Nous nous délestons de nos titres Bolloré
La rédaction répond à la question d’un abonné: “J’avoue avoir pris peur lorsque j’ai lu que, soupçonné de corruption en Afrique, Vincent Bolloré avait été mis en garde à vue puis en examen. Est-il encore judicieux de conserver des actions Bolloré?”
Il va sans dire que les accusations de corruption en Afrique dont le directeur (CEO) de Bolloré fait l’objet et son arrestation ne nous ont pas rassurés non plus. La justice française enquête sur les conditions dans lesquelles le groupe a acquis les contrats de gestion des terminaux à conteneurs de Lomé (Togo) et Conakry (Guinée). Elle soupçonne que le groupe a obtenu les concessions après que sa filiale Havas a contribué à l’élection de personnes influentes en leur sous-facturant des conseils de communication lors de la campagne électorale. Vincent Bolloré nie avoir commis la moindre irrégularité, mais cela n’a manifestement pas convaincu les actionnaires, puisque le titre a cédé plus de 6%. Et l’action souffrira certainement encore, d’ici à ce que, dans quelques mois sans doute, toute la lumière soit faite sur cette affaire.
Vincent Bolloré est aujourd’hui âgé de 66 ans. Il avait pris les commandes de Bolloré en 1981. Le plus grand fait d’armes de l’homme d’affaires est le développement de Bolloré Logistics, et surtout de Bolloré Africa Logistics, le plus vaste réseau logistique d’Afrique. Ces dernières années cependant, la part de ces divisions dans les résultats de la société de portefeuille a décru très rapidement. Au sein du groupe, il y a également eu quelques changements importants. En 2017, l’entreprise de médias Vivendi a racheté la participation de 60% que détenait Bolloré dans Havas. Le tout à 9,43 euros par action, soit une transaction d’une valeur de 2,32 milliards d’euros (ou de 2,36 milliards d’euros si l’on inclut le versement du dividende). L’opération a été finalisée le 3 juillet. La consolidation complète de Vivendi, la même année, a eu une incidence énorme sur les résultats annuels du groupe.
Avant de partir à la retraite (en principe, le 17 février 2022, date qui marquera le bicentenaire du groupe), Vincent Bolloré veut réaliser un dernier tour de force: créer un géant français des médias, par l’entremise de Vivendi. Le groupe de médias français ne manque certainement pas de potentiel, mais les activités de Bolloré en Afrique étaient pour nous bien plus dignes d’intérêt.
Nous pensons avoir pris une position dans Bolloré au moment opportun, fin 2016, début 2017, lorsque l’action était proche de son plancher. Mais l’affaire en cours, et quelle qu’en soit l’issue, contrariera les actionnaires. Il est encore possible que le cours de l’action remonte un peu à court terme, si Universal Music Group (UMG), la filiale de Vivendi, est introduite en Bourse. Cependant, dans la mesure où nous avions déjà ramené notre recommandation à “conserver/attendre” (2B) avant les accusations de corruption et où, actuellement, les opportunités d’investissement ne manquent pas, nous allons progressivement alléger de ces titres le portefeuille modèle.
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