Petit séisme en Bourse : Colruyt sort du Bel20, une première en 30 ans
La composition du Bel 20, l’indice phare de la Bourse de Bruxelles vient de changer, annonce l’opérateur boursier Euronext. Une valeur importante quitte l’indice de référence belge et c’est une première en 30 ans : Colruyt.
La chaîne de supermarché Colruyt fait les frais de la révision périodique de l’indice phare de la bourse de Bruxelles. Colruyt était l’un des plus anciens indices du BEL 20, le distributeur de Hal y était présent depuis 30 ans, et cela, sans interruption. À partir du 20 mars prochain, il cèdera sa place à d’autres valeurs dans l’indice qu’il avait intégré en 1993.
En cause notamment, sa politique de bas prix dans un environnement de concurrence accrue et d’inflation galopante. L’année 2022 a été catastrophique pour Colruyt, autrefois considéré comme une véritable “success story” et une valeur incontournable dans tout portefeuille boursier.
Colruyt a multiplié depuis plus d’un an les annonces décevantes et les avertissements sur résultats. Sa valeur boursière a fortement chuté ces derniers mois. Ses marges opérationnelles sont mises sous forte pression dans un secteur de la grande distribution où la concurrence s’est accrue ces dernières années avec l’arrivée et la montée en puissance des “hard discounters”.
Recul de 43% sur un an
Malgré un fort rebond de son action début de cette année, en l’espace d’un an, son cours a dégringolé de près de 27%. Sur une période de 5 ans, le recul est de plus de 43%.
« En bourse, Colruyt a perdu 5 milliards d’euros de valorisation. Il le doit en partie à lui-même », déclarait récemment à nos confrères de Trends Jorg Snoeck de RetailDetail. « Il n’ose ou ne peut pas changer assez vite et a déjà raté plusieurs fois le train du numérique. C’est toujours un problème. En raison du succès de Collect&Go (la collecte des produits d’épicerie commandés en ligne, NDLR), il n’a pas fait de la livraison à domicile une priorité, cette dernière est désormais prise en charge par la concurrence. Colruyt est resté le même, mais le monde a changé et la concurrence est devenue beaucoup plus intelligente. L’âge d’or est terminé. Une tâche très difficile attend le successeur », explique le spécialiste. « Colruyt est confronté au problème que sa garantie des prix les plus bas n’est plus viable dans un monde globalisé », ajoute Jorg Snoeck.
Rude concurrence des « hard discounters »
Colruyt subit aussi la concurrence rude d’Albert Heijn, et dans une moindre mesure celle de Lidl. Pendant la pandémie, le groupe a aussi beaucoup souffert. Pour la première fois en dix ans, la chaîne a perdu des parts de marché. « Colruyt a continué à se développer, mais moins vite que la concurrence », explique le professeur Els Breugelmans, expert en commerce de détail à la KU Leuven, à nos confrères de Trends. Colruyt peut toujours défendre sa garantie du prix le plus bas, mais voit la différence de prix avec la concurrence se réduire.
Traditionnellement, la sortie de l’indice de référence de la Bourse de Bruxelles est vue comme une mauvaise affaire pour les entreprises concernées alors que l’inverse est porteur en termes de valorisation. Dans ce jeu de chaise musicale, les actions de l’entreprise technologique Barco et du producteur de semi-conducteurs Melexis seront incluses dans le Bel 20 à partir du lundi 20 mars, en lieu et place de Colruyt et de l’investisseur immobilier VGP dont les performances en bourse ont aussi été décevantes ces derniers temps.
L’indice des vingt actions vedettes de la Bourse de Bruxelles sera dorénavant composé de: AB InBev, Ackermans & van Haaren, Aedifica, Ageas, Aperam, argenx, Barco, Cofinimmo, D’Ieteren, Elia, Galapagos, GBL, KBC, Melexis, Proximus, Sofina, Solvay, UCB, Umicore et WDP.
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