Bénéfice en chute libre pour Colruyt : “Ce ne sera plus jamais comme avant”

Gino Van Ossel © KZ

La forte baisse des bénéfices de Colruyt entraîne une nouvelle chute du cours de l’action. L’arrivée d’Albert Heijn et de Jumbo dans notre pays a définitivement changé notre marché de détail. La formule miracle de Colruyt qui combinait le prix les plus bas et une grande rentabilité semble avoir vécu, déclare l’expert en commerce de détail Gino Van Ossel.

“La stratégie des prix les plus bas fonctionne parfaitement avec Coca-Cola et Douwe Egberts parce que vous pouvez faire pression sur vos fournisseurs, mais c’est plus difficile avec les marques propres. Si Delhaize fait une action promotionnelle avec sa marque maison Hesp, Colruyt n’a d’autre choix que de la prendre à son compte, au lieu de la répercuter sur les fournisseurs. En outre, il y a maintenant des acteurs comme Albert Heijn et Jumbo, qui ne se soucient pas des pratiques belges et achètent aux Pays-Bas“, explique Van Ossel, expert en commerce de détail à nos confères de Kanaal Z.

La fin du modèle Colruyt?

Les prix ont davantage augmenté dans les magasins francophones de Colruyt qu’en Flandre. Selon Van Ossel, cela ne peut s’expliquer que d’une seule manière : une conséquence de la concurrence des supermarchés néerlandais.

Cela ne signifie pas la fin du modèle Colruyt, mais cela signifie que l’éternelle croissance de la part de marché et la fantastique rentabilité qui était au sommet en Europe sont derrière nous. Aujourd’hui, ils sont touchés en dessous de la ligne parce que le contexte est temporairement moins favorable en raison de l’hyperinflation, mais structurellement, nous devons simplement réaliser que même si les choses s’améliorent, ce ne sera jamais comme avant”, déclare l’expert.

L’inflation maintient les revenus de Colruyt en hausse, mais le résultat net recule

Le chiffre d’affaires de Colruyt a progressé de 5,7% sur base annuelle au premier semestre de son année comptable 2022-2023, à 5,3 milliards d’euros. L’inflation explique en partie cette progression mais comme la chaîne de supermarchés ne répercute pas totalement l’inflation des coûts sur le client, la marge bénéficiaire en pâtit.

Dans son rapport semestriel publié mardi soir, Colruyt pointe également la forte augmentation des coûts opérationnels, poussés par les coûts de l’énergie et du transport ainsi que par des avantages du personnel “qui sont grandement influencés par le système d’indexation automatique des salaires en Belgique”. L’effet principal des indexations salariales est d’ailleurs attendu au second semestre (du 1er octobre 2022 au 31 mars 2023). Le résultat d’exploitation et le bénéfice ont donc fondu.

“Les résultats de Colruyt sont sous pression”

L’Ebit ne s’élève plus qu’à 123 millions d’euros, soit 2,3% du chiffre d’affaires (contre 4,2% au 1er semestre 2021-2022) et le bénéfice est tombé sous les 90 millions d’euros contre 162 millions il y a un an. La dette a progressé, à 709 millions d’euros, puisque Colruyt a poursuivi ses investissements, à hauteur de 228 millions d’euros entre avril et septembre, entre autres pour construire ou rénover des magasins et étendre sa capacité logistique en Belgique et en France. “Les résultats de Colruyt sont sous pression de manière significative”, analyse le CEO Jef Colruyt. “Les mois à venir resteront très riches en défis, les perspectives macroéconomiques sombres continuant à influencer le comportement d’achat des consommateurs.

Selon les prévisions du groupe, le résultat consolidé diminuera considérablement en 2022-2023 par rapport à 2021-2022. Colruyt prévoit une baisse sur l’ensemble de l’année, aussi importante que celle relevée au cours des six premiers mois de l’exercice.

L’action Colruyt a plongé de 16,5% après résultats.

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