Tullow Oil: à conserver, après l’effondrement du cours
La rédaction répond à la question d’un abonné: “Tullow Oil m’inquiète. Pourquoi cette évolution en dents de scie? L’espoir est-il permis?”
En 2012, quand le baril s’échangeait à plus de 100 dollars, Tullow Oil pesait plus de 10 milliards de livres. Son CEO et fondateur Aidan Heavey accumulait les récompenses et annonçait une valorisation de 30 milliards de livres à moyen terme. Mais comme d’autres jeunes compagnies pétrolières et prestataires de services pétroliers, le groupe a basculé en 2014-2015, quand le cours de l’or noir a plongé à 30 dollars à peine. Le principal fait d’armes de ce producteur britannique de pétrole et de gaz est la découverte de l’énorme gisement Jubilee, au large du Ghana, en 2007, qu’il exploite depuis fin 2010.
Il y a cinq ans encore, Tullow était la plus grande compagnie d’exploration et de production indépendante d’Afrique. Mais loin d’atteindre les 30 milliards de livres, sa valorisation est tombée sous le milliard ce 9 décembre, quand le titre a cédé 71% en réaction à l’annonce du départ du CEO, d’une nouvelle révision des prévisions de production et de la suppression du dividende. Ledit CEO n’était du reste pas Aidan Heavey, parti en 2018, mais Paul McDade, tout aussi impuissant. La confiance dans l’entreprise est ainsi tombée à un plancher absolu, alors que l’endettement passait de 500 millions à 4 milliards de dollars.
Tullow a la réputation de s’engager les yeux fermés. Le énième avertissement sur chiffre d’affaires et sur bénéfice émis à la mi-décembre a, pour maints actionnaires, été celui de trop. Compte tenu des nombreuses réductions budgétaires de ces cinq dernières années, l’alourdissement de l’endettement n’a pas pu être enrayé. Si les objectifs de production avaient été atteints, le financement et le remboursement n’auraient pas posé problème mais les revenus étant systématiquement décevants, les investisseurs s’interrogent désormais. Après la chute du cours, l’arrivée de chasseurs de bonnes affaires a permis à l’action d’opérer plusieurs bonds à deux chiffres, car les champs au Ghana et en Ouganda conservent naturellement une valeur substantielle, supérieure à la capitalisation boursière. Au besoin, le groupe pourra les vendre – mais pas au prix fort, compte tenu de sa situation financière notoirement délicate. Nous conserverions l’action en portefeuille, mais le risque est élevé (rating 2C). Tullow a grand besoin d’un CEO capable de restaurer la confiance.
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