Lumina Copper et Transocean
En tant qu’actionnaire de Lumina Copper, je m’inquiète de l’instabilité actuelle en Argentine. Que pensez-vous des dernières évolutions et quel en est l’impact sur Lumina Copper ?
L’Argentine est au coeur de la crise que connaissent actuellement les pays émergents. Le peso (la monnaie argentine) est sous pression depuis l’été dernier. Le processus s’est accéléré après le découplage de l’USD en janvier, et la monnaie a perdu 45% de sa valeur en six mois. Ce découplage était inévitable après l’effondrement des réserves de devises étrangères, retombées de 53 milliards USD à 29 milliards USD ces deux dernières années. L’augmentation du déficit est également source d’inquiétude. La présidente Cristina Fernandez de Kirchner, qui a succédé à son mari Néstor de Kirchner début 2007, a mené une politique très à gauche, conformément à la tendance générale en Amérique latine. Des mesures “marxistes” ont créé un climat hautement défavorable aux entreprises : “harcèlement fiscal” des investisseurs étrangers, contrôle des capitaux et surtout nationalisation de la compagnie pétrolière espagnole YPF en mars 2010. A ce moment, Lumina avait en poche une offre d’environ 20 CAD de liquidités par action, mais l’acheteur potentiel a fait marche arrière après la nationalisation d’YPF. Même si des expropriations n’ont jamais été à l’ordre du jour dans l’industrie du cuivre – le pays ne dispose ni des moyens financiers ni du savoir-faire requis -, ce coup de force du gouvernement argentin a lourdement pesé sur le cours de Lumina. L’été dernier, à la veille et dans le contexte des élections parlementaires de mi-mandat prévues fin octobre, on a assisté à un net infléchissement dans la politique de gauche. Trop tard, toutefois, pour échapper à la crise des pays émergents. Les péronistes ont essuyé une lourde défaite et n’ont conservé que de justesse la majorité au parlement. Entretemps, Guillermo Moreno – symbole de la politique anti-entreprise – a cédé sa place à Jorge Capitanich, plus favorable à l’économie de marché. La situation actuelle en Argentine n’a rien d’alarmant. Historiquement, la chute du peso a toujours été le début de la solution et du redressement. Une opinion manifestement partagée par les investisseurs puisque la Bourse argentine a doublé – en peso – ces six derniers mois. De plus, la crise accroît la pression en faveur de nouvelles réformes politiques et économiques. Nous sommes toujours convaincus que des négociations pourraient aboutir cette année concernant la vente du projet Taca Taca, et nous continuons à tabler sur un prix de vente compris entre 12 à 15 CAD par action (1C).
Transocean a beaucoup baissé ces dernières semaines. Trouvez-vous toujours l’action digne d’achat ?
Transocean est effectivement en net repli ces trois derniers mois, à l’instar d’autres entreprises du secteur comme Fred Olsen, Seadrill et Noble Corp. Remarquons d’abord qu’avec une baisse de 12%, seul Fred Olsen (-7%) s’est mieux comporté sur cette période. Le marché s’inquiète de la situation de l’offre et de la demande dans plusieurs régions (Afrique de l’Ouest, Brésil) et segments (forages offshore à très grande profondeur) du marché des installations de forage pétrolier en 2014. Il s’agit principalement de facteurs temporaires : retard dans les autorisations réglementaires, livraison de matériel, mais aussi la décision prise par Shell de geler les projets de forage en Alaska. Le timing est assez malheureux puisqu’un nombre relativement élevé de nouvelles plateformes seront mises sur le marché cette année. D’où la crainte d’une baisse des loyers journaliers – surtout pour les plateformes utilisées en eaux ultraprofondes. Les contrats de 27 des 80 plateformes de Transocean arrivent à échéance cette année : un élément à surveiller. Cependant, les perspectives à long terme restent très favorables. Leader de marché, Transocean semble du même avis puisque le groupe a passé commande pour cinq nouvelles plateformes conçues spécialement pour les forages en eaux peu profondes. Pour la première fois depuis 2007, elle l’a fait sans avoir déjà un contrat de location en poche : une stratégie un peu risquée qui est également appliquée par la plupart des concurrents. Elle doit permettre à Transocean de négocier de meilleurs contrats et surtout de renouveler plus rapidement sa flotte. En novembre, l’entreprise a décidé de financer l’opération à l’aide d’un véhicule particulier, un Master Limited Partnership (MLP). L’objectif est de scinder une série de plateformes de manière fiscalement avantageuse et de les introduire séparément en Bourse par le biais d’un MLP (prévu pour le 2e trimestre 2014). Transocean continue à travailler à des gains d’efficacité opérationnelle qui doivent engendrer 800 millions USD de marge bénéficiaire supplémentaire d’ici à fin 2015 (base 2012). L’actionnaire activiste Carl Icahn a imposé un relèvement du dividende de 2,24 USD à 3 USD par action (en 2014; 7% bruts). Durant l’ère post-Macondo, des cours compris entre 40-45 USD ont toujours été d’excellentes fenêtres d’achat pour Transocean. A 8 fois les bénéfices attendus en 2014, nous pensons qu’il n’en ira pas autrement cette année. Digne d’achat (1B).
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