Remontée amorcée pour les mines d’argent
Certains achats seront clairement spéculatifs. Mais les opportunités, dans les mines d’argent, ne manquent pas.
La crise sanitaire a frappé beaucoup plus durement l’argent que l’or. Le prix de l’argent est tombé à moins de 12 dollars l’once troy, son niveau le plus bas depuis 2009. Le rapport or/argent a atteint le chiffre historique de 127. Aujourd’hui, moins de trois mois plus tard, l’argent a rebondi de plus de moitié et le ratio est tombé à 96, ce qui reste toutefois bien supérieur à la moyenne des cinq dernières années. Il est temps d’actualiser l’analyse proposée en début d’année.
Hecla Mining: pas plus de 25% d’argent
Le confinement n’aura que modérément pesé sur les activités de Hecla Mining (ticker: HL US), dont les prévisions annuelles n’en sont pas moins revues (légèrement) à la baisse. La part de l’argent dans le chiffre d’affaires du groupe est de 25% seulement; l’or représente 60% des ventes, le zinc et le plomb, 11% et 4%. Casa Berardi (or, au Québec) et San Sebastian (or et argent, au Mexique) sont à nouveau quasi totalement opérationnelles. Les répercussions du confinement s’étalent sur les premier et deuxième trimestres. Tout cela n’a pas empêché la production d’argent de progresser de 2% sur une base annuelle, à près de 3 millions d’onces troy, alors que la production d’or cédait 5%, à 57.000 onces troy. Le prix moyen de l’once troy d’argent vendue au premier trimestre s’est établi à 14,48 dollars, contre 16,94 dollars sur le marché – les ventes se sont malheureusement principalement concentrées sur la seconde moitié du mois de mars, là où le prix avait atteint un plancher. La production prévisionnelle d’argent a été réduite de 200.000 onces troy, à 10,9-11,9 millions d’onces; la production d’or devrait céder 10%, à 195.000-208.000 onces. Hecla Mining s’est accordé une bouffée d’oxygène, en puisant 210 millions de dollars sur sa ligne de crédit. L’emprunt obligataire de 506 millions de dollars qui aurait dû arriver à échéance l’an prochain a été remplacé par un autre, d’un montant de 475 millions de dollars, qui court jusqu’en 2028. Le groupe, dont la valorisation est faible, bénéficiera de l’amélioration des perspectives pour l’or et l’argent. Nous recommandons d’acheter, même s’il ne s’agit pas là de notre producteur préféré.
Coeur Mining: plongeon en mars
L’action de Coeur Mining (CDE US), qui cotait à plus de huit dollars en début d’année, est tombée sous les deux dollars en mars. Sur les cinq mines opérationnelles du groupe, les trois situées sur le sol américain (Kensington, Wharf et Nevada) n’ont jamais fermé. Le gouvernement mexicain a en revanche contraint Palmarejo à cesser toute activité pendant la majeure partie des mois d’avril et de mai. Au Canada, Silvertip a fermé dès la fin février (production d’argent: -42%), sans lien toutefois avec la situation sanitaire – elle n’était, en raison de la forte baisse des prix du plomb et du zinc, plus rentable. Coeur Mining a donc acté une dépréciation de 251 millions de dollars. A 85.000 onces troy d’or et 2,7 millions d’onces troy d’argent, la production sur une base annuelle est restée pratiquement inchangée au premier trimestre. A Palmarejo, la production d’or a bondi de 36%, celle d’argent, de 44%. Rochester (Nevada, -28%) a, elle, déçu. Des travaux d’extension y seront entamés dès cette année.
