Taxe sur la spéculation: mesure contreproductive
Quelles sont les conséquences (négatives) de l’instauration d’une taxe sur la spéculation par le gouvernement Michel ?
A nos yeux, l’instauration de la taxe sur la spéculation est une manoeuvre très regrettable, qui n’est de surcroît absolument pas judicieuse. A partir de l’an prochain, les plus-values réalisées sur des actions cotées en Bourse dans les six mois à compter de leur acquisition seront taxées à 33% (!). Et de manière assez incompréhensible, les moins-values ne pourront pas être déduites des plus-values. Pour autant que nous le sachions, un cas unique dans le monde, sans doute juridiquement contestable. Le taux de 33% est bien entendu très élevé : nous nous attendions au maximum au taux du précompte mobilier, qui est d’ailleurs relevé de manière anticipée – à partir du 1erjanvier 2016 au lieu du 1erjanvier 2007 – de 25% à 27%. Que la mesure ne s’applique qu’aux investisseurs particuliers, et non aux fonds de placement, constitue une grossière discrimination. La mesure devrait prendre effet à partir du 1erjanvier 2016, mais on ne sait encore ni comment la plus-value sera calculée en cas d’achat étalé, ni si, et le cas échéant comment les positions existantes le 1erjanvier 2016 seront prises en compte, ni qui assurera les formalités administratives, etc. Le gouvernement table sur 34 millions EUR de nouvelles recettes, ce qui est plutôt maigre pour une mesure grave qui aura une influence importante sur le comportement des investisseurs sans pour autant faire taire les critiques syndicales sur le manque de contribution des plus fortunés. Une conséquence prévisible de la mesure, qui de plus risque d’être encore étendue à terme, est une diminution du nombre de transactions, et par conséquent de la liquidité. Une mauvaise nouvelle donc, surtout pour les plus petites valeurs boursières, qui va sans doute mener à de nouvelles sorties de la Bourse et réduire le paysage boursier à la portion congrue. En outre, le nombre d’introductions en Bourse va sans doute diminuer. Alors que les vrais produits spéculatifs, comme les options, turbos et autres futures, échappent à la taxe. Le gouvernement prend une mesure très contreproductive, qui rapportera encore moins qu’espéré, et qui de plus est assortie d’un coût économique assez lourd. L’investisseur particulier est en fait poussé vers l’étranger, alors que les quelque 260 milliards EUR qui dorment sur les comptes d’épargne fiscalement avantagés restent à l’abri. Très décevant !
L’action de Yahoo a beaucoup baissé ces derniers mois. Confirmez-vous toujours le conseil de vente ?
L’action de l’entreprise Internet Yahoo évolue grosso modo dans le sillage de celle de l’entreprise chinoise Alibaba. En cause : la participation toujours significative de 15,4% (383,6 millions d’actions) détenue par Yahoo dans Alibaba, soit une valeur de 26,4 milliards USD sur la base du cours actuel (68,7 USD), pour une capitalisation boursière totale de 30,6 milliards USD. Le repli de Yahoo ces derniers mois est dès lors étroitement lié aux doutes croissants concernant l’économie chinoise, qui ont lourdement pesé sur l’action Alibaba. Alibaba est une action de croissance à la valorisation élevée. Elle est par conséquent très vulnérable à toute mauvaise nouvelle, même si elle restait plutôt chère après la baisse de 43% depuis le sommet à 120 USD en novembre 2014, avec un rapport valeur d’entreprise (EV)/cash-flow opérationnel (EBITDA) attendu pour 2016 de 20,2 (date de clôture : 3 mars 2016) et avec un rapport cours/bénéfice de 26,5. En janvier 2015, Yahoo a annoncé le transfert de sa participation résiduelle dans Alibaba, ainsi que de quelques activités de moindre envergure (” Yahoo! Small Business “), dans une société cotée en Bourse séparément – Aabaco Holdings Inc. L’intention initiale était que cette scission soit exonérée d’impôt – et d’éviter ainsi 35% d’impôts sur l’énorme plus-value – mais compte tenu de la position initiale prise par l’administration fiscale américaine, il est peu probable que ce soit le cas. Yahoo a cependant décidé de poursuivre son projet et créera Aabaco Holdings Inc au 4e trimestre. Le holding sera coté sur le Nasdaq. Le problème reste qu’il est fort probable que le fisc belge prélève un précompte mobilier de 25% sur la participation scindée. Le coeur d’activité de Yahoo et la participation de 35,5% dans Yahoo Japan (valeur : 5,2 milliards USD) resteront dans ” l’ancienne ” Yahoo, qui est à peine rentable malgré les nombreux investissements de sa directrice Marissa Mayer. Au 1er semestre, le chiffre d’affaires (CA) avait certes progressé de 11,4% à 2,48 milliards USD, mais le groupe a essuyé une perte opérationnelle de 175 millions USD – contre un bénéfice opérationnel de 41,6 millions USD l’an dernier – et une perte nette de 0,4 million USD – bénéfice net de 581,3 millions USD l’an dernier. Compte tenu de la participation stable dans Yahoo Japan et de la position de trésorerie nette de 5,8 milliards USD, nous relevons la note de Yahoo à conserver (2B).
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