Que sont les “obligations catastrophes”, ce marché obscur mais lucratif?
Les obligations catastrophes ont le vent en poupe. Un produit risqué, mais qui affiche un rendement de 16% cette année. Le marché est appelé à croître dans les années à venir. De quoi s’agit-il ?
Le marché des “obligations catastrophes” est de nouveau en hausse cette année. Des obligations d’un total de 17,7 milliards de dollars ont été émises, une hausse de 7% en un an. Un record, après une année 2023 déjà fructueuse. Le marché total pèse désormais plus de 49 milliards de dollars, montre une étude d’Artemis, une plateforme d’information du secteur.
Cette hausse serait imputable à deux phénomènes: d’un côté, un intérêt grandissant de la part des investisseurs, et de l’autre côté, la volonté des émetteurs des obligations à davantage transférer des risques à autrui.
Assurance
Mais de quoi s’agit-il exactement? Une obligation, c’est un prêt fait à quelqu’un. Par exemple à une entreprise ou à un État. Ici, l’investisseur (comme un fonds spéculatif ou un fonds de pension) prête de l’argent à une compagnie d’assurance ou de réassurance, pour couvrir les risques d’une catastrophe naturelle et/ou climatique, comme des ouragans notamment.
Si cet ouragan déferle sur une région donnée, les fonds placés par les investisseurs sont repris pour répondre aux demandes d’indemnisation des personnes affectées. Ces investisseurs peuvent donc perdre leurs fonds. Le risque de défaut de paiement est élevé, ce qui fait que les obligations catastrophes comptent, en règle générale, comme des junk bonds. Il s’agit d’investissements à haut rendement, et à haut risque aussi…
Mais, et c’est là que cela devient intéressant, lorsque la catastrophe est évitée, ou que les dégâts sont moins importants que ce qui était estimé, les investisseurs récupèrent leur capital, avec un bel intérêt en prime. Le rendement total est ainsi de 16%, cette année. Et cela malgré les différents ouragans qui ont touché les États-Unis.
Les investisseurs y voient une manière de diversifier leur portefeuille, surtout car ces obligations fonctionnent différemment du reste du marché financier et ne sont pas corrélées (ou du moins, différemment) aux mêmes éléments.
Croissance
Le marché des obligations catastrophes est aujourd’hui avant tout concentré sur les ouragans. Mais il pourrait bientôt s’ouvrir à un nouveau pan : les “périls secondaires”. Il s’agit par exemple des feux de forêt, d’inondations, de la grêle… Les dégâts de ces événements sont, individuellement, peut-être moins importants que ceux d’un ouragan. Mais mis bout à bout, ils deviennent énormes : ils ont coûté 50 milliards de dollars aux assurances américaines cette année. C’est ce que montre un rapport de Twelve Capital, gestionnaire d’investissements.
Les assureurs seraient donc de plus en plus intéressés à transférer ces risques au marché des obligations catastrophes. Une difficulté se présente néanmoins: trouver un prix en fonction des risques, plutôt variés, serait loin d’être évident. En tout cas, si les assureurs remarquent un intérêt de la part des investisseurs, ils comptent s’y intéresser davantage. D’autant qu’avec le réchauffement climatique, on sait que les événements climatiques risquent de devenir plus extrêmes, ce qui pourrait aussi faire croître le marché.
Ce marché pourrait également s’exporter vers d’autres continents. Car il est aujourd’hui avant tout américain, comme les ouragans. Mais l’Europe ne manque pas de catastrophes naturelles et de “périls secondaires”, comme en témoigne l’année 2024.
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