Onze minières aurifères classées selon leur risque
Le profil de risque des actions de minières aurifères est indépendant de la production ou de la taille de ces sociétés. Un nombre croissant de paramètres entrent en ligne de compte dans l’établissement de ce profil. Nous nous sommes prêtés à l’exercice. Voici 11 actions du secteur, des moins risquées aux plus risquées.
Il existe une grande diversité de sociétés minières aurifères. Classifions-les d’abord au sein d’une pyramide en fonction de leur production annuelle. Au sommet se trouve un groupe relativement restreint de ” majors “, qui produisent plus d’un million d’onces par an. Ces dernières années, celles-ci oeuvrent moins à la croissance de leurs volumes qu’au maintien à niveau de leurs réserves. Un niveau en dessous, les groupes miniers produisant annuellement entre 200.000 onces et un million d’onces troy d’or sont bien plus nombreux que les majors. Peinant pour la plupart à connaître une croissance organique, ils lorgnent un sommet souvent inaccessible. Dans le secteur, on n’aime plus croître par le biais d’acquisitions. Un cran plus bas, on a les mines affichant une production annuelle de moins de 200.000 onces troy, généralement considérées comme des ” juniors “. Au pied de la pyramide, enfin, on trouve les sociétés d’exploration, qui sont titulaires de concessions minières et n’ont (encore) aucun actif opérationnel.
La plupart des sociétés minières aurifères peinent à connaître une croissance organique.
Le profil de risque des minières aurifères est à dissocier de ces catégories. S’il est évident que des problèmes techniques auront des répercussions plus importantes au sein d’une entreprise ne gérant qu’une mine opérationnelle, force est de constater que de plus en plus de paramètres, qu’il est souvent peine perdue pour les dirigeants d’entreprise de tenter de contrôler, influent sur les résultats des juniors comme des majors, comme la structure des coûts, le niveau d’endettement, l’historique des problèmes opérationnels, la situation géopolitique et la valorisation. Sur la base de l’ensemble de ces éléments, nous avons estimé le profil de risque des 11 sociétés minières suivantes.
Risque faible
• Newmont Mining obtient un score acceptable pour la plupart des paramètres de risque. Du point de vue de la production, l’entreprise américaine est le deuxième acteur au monde. Newmont vise la croissance organique dans les prochaines années. Elle dispose d’un joli portefeuille de projets évoluant conformément aux attentes. Ceux-ci contribueront à accroître la production au cours des années à venir, et à alléger les coûts. En vendant une mine en Indonésie récemment, Newmont a réduit les risques opérationnels et géopolitiques. Ses dettes sont sous contrôle, son cash-flow libre est en hausse, et elle verse un dividende associé à présent au cours de l’or. Malgré ces atouts, la valorisation du titre reste acceptable.
• Agnico-Eagle Mines (AEM) a produit 1,66 million d’onces troy d’or en 2016 à un coût parmi les plus faibles du secteur. AEM mérite également une bonne note concernant le risque géopolitique, car la quasi-totalité de ses mines sont situées dans des régions stables sur les plans politique et économique. La direction a récemment relevé les prévisions de production. En 2020, celle-ci doit s’accroître d’un cinquième par rapport à l’an dernier. Comme Newmont, AEM mise sur la croissance organique. Plusieurs projets évoluent conformément aux prévisions. AEM est cependant cher : le cours du titre affiche une prime par rapport à la moyenne du secteur. Compte tenu des investissements d’AEM dans de nouveaux projets, le cash-flow libre sera négatif au terme de l’exercice. Les dettes sont cependant sous contrôle.
Risque moyen
• Kinross Gold a pu résoudre la plupart de ses problèmes de natures opérationnelle et financière, ce qui lui a valu une hausse de son cours supérieure à la moyenne. Il a allégé considérablement ses dettes et gère un pipeline bien garni. Celui-ci doit du reste contribuer à accroître la production et abaisser le coût de production moyen. Kinross entend financer ses nouveaux projets avec son cash-flow. Il le pourra lorsque le cours de l’or augmentera.
• Barrick Gold est le plus grand producteur aurifère au monde s’agissant du volume. Il compte produire entre 5,3 et 5,6 millions d’onces troy cette année. L’accroissement de la production n’est plus sa priorité absolue. Désormais, le groupe doit se concentrer sur l’allègement de ses dettes. De plus de 13 milliards de dollars il y a trois ans, elles passeront d’ici la fin de l’année à environ la moitié. Confronté à plusieurs problèmes opérationnels et juridiques, Barrick voit son cours reculer. La production ne renouera avec la croissance qu’à partir de 2019 ou 2020. La structure de ses coûts est l’une des plus faibles du secteur.
