MP Evans et Schlumberger
L’action MP Evans est-elle toujours digne d’achat après la publication des résultats annuels ?
L’action du producteur britannique d’huile de palme MP Evans a longtemps résisté à l’effondrement du cours de l’huile de palme en 2014, mais a fini par céder après la révision à la baisse des perspectives de production pour 2014 (de 425.000 tonnes à 385.000 tonnes) et 2015 (de 500.000 tonnes à entre 450 et 460.000 tonnes). La production d’huile de palme en 2014 s’est finalement établie à 385.400 tonnes, en hausse de 12% par rapport à 2013. La sécheresse exceptionnelle du printemps 2014 a pesé sur la production de l’automne et du premier trimestre 2015 (-4%). Le cours moyen de l’huile de palme a baissé de 4% l’an dernier, à 821 USD la tonne, ce qui explique la croissance plus limitée de 10,7% du chiffre d’affaires (CA) à 90,9 millions USD. Le bénéfice net a progressé de 62% à 37,1 millions USD ou 0,61 USD par action, notamment grâce à un meilleur résultat de change (+5,9 millions USD) et à une réévaluation plus élevée des actifs biologiques (plantations, +6 millions USD) qu’en 2013. La superficie du groupe en Indonésie n’a augmenté que de 760 hectares (ha), à 24.100 hectares en 2014. En outre, le groupe dispose de 8000 ha (part propre) par le biais de participations minoritaires. La surface cultivée sera progressivement étendue au cours des années pour atteindre 9000 ha en 2022, ce qui devrait permettre de porter la production à 700.000 tonnes (+82%). Les actifs en Malaisie – participation de 40% dans Bertam properties et un terrain de plantations de 70 ha dans le Bertam Estate – seront progressivement vendus au cours de la décennie à venir. En 2014, cette division a enregistré un recul de la contribution au bénéfice du groupe de 4,4 millions USD à 2,9 millions USD. Les activités dans la viande en Australie constituent la troisième branche de l’entreprise. La hausse des prix de la viande au 2e semestre lui a finalement permis d’apporter une contribution positive : bénéfice net de 0,2 million USD pour Woodlands (31.000 ha dans le Queensland), contre une perte nette de 0,1 million USD en 2013, et un bénéfice net de 1,5 million USD provenant de la participation de 34,4% dans la North Australian Pastoral Company (NAPCo), contre une perte nette de 2,4 millions USD en 2013. Les négociations relatives à la cession de Woodlands sont toujours en cours, et à des conditions correctes, la participation dans NAPCo serait également à vendre. Le dividende brut a été relevé de 0,50 pence à 8,75 pence par action. Malgré un cours de l’huile de palme toujours très bas -actuellement 657 USD la tonne -, nous confirmons le relèvement de la note de début 2015 en raison du profil de croissance intéressant du groupe et de la valorisation attrayante à 0,9 fois la valeur comptable et 11,8 fois les bénéfices attendus pour 2015 (1B).
J’ai conservé mes actions Schlumberger. Pouvez-vous faire le point sur cette entreprise ?
L’an dernier, nous avons eu la chance de vendre notre position dans Schlumberger avec une plus-value de 40% juste avant le début de la chute du cours du pétrole, même si nous l’avions surtout fait en raison de l’augmentation de la valorisation. Bien que l’action du groupe franco-américain de services pétroliers ne soit évidemment pas immunisée contre la chute du cours de l’or noir, la correction est finalement restée acceptable. Il est vrai que l’entreprise a de nombreux atouts à faire valoir. En premier lieu son énorme expertise technologique qui lui permet de mener à bien des projets (de gaz de schiste) de plus en plus complexes. Schlumberger présente ainsi une exposition importante à l’industrie du gaz de schiste aux Etats-Unis. Or on y attend pour 2015 un recul de plus de 30% des investissements dans l’exploration et la production, contre -10% à -15% dans les autres continents. Un deuxième atout est une offre couvrant à peu près tous les services pétroliers, associée à une présence mondiale qui procure la diversification nécessaire des risques. Le groupe a ainsi réalisé 67% de son chiffre d’affaires (CA) en dehors de l’Amérique du Nord en 2014. Malgré ce fort vent contraire, le CA annuel a encore gagné 7%, à 48,6 milliards USD en 2014, surtout grâce à une croissance du CA de 16% en Amérique du Nord. Le bénéfice opérationnel (EBIT) a gagné 13% et la marge d’EBIT a progressé de 113 points de base, à 21,8%. Le bénéfice net par action a abandonné 15,5%, à 4,31 USD, mais le bénéfice sous-jacent a progressé de 17,3%, à 5,57 USD. Les prévisions pour cette année sont cependant nettement inférieures, avec un consensus de 38,1 milliards USD pour le CA (-21,6%) et de 3,49 USD pour le bénéfice par action (-37,4%). Au 1er trimestre, ces chiffres s’établissaient respectivement à 10,2 milliards USD (-9%) et 1,06 USD par action (-12%). Le directeur (CEO) Paal Kibsgaard s’attend à une pression constante sur les prix, mais est optimiste quant à la capacité du groupe à sortir renforcé de la crise – et avec une part de marché en hausse. Le dividende a été relevé de 25%, à 1,6 USD par action. Schlumberger est très actif dans le domaine des acquisitions et a offert 1,7 milliard USD pour une participation de 46% dans Eurasia Drilling Company, la plus grande entreprise de services pétroliers en Russie, en janvier dernier. Reste à savoir si les autorités russes vont donner leur feu vert. Nous trouvons que Schlumberger est une excellente entreprise, mais la valorisation pour le moins élevée – 26 fois le bénéfice attendu en 2015 et un rapport valeur d’entreprise (EV)/cash-flow opérationnel (EBITDA) de 12,2 – nous empêche d’en recommander l’achat. D’où la note ” conserver ” (2A).
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