Plancher en vue ?
Au début de cette semaine, le contrat à terme sur le sucre venant à échéance en mai se négociait à moins de 15 centimes de dollars la livre. Il y a trois ans, il était encore plus de deux fois plus cher (36 centimes). Le sucre semble sur le point de retomber au niveau plancher du printemps 2010.
Le cours du sucre a fluctué entre 16 et 18 centimes pendant la plus grande partie de l’année 2013. Seule exception : un brusque rebond à l’automne, lorsqu’un grave incendie dans plusieurs entrepôts de sucre du port brésilien de Santos a incité certains acteurs à spéculer sur une perturbation de l’approvisionnement. Finalement, l’incendie s’est avéré un non-événement pour l’industrie du sucre. Il semblait donc que le sucre avait atteint un plancher – toutes les mauvaises nouvelles étaient déjà intégrées dans le cours. Mais l’espoir de tous les investisseurs qui détenaient une position acheteuse s’est avéré vain. Le prix du sucre a continué à baisser ces dernières semaines, et d’un point de vue technique, le graphique du cours est très peu engageant.
Surproduction chronique
Fondamentalement, le marché mondial du sucre est caractérisé par une suroffre chronique. Selon l’International Sugar Organisation (ISO), 2014 sera la 4e année d’affilée à se solder par un surplus. L’excédent attendu de 4 millions de tonnes est certes inférieur à celui de l’an dernier (près de 10 millions de tonnes), mais il va encore accroître les réserves.
Le Brésil est le premier producteur de sucre au monde, avec une part de 20 à 25% dans la production mondiale. La récolte de sucre est terminée, mais le pays a encore beaucoup d’invendus à écouler. C’est également le cas de la Thaïlande, qui vient de réaliser une très bonne récolte et veut la vendre le plus rapidement possible. La Thaïlande sent en effet le souffle chaud de l’Inde dans sa nuque ; la récente baisse du cours peut en grande partie être imputée à l’évolution de la situation sur le sous-continent, 2e producteur mondial de sucre.
Sous la pression de l’International Sugar Mills Association, l’organisation syndicale des transformateurs de sucre, le gouvernement indien envisage d’accorder des aides à l’exportation. En Inde, les transformateurs doivent payer un prix minimum obligatoire aux cultivateurs. Ce prix est aujourd’hui supérieur au cours du sucre sur les marchés internationaux. De ce fait, il leur est impossible d’exporter. Mais avec les élections en vue, le gouvernement indien actuel ne veut pas s’attirer les foudres d’une industrie sucrière très importante pour le pays. Les aides à l’exportation pourraient accroître les exportations indiennes de sucre de 4 millions de tonnes. Au moins une partie de celles-ci sera vendue sur un marché déjà saturé, ce qui va encore accroître la pression sur les cours à court terme. Il y a donc de fortes chances que le surplus soit nettement supérieur à l’estimation de l’ISO.
Consommation croissante
Jusqu’où le sucre peut-il baisser ? Un premier plancher naturel devrait correspondre au coût de production, même si les subventions pourraient troubler cette évolution naturelle – ce qui est d’ailleurs déjà le cas. Quoi qu’il en soit, une grande partie des fournisseurs opèrent à peine au break-even, lorsqu’ils ne vendent pas à perte. Et chez ceux qui gagnent encore de l’argent, les marges ne doivent pas être particulièrement élevées. On spécule dès lors sur le fait que de nombreux cultivateurs, au Brésil en particulier, envisagent peu à peu de passer à d’autres cultures.
Heureusement, il y a de bonnes nouvelles du côté de la demande. L’ISO voit la consommation mondiale de sucre augmenter de 2,4%. D’ici à 2016, elle devrait s’établir à environ 187 millions de tonnes. Si la croissance de la production ralentit, le marché se rapprochera alors de l’équilibre. Le salut pourrait aussi provenir de l’éthanol (biocarburant). Au Brésil, une partie du sucre brut est transformée en sucre raffiné, et une autre partie en éthanol. La répartition dépend des prix, des incitants fiscaux et de l’évolution des cours de change. Le faible prix du sucre, combiné au prix élevé du pétrole sur le marché local à la suite de la dépréciation du réal brésilien, pourrait inciter les Brésiliens à transformer davantage de sucre brut en éthanol. Vu l’ampleur de la production brésilienne (plus de 40 millions de tonnes), tout glissement en ce sens aurait rapidement un impact sur l’équilibre du marché.
Pas de levier agressif
La situation fondamentale de l’offre et de la demande laisse peu de marge à une hausse des prix à court terme. Cependant, un rebond n’est pas à exclure car de très nombreuses parties au marché sont actuellement short sur le sucre. Le moindre événement inattendu, comme l’incendie de l’automne dernier, peut déclencher une réaction explosive. Et quoi qu’il en soit, les niveaux de cours actuels ne sont pas tenables à un peu plus long terme.
Ceux qui veulent déjà investir dans des produits à levier sur le sucre ont intérêt à conserver une certaine marge de sécurité, en évitant les leviers trop agressifs.
RBS Markets propose six turbos longs ayant le sucre (contrat à terme mars) comme valeur sous-jacente sur Euronext. Les barrières désactivantes varient entre 1,91 et 14,42. ABN Amro Markets en propose deux.
Sugar Future Turbo Long
Code ISIN: NL0009717750
Devise: EUR
Niveau de financement: 0,1137
Cours de référence: 0,15
Barrière désactivante: 0,12
Levier: 4,21
Cours: 2,59
Ce turbo est émis par ABN Amro Markets. L’écart entre le prix actuel du sucre et la barrière désactivante se monte à 25%
Sugar Future Turbo Long
Code ISIN: NL0009533124
Devise: EUR
Niveau de financement: 9,375
Cours de référence: 14,9
Barrière désactivante: 10,12
Levier: 2,67
Cours: 4,03
Ce turbo de RBS Markets présente un risque encore plus réduit avec un écart de 47% entre la barrière désactivante et le cours de référence. Mais il faut se contenter d’un levier moindre.
Dérivés
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