Traversée américaine
Préférez l’Europe aux Etats-Unis
Comme prévu et espéré, la Banque centrale européenne (BCE) a finalement franchi le Rubicon. Le programme de rachat d’obligations d’Etats s’élèvera à 60 milliards EUR par mois, jusqu’en septembre 2016 au moins, soit un total de plus de 1000 milliards EUR. La réaction des marchés boursiers fut unanimement positive, comme on pouvait s’y attendre. Une sorte de libération, après de longs mois d’inaction. Un élément de soutien, aussi, pour les marchés financiers européens. La semaine dernière fut la plus favorable aux Bourses européennes sur les douze derniers mois.
La victoire – pourtant crainte – du parti d’extrême gauche grec Syriza et de son président Alexis Tsipras aux élections parlementaires n’a pas pu tempérer l’enthousiasme face à l’arsenal dégainé par la BCE. Le marché semble convaincu que le nouveau gouvernement de Tsipras et l’Europe parviendront à un compromis pour éviter une sortie de la Grèce de la zone euro, scénario qui comporterait beaucoup trop de risques pour les deux parties. Pour cette raison également, il était important que le ” quantitative easing ” (QE) soit annoncé avant la victoire de Syriza.
Il revient aux politiques, désormais, d’aborder le dossier grec de manière sensée, en évitant d’éveiller de trop fortes oppositions en la matière (axe allemand/français). Au risque d’éroder sérieusement les gains de cours des marchés européens en 2015. N’espérez d’ailleurs pas que la hausse se poursuive au même rythme que la semaine dernière. Attendez-vous plutôt à une volatilité accrue.
Suivez les flux de capitaux
Les banques d’investissement anglo-saxonnes attendent depuis des mois, sinon des années, que la BCE emboîte le pas à la Federal Reserve, à la Bank of England et à la Bank of Japan en annonçant ses mesures propres de QE. La Banque centrale a finalement répondu à leurs attentes. L’an dernier, la BCE et Mario Draghi, jugé peu crédible, avaient largement prêté le flanc à la critique, en raison surtout de leur manque de clarté et de cohérence en matière de communication. Les détracteurs affirment évidemment que ce faisant, la BCE s’aplatit devant les banques (d’investissement) qui ont flairé le potentiel de l’Europe. Mais l’investisseur européen est avantagé, lui aussi, dans la mesure où cette décision peut provoquer un glissement (ultérieur) des flux de capitaux, les investisseurs anglo-saxons comptant bien profiter d’un nouveau tour de QE de ce côté de l’Atlantique. N’oublions pas, à ce sujet, que le potentiel américain en la matière est plutôt épuisé, que les valeurs indicielles américaines présentent une valorisation en moyenne de 25 à 30% supérieure aux européennes, et que pour cette raison notamment l’indice américain Standard&Poor’s500 a déjà récupéré plus de 80% de plus que le Stoxx600 depuis le printemps 2009.
La traversée des Etats-Unis vers l’Europe et surtout vers les valeurs européennes peut contribuer à une confirmation de la tendance observée au cours du premiers mois de cette année – l’Europe surperforme de 6 à 7% Wall Street -, une tendance que tout le monde ou presque avait anticipée l’an dernier déjà, qui pourrait se poursuivre et s’intensifier cette année. Préférez en tout cas l’Europe aux Etats-Unis, comme nous le ferons nous-mêmes en 2015.
Stratégie
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