Témoignages: Élise, Éric, Greg et Alex, des jeunes fans de la Bourse

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Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les nouvelles générations sont l’avenir de la Bourse. Quatre étudiants du Solvay Finance Club, actif au sein de l’école de management, décrivent leur passion et racontent comment ils gèrent leur portefeuille. La source de débats intenses.

Si les investissements et la Bourse restent attractifs en Belgique et en Europe, c’est surtout dû à la participation de plus en plus importante des femmes et des jeunes de 18 à 35 ans. Voilà ce qu’affirment les études. Et voilà ce qu’incarnent Élise, Éric, Grégory et Stefan.

Tous les quatre sont étudiants à la Solvay Brussels School of Economics and Management. Tous sont membres du Solvay Finance Club, au sein duquel ils débattent de ces questions financières avec passion. Trois d’entre eux gèrent déjà leur portefeuille en Bourse, qu’ils adaptent au gré de leurs échanges.

“La mission du club consiste à démocratiser la finance, souligne Élise Savu, présidente du club. Nous organisons des événements, comme des quiz ou des business trips , et nous publions des contenus digitaux. J’ai eu cet engouement en première année, il y a quatre ans, lors d’un travail pratique que j’avais adoré. L’assistant faisait partie du club, il m’a conseillé de le rejoindre et je me suis prise au jeu. Cela devient un plaisir plus qu’une formation, et cela donne une vision globale sur ce monde de la finance.”

Une approche qui est déjà très pratique, investissements à la clé.

“Nous investissons déjà” en Bourse

“Individuellement, nous sommes liés par le fait que nous investissons déjà, en fonction de nos moyens, confirme Éric Neves, étudiant en 2e année de master à Solvay et manager du pôle Finance Inside du club. Quelques membres de ma famille le font aussi. Cela nous donne un regard dépassant le simple volet académique. Devenir membre du club permet d’élargir ses connaissances et d’ouvrir notre esprit.”

Passionné de fintech, de technologies ou d’intelligence artificielle, Éric s’est notamment intéressé aux marchés émergents en Chine ou en Inde. “Mon portefeuille s’est plus ouvert. Je n’hésite pas à m’ouvrir à d’autres opportunités et challenger les autres.” Sortir de sa zone de confort. Avec ses compères, il a, par exemple, étudié le marché du chocolat pour comprendre sa dynamique, l’origine des matières premières, la façon dont sont générés les revenus… “En tant qu’investisseur, c’est important de saisir toutes les dimensions d’un secteur.”

Grégoire Szpirer, étudiant en première année d’ingénieur de gestion, a rejoint le Finance Club en septembre et entame son expérience avec le rythme de la passion. “J’ai ouvert mon premier compte-titres à 18 ans, raconte-t-il. Je suis tombé dans la partie ‘finance’ de YouTube et je regardais énormément de vidéos à ce sujet. J’ai commis mes premières erreurs et j’ai commencé à comprendre comment cela fonctionnait. Depuis, je passe pas mal de mon temps libre à suivre les marchés. J’avais envie de partager cet intérêt avec d’autres personnes.”

“En tant qu’investisseur, c’est important de saisir toutes les dimensions d’un secteur.” – Éric Neves

“Prendre plus de risques”

Depuis son entrée dans le club, Grégoire a fait évoluer sa stratégie. “J’ai tendance à prendre plus de risques qu’avant, sourit-il. Je sors des grands noms habituels que l’on entend tout le temps. Je fais davantage confiance à mes analyses, d’autant que je peux en parler avec d’autres personnes qui peuvent les valider ou pas. Et pour le moment, je dois dire que cela fonctionne assez bien, j’espère que cela va continuer.”

Stefan Lungoci, dit “Alex”, a rejoint le club en même temps que son copain “Greg”. “Éric, Greg et moi avons choisi de devenir ingénieur en gestion, et comme pour tout le monde, c’est pour l’argent, on ne va pas se mentir, entame-t-il. Mais aussi, personnellement, pour étendre mes connaissances et trouver ma voie. Un jour, lors d’un cours sur les ‘analyses des états financiers’, je suis tombé en love , véritablement. J’adore ça. Le prof m’a également fait découvrir la Bourse et j’ai trouvé ma passion.”

Seule la présidente Élise n’investit pas, pas encore. Elle est davantage orientée vers la dimension pédagogique. “J’aime l’idée de découvrir des choses, de toucher à tout, comme cette enquête sur l’industrie du chocolat, explique-t-elle. Cela sort du cadre parfois un peu trop théorique des cours. On s’ouvre à de nouvelles dimensions. Ce club, cela rejoint un peu ce que je faisais avant dans les mouvements de jeunesse. Nous développons aussi un esprit critique en échangeant nos points de vue.”

Le “Warren Buffett” de l’équipe

Les trois garçons, eux, sont surmotivés. “Alex, c’est un peu notre Warren Buffett, estime Éric. Il adore l’analyse fondamentale. C’est le premier qui vient me voir pour me dire que mon action est surévaluée et que j’ai intérêt à me calmer. Souvent, il a raison. Il y a un aspect humain et émotionnel au marché, mais c’est important d’avoir un regard plus pragmatique et quantitatif. Chaque jour, il y a des résultats ou des annonces, mais il est important de tenir compte aussi de narratifs plus sains et moins volatiles. C’est toute la gestion de notre exposition au risque que l’on doit étudier.”

“Cela donne beaucoup de débats entre eux, c’est intense, s’amuse Élise. C’est absolument génial parce qu’au final, on s’intéresse encore plus au sujet. L’un des objectifs de notre club, c’est bien de débattre avec bienveillance, pour évoluer.”

Le “Warren Buffett” de l’équipe, Stefan dit “Alex”, est hilare à l’idée de cette comparaison. “Je ne sais pas pourquoi ils m’appellent Warren Buffett, sans doute parce que c’est l’un des investisseurs les plus connus pour ses critères de choix. Il analyse le fondement des titres : si une entreprise n’est pas forte, il ne va même pas la regarder. Cela veut dire que l’on évitera d’investir dans Tesla parce que c’est trop volatil. Moi aussi, j’aime avoir des entreprises solides dans mon portefeuille, qui ne vont pas se casser la gueule du jour au lendemain en raison d’une annonce.”

Grégoire, lui, est un peu plus audacieux. “J’ai tendance à regarder beaucoup de graphiques, contre l’avis de beaucoup de monde dans la finance, dit-il. Je m’intéresse aussi à l’activité de l’entreprise. Récemment, j’ai beaucoup suivi le secteur du nucléaire, singulièrement les petits réacteurs modulaires (SMR). J’ai investi dans une entreprise cotée en Bourse. Pour l’instant, elles sont forcément surévaluées parce qu’elles n’ont pas encore d’activité. J’ai failli revendre parce que la tendance était mauvaise, mais Donald Trump a nommé son ministre de l’Énergie qui fait partie du conseil d’entreprise de cette boîte. Soudain, cette petite capitalisation a explosé.”

Grégoire avoue “avoir du mal à vendre”. “Quand j’ai une bonne performance, je me dis que cela va encore continuer. Le fait d’en parler avec Éric et Alex me permet d’avoir davantage les pieds sur terre. Ensemble, on se fait découvrir des entreprises.”

ETF, cryptos et actions

Ces jeunes étudiants ne sont pas de gros investisseurs, pas encore. Mais “en pourcentage de notre patrimoine, les mises sont déjà assez élevées”, disent-ils. “J’ai de très grosses positions sur des ETF que je considère quasiment sans risque, prolonge Grégoire. Alex étant fan d’analyse, il est plutôt stock picking à 100%. Moi, je garde une petite partie pour des risques plus élevés, j’achète aussi des cryptos de temps en temps. Si je me trompe, ce ne sera pas trop grave…”

“J’ai une grande partie de mon patrimoine dans la Bourse parce que j’y crois à fond, prolonge Stefan, dit ‘Alex’. Je suis full stock picking , c’est vrai. Je pourrais aussi investir dans des ETF, mais je considère que l’on perd du plaisir en faisant cela. Nous n’avons pas des sommes folles à investir, je veux donc consacrer l’entièreté de ces montants à faire des choses dont je serai fier.”

Les quatre étudiants passent beaucoup de temps, “parfois trop”, dans ces débats. Ils ont créé un groupe WhatsApp pour échanger en permanence. “Outre nous quatre, il y en a d’autres qui investissent, mais ils sont plutôt 100% ETF parce qu’ils n’ont pas le temps nécessaire, souligne Éric. D’autant qu’il y a moyen, par ce biais, de privilégier certains secteurs, comme l’intelligence artificielle ou l’énergie. Et ils sont tout de même très intéressés par ce que l’on fait. Ils s‘intéressent aux fusions d’entreprises, aux dividendes qui sont distribués ou au caractère prévisible ou non d’une action. Au départ d’un graphique diffusé sur les réseaux, ils nous posent des questions.”

“Éric, Greg et Alex, c’est la team FI ( Finance Inside, ndlr ), ils sont très actifs et engagés, sourit Élise. Mon rôle, c’est aussi d’équilibrer le club afin que l’on s’adresse à tous les étudiants de Solvay pour sensibiliser ceux qui commencent. Il faut éviter les frustrations…“

Génération en ligne

Comment s’informent ces jeunes pour gérer leur portefeuille ? “Chaque matin, je regarde une chaîne YouTube, Zonebourse, souligne Alex. Je me prends une dose de 10 minutes et je suis prêt pour ma journée. S’il y a des entreprises qui m’intéressent, je checke régulièrement leur actualité.”

“Lui, il écoute. Moi, je lis la newsletter du même site, prolonge Grégoire. Cela me donne une vision plus large parce que j’ai tendance à regarder toujours les mêmes entreprises. J’ai des alertes quand une entreprise publie ses résultats. J’aime bien jouer avec le timing et essayer d’être le premier à certains moments. Pour le reste, j’utilise pas mal l’écran d’accueil du moteur de recherche Google.”

Désormais, ils disposent, avec la plateforme Trends Bourse Live, d’une autre source d’information en ligne.

Les journaux et magazines ? “En tant qu’étudiant, c’est un peu compliqué parce que l’information de qualité est payante, dit Greg. J’ai déjà pensé plusieurs fois m’abonner…” Lorsqu’on leur fait remarquer que leurs gains doivent leur permettre d’investir dans cette information, ils rient : “On ne gagne pas tant que cela… En pourcentage, ça va, mais les montants ne sont pas énormes.”

Le jeu Trends Invest Challenge les intéresse parce qu’il s’annonce ludique, mais aussi… en raison des prix de 1.000 euros par semaine et de 10.000 euros au terme des 10 semaines qu’il met en avant. “Vous, vous avez des arguments”, s’esclaffent-ils.

Élise, Éric, Greg et Alex envisagent de s’inscrire et de créer une ligue, mais entre leur portefeuille à gérer et la période des stages, ce n’est pas évident de trouver le temps. Tous les quatre vivent l’instant présent, tout en se disant que cette passion découverte au coin des études leur permettra de préparer demain. En s’amusant, avec sérieux.

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