Tigenix et Sibanye Gold
L’action Tigenix est en net recul ces derniers mois. Pouvez-vous dresser un petit état des lieux de l’entreprise ? Honnêtement, je commence à craindre une faillite.
Malheureusement, ce sont surtout des chapitres décevants qui se sont ajoutés à l’histoire de l’entreprise biotechnologique louvaniste Tigenix (0,22 EUR; NYSE Euronext Bruxelles) ces dernières années. La situation semblait pourtant encore optimale en octobre 2009 lorsque l’entreprise a décroché l’approbation de l’Europe pour le ChondroCelect, un médicament innovant basé sur des cellules souches permettant de réparer les lésions cartilagineuses. Cependant, la capitalisation boursière s’est ensuite effondrée, passant de 120 millions EUR en 2009 à 28 millions EUR aujourd’hui alors que le nombre d’actions en circulation quintuplait, de 24 à 126 millions. La dernière émission de 26 millions d’actions nouvelles à 0,25 EUR par action date du 17 juillet. Tigenix en avait grandement besoin : au 30 juin 2013, la position de trésorerie était retombée à 3,7 millions EUR, alors que l’entreprise consomme environ 1,3 million EUR de liquidités par mois. En d’autres termes, Tigenix avait presque la tête sous l’eau. L’entreprise a d’ailleurs besoin de 12 millions EUR supplémentaires pour surmonter les 12 prochains mois. Le premier coup dur est intervenu en 2010, lorsque Tigenix a eu la désagréable surprise de s’entendre dire par la FDA (l’agence américaine des médicaments) qu’une deuxième étude de phase III était nécessaire pour pouvoir introduire une demande d’approbation aux Etats-Unis. L’acquisition en 2010 de l’entreprise britannique Orthomimetics, qui fabrique le Chondromimetic, a été un échec commercial et il a finalement été décidé de mettre définitivement un terme à ses activités. Depuis l’acquisition de l’entreprise espagnole Cellerix en 2011, Tigenix se concentre entièrement sur les thérapies basées sur les cellules souches. Cellerix dispose de trois produits en phase clinique. Le plus avancé est le Cx601, un traitement contre les fistules périanales pour les patients souffrant de la maladie de Crohn. Les résultats d’une étude de phase II sont attendus en 2014, avec un lancement du produit au plus tôt en 2016. Les deux autres médicaments en développement sont le Cx602 (résultats de phase II positifs en avril) et le Cx603 (résultats de phase I positifs en 2012), deux traitements contre les maladies auto-immunes. Le principal problème est cependant que près de quatre ans après son approbation, le ChondroCelect n’est remboursé qu’en Belgique, aux Pays-Bas et, plus récemment, en Espagne. Au premier semestre 2013, le chiffre d’affaires (CA) s’est établi à 2,3 millions EUR, pour un total de 4,1 millions EUR l’an dernier. C’est beaucoup trop tôt peu pour supporter les coûts puisque Tigenix a toujours consommé plus de 15 millions EUR par an ces dernières années. Tigenix espère que le ChondroCelect générera des cash-flows positifs en 2014 après l’approbation du remboursement en Espagne. Mais la France a décidé définitivement de ne pas accorder de remboursement. Pour fin 2013, Tigenix recherchera des fonds dans une cession du Cx601 en licence et la vente de son propre site de fabrication de cellules souches aux Pays-Bas.
Pour la première fois, l’auditeur a formulé des réserves concernant les résultats semestriels. La situation de Tigenix est donc critique. Sous la pression des assainissements dans les soins de santé, les ventes de ChondroCelect ne progressent que lentement, ce qui réduit les chances d’obtenir un remboursement pourtant indispensable à un produit qui coûte 20.000 EUR. L’entreprise n’a donc guère d’autre recours que de tenter de vendre les actifs, mais sa position de demandeuse ne la place pas dans les meilleures conditions pour négocier. Sans doute y a-t-il quelques candidats patients prêts à bondir sur une technologie innovante. Malgré le cours historiquement bas, nous recommandons de conserver des positions (très) limitées (4D).
Lors de la scission de Gold Fields, ma banque m’a facturé 25% de précompte mobilier sur la valeur de mes actions Sibanye : est-ce normal ? J’ai également été étonné du graphique du cours en dollar (USD) de Sibanye Gold dans le numéro 34B : l’action s’échange en effet à un cours nettement inférieur en rand sud-africain (ZAR) sur la Bourse de Johannesburg.
Pour ce qui concerne le graphique des cours, il est exact que nous avons publié le graphique de Sibanye Gold en USD, sur la Bourse de New York (NYSE, ticker : SBGL) dans le numéro 34B. Il faut cependant savoir qu’il s’agit d’un American Depositary Receipts (ADR), un ADR étant l’équivalent de quatre actions. Entreprise sud-africaine, Sibanye Gold est bien entendu également cotée sur la Bourse de Johannesburg (ticker : SGL), ainsi que sur la Bourse de Francfort (ticker : OSG). Lundi soir, les cours s’établissaient à 4 USD pour SBGL (équivalent de quatre actions, donc), 10,32 ZAR pour SGL et 0,74 EUR pour OSG. Que votre banque vous ait facturé 25% de précompte mobilier sur la valeur des actions Sibanye au moment de la scission de Gold Fields n’est pas logique à nos yeux. Informations prises, le fisc interprète de telles scissions de sociétés étrangères comme un versement de dividendes. C’est pour cette raison que 25% de précompte mobilier ont été perçus. Pour ce qui nous concerne, il s’agit d’une position contestable. Le problème concernant cette interprétation (unilatérale) du fisc est qu’il n’existe à notre connaissance aucune jurisprudence en la matière. Il serait sans doute utile qu’un investisseur ose franchir le pas, éventuellement avec l’aide d’une organisation comme Deminor ou la VFB.
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