Danny Reweghs
Quatre enseignements à tirer du premier semestre
Il faut bien sûr voir dans ce premier semestre en forme de montagnes russes le résultat de l’apparition d’un cygne noir. Le confinement a provoqué une récession mondiale qui durera de plusieurs semaines à quelques mois, et plongera de nombreux pays dans la crise la plus profonde de ces dernières décennies.
Même l’investisseur le plus expérimenté n’a jamais connu de période aussi folle. Le premier trimestre de 2020 fut l’un des plus noirs de l’histoire des marchés boursiers, le deuxième, l’un des plus extraordinaires. Pour l’indice Standard & Poor’s 500, il s’agit même du meilleur trimestre en plus de 50 ans; à son point le plus bas, le 23 mars, il affichait 30,3% de moins qu’en début d’année, contre -4% seulement au seuil du second semestre, soit une récupération quasi totale. Un phénomène rare en Bourse.
Il faut bien sûr voir dans tout cela le résultat de l’apparition du cygne noir qu’est le Covid-19. Le confinement a provoqué une récession mondiale qui durera de plusieurs semaines à quelques mois, et qui plongera de nombreux pays dans la crise la plus profonde de ces dernières décennies.
Folle croissance
Plusieurs conclusions peuvent être tirées de cette évolution en forme de montagnes russes:
– Les banques centrales jouent un rôle prépondérant: la spectaculaire reprise des marchés au deuxième trimestre ne saurait être dissociée des injections de liquidités par les banquiers centraux qui, contrairement à ce qui s’était passé lors de la crise bancaire, sont intervenus rapidement et massivement. Ce qui a non seulement redonné confiance aux investisseurs, mais aussi fourni aux marchés suffisamment de liquidités pour soutenir les cours.
– L’extrême volatilité devient une donnée permanente. L’investisseur doit partir du principe que les marchés sont de plus en plus volatils. Qu’un événement totalement imprévu provoque des mouvements délirants est plutôt normal, mais le phénomène est amplifié par l’essor des investissements algorithmiques et du trading informatique, dans le cadre de quoi des ordres d’achat et de vente se déclenchent dès que certains niveaux de résistance et de soutien sont rompus. Cette tendance se confirmera et gagnera en importance ces prochaines années.
– Les résultats des entreprises intéressent de moins en moins: les chiffres des entreprises ne permettent plus d’anticiper les mouvements des marchés boursiers – tout au plus expriment-ils l’orientation des cours des actions individuelles. La Bourse et l’économie sont toujours plus décorrélées, ce dont nous avons eu la confirmation au premier semestre encore.
– Les tendances se renforcent: la tendance qu’a depuis quelques années l’investisseur à préférer les valeurs de croissance aux actions de valeur est non pas infirmée, mais confirmée, par la crise. C’est peut-être la conclusion la plus importante à tirer de la période qui vient de s’écouler. Les géants de la technologie n’ont jamais tant dominé le marché que ces derniers mois. Alors que le Dow Jones et le S&P 500 ont chuté de 11% et 4% respectivement en six mois, le Nasdaq Composite (large) et le Nasdaq 100 (plus sélectif) s’envolaient de 11% et 16%. Pour la simple raison que des colosses comme Amazon ont signé des hausses allant jusqu’à 40%, et progressé de 23% en moyenne.
Stratégie
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