Picanol / Tessenderlo Group et Alstom
J’ai des actions Tessenderlo et Picanol. Après l’apport des activités de Picanol dans Picanol Tessenderlo Group, n’est-il pas indiqué de vendre une des deux positions ? Et si oui, laquelle ?
Pour l’instant, nous attendrions. L’apport des activités industrielles de Picanol dans le nouveau groupe industriel belge Picanol Tessenderlo Group doit encore être approuvé par les actionnaires des entreprises. Bien sûr, ce sera une formalité chez Picanol vu la participation de 89,1% détenue par Luc Tack. L’approbation sera cependant moins évidente chez Tessenderlo, puisque certains actionnaires ne sont pas satisfaits de la valorisation élevée _ 811 millions EUR ou 45,85 EUR par action Picanol _ attribuée aux activités Picanol. Les activités de Tessenderlo sont valorisées à 31,5 EUR par action Tessenderlo (1,36 milliard EUR; prime de 17,5% par rapport au cours au moment de l’annonce, qui s’est entretemps accrue à 26%). Nous pensons cependant que la raison l’emportera et que la transaction sera votée. Le nouveau groupe sera libre d’affecter les cash-flows attrayants des activités Picanol sur l’ensemble de ses activités, et l’augmentation de la liquidité rendra l’action plus attrayante pour les grands investisseurs. Après l’approbation de la transaction, il s’agira de voir si Picanobel, le nouveau nom de Picanol, se transformera en un monoholding familial traditionnel. Un tel holding s’échange habituellement moyennant une décote de 25%, comme pour KBC Ancora (KBC; décote actuelle de 26,8%) ou Solvac (Solvay; 29,6%). Dans le cas de Tubize (UCB), la décote atteint même 44%. Dans ce scénario, une augmentation de la décote sur la valeur intrinsèque _ actuellement 23% sur la base de 45,15 EUR par action Picanol et 25,20 EUR par action Tessenderlo, compte tenu des 50 millions EUR de liquidités _ paraît inévitable. Mais on peut également imaginer un autre scénario, dans lequel les 50 millions EUR de liquidités, qui seront complétés à terme par les revenus des dividendes de Tessenderlo, sont affectés à la prise d’une nouvelle participation dans une autre entreprise. Et vu la passion et l’esprit d’entreprise de Luc Tack, cette hypothèse nous semble plus vraisemblable. Une autre option est que Picanobel ne verse qu’un dividende très réduit, et affecte plutôt les liquidités à un rachat d’actions propres, ce qui donnerait plus de poids à un scénario de sortie de la Bourse. Dans les deux derniers cas de figure, une décote de plus de 25% constituerait bien entendu une opportunité d’achat. Nous allons en tout cas tenir à l’oeil l’affectation des 50 millions EUR de liquidités de Picanobel. Nous confirmons le conseil d’achat à la fois pour Picanol et Tessenderlo Group (1B).
À mon grand étonnement, j’ai appris que je devrai payer 27% de précompte mobilier si je souscris au programme de rachat d’actions d’Alstom. Est-ce vrai, et comment sera-t-il calculé ?
Après avoir vendu sa division Énergie au groupe américain General Electric pour 12,3 milliards EUR fin 2015, l’entreprise française Alstom a décidé de procéder à une réduction de capital via un rachat unique de 91,5 millions d’actions (29,46% du nombre d’actions en circulation) à 35 EUR par action. Les actionnaires existants peuvent souscrire à cette offre jusqu’au 20 janvier 2016. Au cours actuel de 27,9 EUR, la proposition semble alléchante, mais le problème est que le rachat s’inscrit dans le cadre d’une réduction de capital. Suivant la législation belge, l’écart entre le prix proposé (35 EUR) et la valeur par action du capital libéré (7 EUR) sera par conséquent soumis à un précompte mobilier (PM). Concrètement, vous paierez 27% de PM sur 28 EUR (35 EUR moins 7 EUR), soit 7,56 EUR par action. Par hasard, il s’avère que le produit net de 27,44 EUR correspond au cours actuel. Le capital libéré, la part du capital provenant des apports effectifs, en espèces ou en nature, faits à la constitution de la société ou par la suite, est une donnée extrêmement opaque, mais aussi totalement dénuée de pertinence pour un investisseur dans une entreprise cotée en Bourse. Hormis dans ce type de situation donc, qui rappelle la question du PM régulièrement soulevée lors des divisions d’actions. Une interprétation radicale de la législation que le fisc a également imposée lors de la scission de Hewlett Packard. Une requête en urgence adressée en septembre 2014 _ à la suite de la scission d’Aker Solutions _ par la fédération flamande des investisseurs (VFB) au ministre des Finances Johan Van Overtveldt demandant la suppression du PM sur les cessions d’actions est restée lettre morte. Dans des situations comparables, nous ne pouvons malheureusement que conseiller de vendre les actions, pour éventuellement les racheter après la transaction. Dans la mesure où le cours actuel d’Alstom est supérieur au produit net de l’offre, vous pouvez envisager de ne pas accepter la proposition et d’attendre que l’action retrouve le côté supérieur de la fourchette de cours (25 à 30 EUR) dans laquelle elle navigue ces deux dernières années.
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