux salariés d’acquérir les compétences dont ils ont besoin, et dont nous nous attaquons à la fracture numérique grandissante, détermineront nos chances de succès. En tant qu’économie et en tant que communauté humaine.

Max Swerdlow, responsable de Salesforce Belux

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content