Socfinasia dans l’ombre de ses concurrentes
La rédaction répond à la question d’un abonné: “L’action Socfinasia ne décolle pas malgré l’envolée du cours de l’huile de palme et le dividende élevé. Pourquoi?”
Socfinasia est une entreprise de plantations active au Cambodge et en Indonésie qui appartient au groupe Socfin, aux mains de l’actionnaire familial Hubert Fabri (57,79% du flottant) et du Français Vincent Bolloré (22,26%). Fin 2020, le groupe possédait 14.135 hectares (ha) de plantations de caoutchouc, avec une répartition sensiblement égale entre les deux pays, et 38.727 ha de palmiers à huile en Indonésie.
En 2020, les ventes de caoutchouc atteignaient 18,1 millions d’euros, celles d’huile de palme, 104,5 millions. La superficie plantée et la production sont à peu près stables depuis des années; aucune hausse n’est attendue sur la décennie car fin 2020, près de la moitié des palmiers productifs avaient plus de 18 ans. La replantation devra donc s’intensifier; vu son endettement limité (17,3 millions d’euros fin 2020), le groupe dispose d’une marge suffisante pour ce faire.
Depuis 2016, le dividende a baissé de 1 à 0,8 euro par action, soit un rendement brut de non moins de 5,83%. La quasi-totalité du bénéfice net a été distribuée en 2019 et en 2020. La cotation à Luxembourg est préjudiciable: l’action présente une liquidité très faible et n’est suivie par aucun analyste. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’elle sous-performe systématiquement ses concurrents Sipef, MP Evans ou encore, Anglo-Eastern Plantations. Elle a également souffert du nouveau régime fiscal très défavorable sur les exportations d’huile de palme brute mis en place en décembre en Indonésie. Sauf évènement imprévu, aucune évolution n’est à attendre dans l’immédiat.
Les positions existantes peuvent être conservées (2B) ou éventuellement, échangées contre des actions Sipef (rating: 1B). Les 71.170 ha de plantations d’huile de palme de Sipef (dont près de 20% en Papouasie-Nouvelle-Guinée) sont nettement plus jeunes; avec les expansions prévues, la production devrait quasiment doubler entre 2019 et 2030. Sipef s’échange à 0,87 fois la valeur comptable, contre 1,1 fois pour Socfinasia. La valeur d’entreprise par ha planté, légèrement plus élevée (environ 9.900 dollars, contre 7.310 dollars pour Socfinaf), n’est pas un frein, d’autant que le groupe est plus avancé en matière de soutenabilité, un facteur toujours plus valorisé.
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