Dans l’ensemble, les activités minières sont légèrement déficitaires, ce qui, compte tenu de la hausse des prix au premier trimestre, est plutôt décevant. Le principal problème est la dilution de l’actionnariat: Coeur Mining a l’intention d’émettre pour 100 millions de dollars d’actions pour alléger son endettement, ce qui, au cours actuel, représente plus de 18 millions d’actions supplémentaires, soit plus de 260 millions de titres au total (+30% en un an). Le nombre d’actions en circulation a triplé ces 10 dernières années, au détriment du bénéfice par action. Le groupe a achevé le premier trimestre sur un endettement net de 290 millions de dollars. Il s’est doté d’un programme de couverture destiné à le préserver des fluctuations des prix de l’or et des devises (153.000 onces troy vendues pour cette année entre 1.447 et 1.826 dollars; 99.000 onces d’ores et déjà négociées pour 2021). Nous ne sommes pas particulièrement partisans de tels programmes. Coeur Mining profitera de toute nouvelle remontée du prix de l’argent mais vu les incertitudes qui règnent, nous ne paierions pas plus d’une fois et demie la valeur comptable, soit 4,5 dollars.
Hochschild Mining: potentiel dans l’exploration
Les actifs opérationnels de Hochschild Mining (HOC LN) consistent en deux mines, Immaculada et Pallancata, sises au Pérou, une participation de 51% dans San José, en Argentine, et le droit d’acquérir 60% du projet canadien Snip. Les mines péruviennes ont été fermées de la mi-mars à la fin mai, San José a redémarré dès avril. Les trois sites ont produit 8,1 millions d’onces troy d’équivalent argent au premier trimestre. La direction avait misé sur 36 millions d’onces pour 2020, pour un coût compris entre 12,1 et 12,5 dollars la livre; ces prévisions sont évidemment annulées. Nous estimons les répercussions du confinement à quelque 6 millions d’onces d’équivalent argent. Malgré un bilan sain (178 millions de dollars de liquidités, pour un endettement net qui ne dépasse pas 36 millions de dollars), Hochschild ne paiera pas le dividende final (12 millions de dollars). Avec son projet chilien BioLantanidos, consacré aux terres rares, le groupe espère pouvoir extraire les éléments très recherchés que sont le terbium, le dysprosium, le néodyme et le praséodyme. Au Chili toujours, le projet aurifère Volcan, avec ses neuf millions d’onces troy de réserves (minerais toutefois pauvres en or), reste un joker. Hochschild a pour lui une position financière enviable, un potentiel d’exploration certain et une faible valorisation par rapport à la concurrence. Toute correction sera une opportunité d’achat.
Fortuna Silver Mines: financièrement sain
Fortuna Silver Mines (FSM US) a achevé le premier trimestre sur une production de 2,6 millions d’onces troy d’équivalent argent, en baisse de 15% en un an, et sur des positions de change qui ont obéré de 2,2 millions de dollars son résultat net. Fermée en avril et mai, San José, au Mexique, a désormais retrouvé sa vitesse de croisière. Au deuxième trimestre, la production viendra principalement de Caylloma, au Pérou. Le chantier du projet aurifère de Lindero a repris le mois passé. Avec 88,5 millions de dollars en caisse, le groupe n’a pas de soucis financiers. Il a émis en mai 23 millions d’actions, au prix de 3 dollars l’unité, ce qui lui a permis de récolter 69 millions de dollars. Fortuna Silver peut être acheté à titre spéculatif.
Endeavour Silver: profil de risque accentué
Endeavour Silver (EXK US) a déjà essuyé plusieurs revers cette année. Ses trois mines d’or et d’argent opérationnelles sont situées au Mexique, dont les autorités ont imposé une fermeture de près de deux mois. La production n’a toutefois cédé que 16%, à 1,5 million d’onces troy d’équivalent argent, au premier trimestre. Les nouvelles relatives au projet d’exploration Terronera sont décevantes: l’étude de faisabilité est revenue sur un certain nombre de prévisions. L’augmentation de capital de 23 millions de dollars pratiquée le mois dernier est une bouffée d’oxygène pour le groupe, dont le profil de risque s’est encore accentué. Acheter à titre spéculatif uniquement.
Stratégie
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