Comment opter pour une stratégie d’investissement tous risques
Pour l’investisseur, le monde actuel ressemble de plus en plus à un enchevêtrement de risques et menaces en tous genres. Une stratégie d’investissement réfléchie vous permettra de voguer entre ces périls potentiels.
Comme vous avez pu le découvrir dans les pages précédentes, les risques actuels sont pluriels pour les investisseurs. Pour encore complexifier le panorama boursier, aucune menace ne fait réellement l’unanimité, le signe que les perspectives sont extrêmement disparates et les prévisions très aléatoires. Les marchés pourraient tout aussi bien poursuivre leur envolée jusqu’à de nouveaux records que s’écrouler pour une raison encore inconnue. Comme les carry trades qui ont surgi au cœur de l’été et ont fait vaciller l’ensemble des marchés mondiaux. Dans un tel contexte, il est inutile d’espérer consolider votre portefeuille d’investissements par une seule opération. Au contraire, différentes mesures sont nécessaires pour le protéger.
L’épargne rapporte
La première constatation est que l’épargne rapporte de nouveau. Les banques ont rivalisé d’offres pour appâter les épargnants ayant souscrit au bon d’État à un an émis en septembre 2023. Vous pouvez profiter de taux bruts de 3,5% à 4%, soit de 2,45% à 2,80% net, sur les comptes à terme de nombreuses banques (ING, CBC, Crelan, Beobank, Deutsche Bank, Belfius) pour placer vos liquidités, notamment en attendant de meilleures opportunités en Bourse. “Les comptes à terme sont actuellement attractifs pour placer des capitaux à un horizon de 12 à 24 mois, pointe ainsi Etienne de Callataÿ. Vous obtenez un rendement attractif et bénéficiez d’une garantie d’État à concurrence de 100.000 euros par personne et par institution. Cela ne remplace toutefois pas une stratégie d’investissement adaptée à votre situation, que cela soit en termes de rendement potentiel ou en raison du risque de réinvestissement. Il est en effet loin d’être acquis que les banques se montreront toujours aussi généreuses lorsque votre compte à terme arrivera à échéance.”
Diversification essentielle
La deuxième consigne est de diversifier au maximum vos positions. “La diversification est la couverture la moins chère pour tout investisseur, insiste Delphine Wykes, responsable de l’allocation d’actifs chez BNP Paribas Fortis. Dans cette perspective, il faut “se méfier du momentum excessif sur certaines valeurs engendrant une forte concentration des marchés”, notamment autour des Sept Fantastiques. “Il est évidemment important de s’exposer à des tendances structurelles (comme l’intelligence artificielle, ndlr) mais il faut combiner ces participations à d’autres proposant une visibilité sur les dynamiques bénéficiaires à plus court terme.” Rappelons aussi qu’historiquement, une entreprise figurant dans le top 10 des plus grandes capitalisations boursières mondiales n’a en moyenne que trois chances sur 10 de toujours en être 10 ans plus tard. Pour stimuler rapidement la diversification de votre portefeuille d’actions, vous pouvez opter pour un fonds ou un ETF (fonds coté en Bourse) sur les petites et moyennes capitalisations. Vous éviterez ainsi les géants qui concentrent les risques dans les principaux indices.
Évidemment, la diversification ne s’entend pas seulement en termes de nombre de titres, mais aussi de classes d’actifs. Une poche d’obligations de qualité, y compris via un fonds d’investissement permet ainsi de stabiliser votre portefeuille. Mais Vincent Juvyns va plus loin et préconise une diversification vers les placements alternatifs. “Certains risques pour les marchés, comme l’endettement public excessif, sont de nature à affecter tant les actions que les obligations. Nous renforçons ainsi notre exposition à la gestion alternative, qu’il s’agisse d’investissements liquides dans des hedge funds ou de placements en actifs réels (peu liquides) comme l’immobilier, les infrastructures ou les transports. Ces actifs alternatifs soutiennent la diversification et le rendement d’un portefeuille d’investissements classique.”
La diversification ne s’entend pas seulement en termes de nombre de titres, mais aussi de classes d’actifs.
Traditionnellement, cette gestion alternative est peu accessible aux investisseurs particuliers, notamment pour des raisons réglementaires. Quelques fonds (voir tableau 2) vous permettent toutefois d’investir dans les stratégies déployées par les hedge funds qui visent à dégager un rendement, peu importe les conditions de marché. La plus courante est la stratégie long/short qui consiste à combiner positions haussières (long) et baissières (short) pour limiter l’influence des tendances boursières sur le portefeuille. Une deuxième stratégie consiste à investir dans des produits dérivés sur différents marchés (actions, taux, devises, etc.) en suivant les tendances économiques et financières. Ces fonds dits Global Macro ou Managed Futures sont généralement gérés par des logiciels. L’arbitrage vise à profiter des incohérences des marchés financiers. Comme une légère différence de prix pour une même action cotée sur deux Bourses différentes. Dans le cadre d’une stratégie événementielle (Event driven ou Special situation), le hedge fund se positionne en fonction des fusions et acquisitions, des restructurations, etc.
Pour un investisseur, s’inscrire dans une démarche responsable permet d’être en ligne avec le monde de demain.
Pour l’immobilier ou les infrastructures, les possibilités pour les particuliers sont toutefois rares. Il existe bien des entreprises spécialisées cotées (comme Home Invest dans le résidentiel, Aedifica dans l’immobilier de santé ou TINC dans les infrastructures), mais votre rendement dépend alors également de l’environnement boursier. Si vous disposez d’un certain patrimoine, votre banque pourrait vous proposer des fonds dits ELTIF (fonds européens d’investissement à long terme) sur l’immobilier et les infrastructures. Une autre option est de vous tourner vers les plateformes de financement participatif comme BeeBonds ou Look&Fin. Vous pouvez ainsi cofinancer (sous forme de prêts) des projets immobiliers en obtenant un taux d’intérêt dépendant du niveau de risque et pouvant atteindre jusqu’à 12% pour des quasi-fonds propres.
Gestion responsable
Etienne de Callataÿ insiste pour sa part sur “la nécessité d’une gestion responsable, une évidence pour tout capitaliste. Le rapport britannique Stern évaluait ainsi le coût de l’action climatique à 1% du PIB et celui de l’inaction à entre 5% et 20%. Pour un investisseur, s’inscrire dans une démarche responsable permet d’être en ligne avec le monde de demain et de répondre aux futures exigences réglementaires et des consommateurs. Évidemment, la trajectoire vers une économie décarbonée n’est pas en ligne droite et on observe parfois un intense lobbying pour reporter certaines échéances, mais cela ne remet pas la direction en cause. Quand on se place dans une perspective de long terme, il est illusoire d’espérer obtenir de belles performances en misant sur le thermique ou le charbon. Nous ne sommes clairement qu’au début de la surperformance de l’investissement responsable.” Sur les 10 dernières années, l’indice des actions mondiales socialement responsables (MSCI World SRI) affiche ainsi un rendement annualisé de 10,8% contre 10,1% pour l’indice classique global (MSCI World), soit une différence cumulée de plus de 15% sur une décennie. À noter que vous pouvez évidemment faire confiance à des gestionnaires privés axés sur l’investissement responsable, comme Orcadia AM, mais il existe aussi des fonds et ETF vous permettant par exemple d’investir en tenant compte des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).
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