• Goldcorp est le quatrième producteur aurifère mondial, avec 2,87 millions d’onces troy produites en 2016. Cette année, la société canadienne est restée en retrait du fait de plusieurs problèmes de nature opérationnelle. La croissance escomptée paraît dès lors compromise, bien que Goldcorp ait confirmé ses prévisions pour l’exercice en cours. Les réductions de coûts évoluant comme prévu, on peut supposer que le coût de production continuera de baisser. La dette nette, qui représente 1,6 fois le bénéfice opérationnel, est gérable. Sa faible valorisation est le grand atout de Goldcorp.
• Gold Fields s’est affranchi de ses origines sud-africaines, pour devenir un groupe aurifère international, à l’instar d’AngloGold. Il n’a conservé en Afrique que South Deep, dont ni la production ni les coûts ne peuvent être estimés. Le groupe a eu des problèmes de nature opérationnelle en début d’année, mais table sur un meilleur second semestre. Le cash-flow est positif et la dette a été ramenée à une fois le bénéfice opérationnel. À environ une fois la valeur comptable, l’action n’est pas chère.
Risque élevé
• IAMGold est un producteur de taille moyenne (813.000 onces troy produites l’an dernier). Le groupe gère quatre mines opérationnelles réparties en Afrique de l’Ouest, Amérique du Nord et du Sud. Sa structure de coûts élevée est son talon d’Achille. L’incertitude politique et sociale est également supérieure à la moyenne. D’ici 2020, IAMGold espère relever d’un quart sa production. Cette année, IAMGold est l’une des actions de mines aurifères les plus performantes, avec une hausse de 75%. Le groupe est également financièrement sain ; sa position liquide est positive. Et pourtant, à 1,1 fois la valeur comptable, IAMGold n’est toujours pas chère.
• Harmony est l’un des rares producteurs actifs en Afrique du Sud. L’an dernier, sa production a totalisé 1,09 million d’onces troy, mais à 1200 dollars l’once, son coût de production total compte parmi les plus élevés du secteur. Plus de 90 % de la production est réalisée sur son marché d’origine, fréquemment la scène de tensions politiques et sociales. Harmony est dès lors très sensible aux fluctuations du rand sud-africain (ZAR) face au dollar. Un ZAR faible lui est favorable car ses coûts sont exprimés en ZAR et ses revenus en dollar. Harmony a pu maintenir le bénéfice à niveau en couvrant la production à des prix de vente supérieurs au prix élevé actuel de l’or en ZAR. Ces accords courent jusqu’en 2019. Son faible endettement est cependant un élément positif.
• AngloGold Ashanti est toujours le troisième producteur aurifère au monde. Cette année, il prévoit de produire entre 3,6 et 3,75 millions d’onces troy. Actif en Afrique du Sud au départ, AngloGold est devenu un groupe international au cours de la décennie écoulée : 64 % de sa production ne provient pas de l’Afrique. Son rendement boursier médiocre résulte de l’évolution en demi-teinte de ses actifs sud-africains. Ceux-ci ont accru les coûts de production au niveau du groupe. Ces dernières années, AngloGold a allégé sa dette, mais celle-ci demeure élevée en chiffres absolus.
• Sibanye Gold est issu de la scission en 2013 de Gold Fields. Le groupe a diversifié ses activités, et est également actif dans le segment des métaux du groupe du platine (MGP ; platine, palladium et rhodium). Après son acquisition de l’Américain Stillwater Mining, Sibanye est devenu le quatrième producteur mondial de MGP, mais il demeure, vu sa production annuelle de 1,5 million d’onces troy d’or, un important producteur aurifère. Son achat de Stillwater a cependant alourdi sa position d’endettement, à 1,7 milliard de dollars, qu’il entend réduire ces prochaines années. Pour cette raison, le dividende a été écorné cette année.
• Yamana Gold (production annuelle : 1,3 million d’onces troy) n’est pas dans les grâces des investisseurs, après plusieurs années décevantes. La direction promet des réductions de coûts et une production accrue. La position d’endettement (2,5 fois le bénéfice opérationnel) est relativement élevée mais les cash-flows sont positifs. À 0,6 fois la valeur comptable, le titre n’est pas cher, mais le risque est aussi plus important.
Stratégie
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici