Nyrstar et Technip
J’enregistre aujourd’hui une perte latente de 30% sur ma position Nyrstar acquise début juillet. Pourquoi l’action ne cesse-t-elle de baisser ?
Au début de cette année, nous avions raison de penser que le marché prenait un acompte trop important sur l’amélioration des résultats de Nyrstar. En revanche, nous avons replacé trop tôt l’action sur notre liste des titres dignes d’achat début juillet – après pourtant un recul de 20% par rapport au pic de fin avril. La forte baisse enregistrée depuis trouve son origine dans l’effondrement inattendu du cours du zinc, retombé de 2000 USD la tonne à 1700 USD la tonne en quelques semaines. En avril, le métal s’échangeait encore à 2400 USD. Le principal responsable se trouve bien entendu en Asie : les doutes relatifs à la croissance économique chinoise ont ravivé la crainte de voir l’augmentation attendue de la demande de zinc – 27% sur la période 2014 à 2020 – ne jamais se réaliser. Pourtant, il n’y a fondamentalement aucune raison de penser que le cours du zinc restera longtemps au niveau actuel. La fermeture définitive de la mine de Century en Australie réduira l’offre mondiale de 5% en 2015, et le marché se dirige vers un déficit pour les deux prochaines années. Convaincue que le cours du zinc allait augmenter, la direction n’a d’ailleurs pas couvert Nyrstar contre une baisse des cours. Il était dès lors acquis que les résultats seraient décevants, d’autant que l’autre facteur favorable de l’an dernier – la forte hausse du dollar américain – est en train de disparaître. Les résultats semestriels de Nyrstar ont laissé une impression mitigée. Ils sont excellents dans la division Traitement des métaux, avec une production de zinc métal de 560.000 tonnes – du côté supérieur de la fourchette de prévisions – et une hausse des cash-flows opérationnels (EBITDA) de 69%, à 183 millions EUR. Par contre, la division minière voit son EBITDA baisser de 77%, à 6 millions EUR à peine. De plus, il a été décidé d’acter une dépréciation de quelque 40%, soit 418 millions EUR, sur la valeur comptable de la division. Le nouveau directeur Bill Scotting, un spécialiste de l’industrie minière qui était à la tête d’ArcelorMittal, aura donc la tâche difficile de ramener la division minière dans le vert dans un environnement de baisse des cours des matières premières. La reconversion de l’usine de transformation de zinc de Port Pirie (Australie) en une unité multimétaux de haute technologie contribuera au résultat à partir du 2e semestre 2016. Nous nous attendons à une forte volatilité à brève échéance, mais le niveau de cours actuel est très attrayant dans une perspective de plus long terme. Digne d’achat, mais risque supérieur à la moyenne (1C) !
J’ai acheté des actions Technip cette année. Depuis, elles ont perdu 25%. Un rétablissement est-il toujours possible ?
Technip compte toujours parmi ce qui se fait de mieux dans le secteur des services pétroliers, mais ces qualités ne l’immunisent pas pour autant contre l’évolution du cours du pétrole. Technip a atteint un sommet intermédiaire à 65,95 EUR en avril, notamment grâce à l’amorce de redressement du pétrole au printemps – en arrondissant, de 42 USD à 62 USD le baril (WTI; West Texas Intermediate). Mais sous l’influence d’une suroffre persistante, sans doute encore accrue par le retour de l’Iran sur le marché, et de la détérioration des perspectives économiques en Chine, l’or noir a repris sa glissade début juillet pour retomber à 39 USD aujourd’hui (-38% depuis avril), son plus bas niveau depuis 2009 ! L’action Technip a perdu un peu moins de terrain (-32%), et les résultats de cette entreprise active à l’échelle mondiale restent solides. Au 2e trimestre, le chiffre d’affaires (CA) du groupe a progressé de 18,5% par rapport au même trimestre en 2014, à 3,1 milliards EUR. Un gain qui se répartit à parts égales entre les divisions Offshore/Onshore (installation de plates-formes de forage en mer et activités essentiellement dans le GNL et les gaz de schiste) et Subsea (conduites flexibles). Le bénéfice opérationnel ajusté (EBIT) est en hausse de 17,2% à 282 millions EUR, soit une marge d’EBIT de 9,2% (conte 9,1%). Mais ici, le contraste est net entre Offshore/Onshore – marge de 3,4% (5,3%) – et Subsea – marge de 16,1% (15,3%). Au terme du 1er semestre, la marge d’EBITDA a progressé de 7,1% à 7,6%. Avec 18,8 milliards EUR, le carnet de commandes reste à niveau, même s’il s’est réduit de 2,2 milliards EUR depuis fin mars à la suite d’une nette diminution des nouvelles commandes au 2e trimestre : 1,5 million EUR contre 7,1 milliards EUR l’an dernier, 3 milliards EUR sur le 1er semestre contre 9,9 milliards EUR en 2014. Un présage clair d’une longue période de basse conjoncture pour l’industrie des services pétroliers qui a incité Technip à annoncer un nouveau plan de restructuration et la suppression de 6000 emplois (16% du total) début juillet. Le groupe prévoit pour 650 millions EUR de charges de restructuration, qui devraient lui permettre de réaliser 830 millions EUR d’économies structurelles à partir de 2017. Nous répétons qu’un horizon de plusieurs années est indiqué, mais vu les qualités de l’entreprise et la valorisation réduite – à 12 fois les bénéfices attendus en 2015 et un rapport valeur d’entreprise (EV)/cash-flow opérationnel (EBITDA) d’à peine 3,6, Technip reste digne d’achat (1B).
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