Siemens Energy, une histoire de résurrection boursière


En ce week-end pascal, voici l’histoire d’une résurrection, celle de la spin-off énergétique de Siemens, dont le cours a progressé de 280% ces douze derniers mois.
Une action qui a son lancement en 2020 se négocie aux alentours d’une vingtaine d’euros, puis qui tombe à 6 euros en octobre 2023, pour rebondir en 2024 et poursuivre sa progression jusqu’à terminer cette semaine pascale à 64 euros. C’est le parcours de phénix de Siemens Energy, la « spin-off » du groupe Siemens.
L’histoire de cette multinationale allemande spécialisée dans les technologies énergétiques n’est pas banale.
-Participez à notre concours Trends Invest Challenge
-Suivez le cours de Siemens Energy et d’autres entreprises sur notre plateforme Trends Bourse Live
-Abonnez-vous à notre newsletter Bourse
2023, annus horribilis
Au début de 2020, donc, Siemens se sépare de certaines activités liées à l’énergie : il s’agit d’activités dans la production d’énergie : fabrication de centrales électriques thermiques et renouvelables, notamment via sa filiale Siemens Gamesa, qui produit des éoliennes (terrestres et offshore). Sont également logées dans Siemens Energy les activités de transport et distribution d’énergie, les activités d’exploitation et transformation de pétrole, gaz et énergies renouvelables et toutes les activités de services. On parle là de la maintenance et de l’optimisation de turbines et d’infrastructures. Bref, Siemens Energy se veut le champion de la décarbonation et de l’efficience énergétique.
Mais les gros problèmes arrivent en 2023. La société entre en crise lorsqu’il apparaît que sa filiale la plus importante, sa division éolienne, Siemens Gamesa, rencontre de graves problèmes techniques avec ses éoliennes. Des éléments sont défectueux, des réparations coûteuses doivent être entreprises et les résultats chutent. En juin 2023, Siemens Energy abandonne ses prévisions de rentabilité, et le titre chute de manière dramatique, abandonnant plus de 30% en un jour. En août 2023, l’entreprise affiche un déficit net de 2,9 milliards d’euros et elle doit demander la garantie de l’Etat allemand pour continuer à bénéficier de financements bancaires et ne pas tomber en faillite. Le cours de bourse atteint un plus bas historique de 6,402 euros en octobre 2023.
Restructuration et rentabilité
Mais l’année 2024 raconte une tout autre histoire. Après un travail de fond sur ses éoliennes (et surtout sur ses plateformes les plus modernes, les 5.X.), et après un recentrage sur des activités plus rentables – Siemens Energy revend la majeure partie de son unité éolienne indienne – l’entreprise améliore ses marges dès le deuxième trimestre 2024. Elle publie en novembre 2024 des objectifs très ambitieux pour les quatre prochaines années (jusqu’en 2028, donc). L’entreprise annonce viser une croissance annuelle organique de 8 à 12% et une marge opérationnelle de 10 à 12%. Ce recentrage est reçu avec enthousiasme par les analystes, et le titre s’envole.
Et cette histoire de résurrection n’est pas finie. Cette semaine, Siemens Energy a annoncé d’excellents résultats pour son second trimestre (qui se termine fin mars, le groupe ayant un exercice décalé par rapport à l’année civile) : le groupe a engrangé un résultat opérationnel de 906 millions, qui a plus que quintuplé sur un an et qui lui permet d’afficher une marge de 9,1%, bien supérieure à celle de 6,2% anticipée par les analystes. Une marge qui est aussi la meilleure depuis sa séparation d’avec Siemens il y a près de cinq ans.
Siemens Energy explique que cela est dû à « une forte performance dans tous ses domaines d’activité ». Au cours de ces trois derniers mois, le chiffre d’affaires a augmenté de 21% par rapport à l’an dernier, pour titiller les 10 milliards d’euros. En fait, l’entreprise qui a son siège à Munich est portée par la forte demande en électricité en Allemagne et en Europe.
Prévisions réjouissantes
Ce qui a surtout suscité l’enthousiasme du marché, ce sont les prévisions du groupe, qui s’attend pour cet exercice à une hausse des ventes de 13 à 15% et à un bénéfice qui pourrait atteindre 1 milliard d’euros. Le groupe anticipe même pour 2026 un retour aux bénéfices de sa filiale à problèmes, Siemens Gamesa qui devrait toutefois encore accuser une perte de 1,3 milliard cette année. Mais elle devrait reprendre les ventes de ses turbines éoliennes 5.X ces prochains mois.
Ces nouvelles prévisions, alors qu’en février l’entreprise avait dit craindre les conséquences de la guerre commerciale lancée par les Etats-Unis, ont enchanté le marché, et l’action a bondi de plus de 10% ce jeudi, atteignant donc 64 euros, soit 75 fois les bénéfices estimés par les analystes pour cette année ! Désormais, la capitalisation du groupe atteint 51 milliards d’euros.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici