Danny Reweghs
L’or a atteint un plancher
Les événements nous font totalement perdre le long terme de vue. Les indicateurs sont pourtant très clairs: l’or et l’argent ont atteint leur étiage et s’apprêtent à grimper en flèche ces 12 à 24 prochains mois. Enfin!
Le dernier sommet atteint par les actions des producteurs d’or et d’argent remonte au 5 août 2020. A l’époque, l’euphorie était générale. Mais penser que “the only way is up”est très dangereux dans le domaine des investissements. Le contraste ne pourrait du reste être aujourd’hui plus grand: l’allégresse s’est muée en abattement et en scepticisme.
Le lien historiquement étroit entre tensions géopolitiques et hausse des prix des métaux précieux a été anéanti par les relèvements de taux et par la politique agressive des banques centrales. Les obligations ont de tout temps été un refuge pour les investisseurs en période d’incertitudes. Mais même elles souffrent du renversement des politiques des banquiers centraux et de la flambée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires. Les inquiétudes suscitées par l’inflation ont propulsé le taux américain à 10 ans aux alentours de 4%, contre 0,6% encore à l’automne 2020. Un handicap certain pour les métaux précieux, non productifs d’intérêts.
Les actions des producteurs d’or et d’argent se portent beaucoup moins bien encore que les métaux eux-mêmes. VanEck Vectors Goldminers, le tracker le plus connu, est passé d’une cime à près de 46 dollars en août 2020 à 22 dollars récemment. Alors que le prix de l’or ne perdait qu’un peu plus de 20% par rapport à son propre sommet.
Marché haussier
Les événements nous font totalement perdre le long terme de vue. Or le fait que plus aucun sommet n’a été atteint depuis environ 26 mois ne signifie pas que la tendance soit en bout de course. Car simultanément, cela fera bientôt sept ans que les métaux précieux n’auront plus formé de nouveau plancher. Ce qui confirme la thèse d’un marché haussier séculaire, dont la progression durera longtemps encore.
La situation, pour les banques centrales, est loin d’être facile. L’inflation a changé la donne. Des années de politique budgétaire et monétaire extrêmement accommodante ont fait exploser la dette mondiale. Ce qui n’inquiétait pas tant que les taux étaient bas, mais deviendrait problématique s’ils devaient continuer à remonter: les gouvernements, mais aussi les banques centrales, seraient de plus en plus acculés et perdraient la confiance du public.
Les actions, les obligations et l’immobilier, entre autres, vont à l’évidence souffrir. Il est fort probable que l’on assiste à une décorrélation des métaux précieux, surtout au cours de la deuxième moitié de la décennie. Mais nous n’y sommes pas encore. Pour l’heure, les indicateurs sont très clairs: l’or et l’argent ont atteint leur étiage et s’apprêtent à grimper en flèche ces 12 à 24 prochains mois. Cette remontée coïncidant avec un point culminant atteint par les taux longs, les marchés boursiers devraient eux aussi pouvoir sortir la tête de l’eau, à l’occasion de ce qui devrait être une accélération violente et brève de la hausse des prix des actifs, appelée global melt-up, dans le jargon.
Stratégie
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