Danny Reweghs
Voir dans le pessimisme extrême un signe favorable
Contrairement à la perception générale, les attentes à l’égard de l’inflation sont qu’elle va marquer le pas. De 4,7% précédemment, les prévisions des consommateurs américains sont aujourd’hui retombées à 2,7%, le chiffre le plus bas depuis la mi-2021.
Les marchés restent particulièrement turbulents, et très sensibles aux mauvaises nouvelles. Toutes les enquêtes actuellement menées font état de la vision particulièrement sombre qu’ont les investisseurs occidentaux de l’avenir plus ou moins proche. Un pessimisme qui permet paradoxalement d’espérer une reprise des marchés boursiers, du moins au cours des prochains mois.
D’après plus de 60% des personnes interrogées ces dernières semaines par l’American Association of Individual Investors, le marché boursier américain se portera moins bien dans six mois qu’aujourd’hui. En mars 2009, le pessimisme avait atteint le record absolu de 70,3%, mais des résultats qui dépassent plusieurs fois de suite 60% traduisent eux aussi la mauvaise humeur des marchés. Ils ont aussi systématiquement été, depuis 1987, un signe avant-coureur de rendements supérieurs à la moyenne au cours des six mois qui ont suivi leur publication.
Pour que les Bourses soient au plus bas pendant six mois au moins, il faut un raz-de-marée de mauvaises nouvelles et de prédictions sombres. Mais gravir le fameux “mur des inquiétudes” (wall of worries) et vaincre ainsi leurs craintes leur permet de se redresser, souvent vigoureusement, dans les mois qui suivent. Compte tenu de l’état d’esprit des investisseurs, une telle reprise est beaucoup plus plausible qu’on ne le croit.
Autres sources d’espoir
Contrairement à la perception générale, les attentes à l’égard de l’inflation sont qu’elle va marquer le pas. L’indice New York Fed Global Supply Chain Pressure le montre clairement: de 4,7% précédemment, les prévisions des consommateurs américains sont aujourd’hui retombées à 2,7%, le chiffre le plus bas depuis la mi-2021 – un chiffre qui pourrait justifier le retour, à terme, d’une politique monétaire moins agressive. Au vu des contrats à terme et des contrats swaps, le marché estime que les taux d’intérêt culmineront à 4,85% en mars 2023. Comme les marchés ont souvent six à neuf mois d’avance, il n’est pas à exclure qu’ils soient en ce moment même en train de toucher un plancher.
Il faudra bien sûr que les bénéfices des entreprises soient au rendez-vous à l’issue du troisième trimestre. Là aussi, les nouvelles sont bonnes: craignant ce résultat, les analystes et les investisseurs ont décidé de jouer la prudence. Les analystes ont revu leurs prévisions à la baisse, de sorte que la croissance escomptée des bénéfices au troisième trimestre n’atteint plus que 2,9%, soit le pourcentage le plus faible depuis le troisième trimestre de 2020. Le 30 juin, les prévisions s’établissaient encore à 9,8%. Les entreprises ont émis relativement peu d’avertissements sur bénéfices, ce qui signifie qu’elles estiment le consensus assez exact. Reste évidemment à savoir comment elles envisagent le quatrième trimestre. La saison des résultats ne sera certainement pas brillante, mais nous ne nous attendons pas non plus à des catastrophes.
Stratégie
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici