Lotus Bakeries et Innate Pharma
Je suis actionnaire de longue date de Lotus Bakeries. Est-ce une bonne idée de vendre mes actions après la récente hausse ?
Le parcours boursier de Lotus Bakeries, le spécialiste est-flandrien des pâtisseries et du spéculoos, sur ces dix dernières années, peut être qualifié de phénoménal. Alors que l’indice BEL20 est resté quasi inchangé, la valeur du titre a plus que décuplé. Cette évolution n’est pas le fruit du hasard, mais la conséquence d’une stratégie de croissance élaborée avec soin, qui repose sur le développement progressif de marques fortes. Ces dernières permettent à l’entreprise de continuer à gagner des parts de marché sur ses marchés domestiques (Belgique, Pays-Bas et France) par l’innovation produit et en créant de nouveaux moments de consommation. A titre d’exemple, citons la pâte à tartiner au spéculoos et le succès du slogan “à chaque café, un spéculoos Lotus”. L’entreprise a également procédé à quelques acquisitions bien senties. La principale jusqu’à présent date de 2006, avec le spécialiste néerlandais du pain d’épices Peijnenburg. Lotus a également acquis les droits de propriété intellectuelle sur le concept Dinosaurus, un grand succès chez les enfants, en 2011, puis le producteur belge de spéculoos Biscuiterie Willems en 2013. Ces dernières années, les Est-Flandriens ont investi des dizaines de millions d’euros dans le renouvellement et l’extension de leurs sites de production en Belgique et aux Pays-Bas. Ces extensions sont destinées à soutenir l’internationalisation progressive de la marque. Lotus réalise désormais environ 25% de son chiffre d’affaires (CA) en dehors des trois pays précités, et le groupe à l’intention de poursuivre sa croissance internationale aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, au Moyen-Orient et en Asie grâce à ses marques fortes. En Chine, l’entreprise a créé l’an dernier une joint-venture avec Dah Chong Hong (DCH). Toutes ces mesures se traduisent année après année par des résultats record. En 2013, le CA a ainsi progressé de 15,2% (dont 7% de croissance organique) à 332,3 millions EUR alors que le bénéfice net atteignait 27,9 millions EUR (+8,4%) ou 36,23 EUR par action (+5,4%). Le dividende brut a été relevé à 10,8 EUR par action (1,3% brut). L’action s’est envolée à la veille de la publication des résultats annuels pour atteindre un nouveau sommet à 875 EUR. A 20 fois le bénéfice annuel attendu en 2014 et moyennant un rapport valeur d’entreprise/cash-flow opérationnel de 12, la valorisation est assez corsée. Une consolidation prolongée s’impose, mais vu les robustes perspectives de croissance à long terme, nous conseillons de conserver les positions existantes (3B).
Goldman Sachs est manifestement très enthousiaste concernant Innate Pharma. Quelle est votre opinion sur cette entreprise biotechnologique française ?
Créée par plusieurs immunologues en 1999, Innate Pharma est cotée sur NYSE-Euronext Paris depuis 2006. L’entreprise est spécialisée dans les immunothérapies pour le traitement du cancer. Il s’agit d’une nouvelle approche, consistant à réactiver le système immunitaire inné (naturel) par modulation de protéines afin qu’il identifie et combatte les cellules cancéreuses. En effet, les cellules cancéreuses utilisent certaines protéines pour se “cacher” du système immunitaire. L’immunothérapie est considérée comme “the next big thing” dans la lutte contre le cancer. Actuellement, le Yervoy de Bristol-Meyers Squibb (BMS) est encore le seul produit sur le marché, mais avec un pic des ventes attendu de 6 milliards USD. D’ici à 2025, le marché total de l’immuno-oncologie pourrait même atteindre 30 à 35 milliards USD. Outre BMS, Merck (premier produit sur le marché en 2015), Roche, Astra Zeneca et Novartis sont également actifs sur ce marché. En 2011, Innate Pharma a conclu un contrat de licence avec BMS, le leader sur le marché, pour son anticorps Lirilumab (IPH2102). BMS mène actuellement deux études de phase I – résultats attendus en 2015 – et une étude de phase II – résultats attendus en 2016 – avec cette molécule. Récemment, le pipeline a été complété par l’acquisition de l’IPH2201 de Novo Nordisk. Il s’agit d’une molécule pour laquelle une étude de phase I est actuellement en cours pour l’arthrite rhumatoïde, et dont les résultats devraient être publiés cette année encore. Innate y voit des possibilités pour le traitement immunitaire du cancer. En novembre 2013, une augmentation de capital – entièrement souscrite par des investisseurs américains – a permis de recouvrer une marge de manoeuvre financière suffisante. Sachez qu’il est également possible de miser sur le potentiel de l’immunothérapie pour le cancer plus près de chez nous. Ablynx a en effet conclu récemment un deal avec Merck pour l’utilisation de technologies basées sur les nanocorps dans ce domaine de recherche. Des évolutions positives dans le pipeline, un rapport élogieux de Goldman Sachs en janvier (objectif de cours de 18 EUR par action) et l’entrée d’investisseurs américains ont permis à l’action Innate Pharma d’opérer une ascension phénoménale. La première preuve de concept (une étude de phase II réussie) doit cependant encore être fournie et le risque reste supérieur à la moyenne. Nous ne galoperions pas derrière le cours. Les positions existantes peuvent être conservées, mais il est préférable d’attendre un repli pour une première position. A conserver/attendre (3C).
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