Danny Reweghs
Les pays émergents flirtent avec les sommets
Donald Trump serait-il en passe de provoquer un retournement de situation dans les pays émergents? Souvenons-nous que durant la semaine qui a suivi l’improbable victoire du candidat républicain, l’indice MSCI Emerging Markets s’était tassé de 7%.
Dès son arrivée à la Maison-Blanche, le 45e président des Etats-Unis a mis à exécution sa promesse, maintes fois répétée pendant sa campagne, d’annuler l’accord de libre-échange transpacifique (TPP). Le vent de panique est toutefois rapidement retombé. Reste que Donald Trump martèle depuis plusieurs mois son intention de mettre en oeuvre son programme électoral radical, y compris sur le plan du commerce international. Même la perspective d’une guerre commerciale avec la Chine – dont celle-ci, tout comme d’autres pays émergents, a tout lieu de s’inquiéter – ne semble pas l’effrayer.
Or depuis le printemps 2016, soit après de nombreuses années de nette sous-performance, les marchés émergents se portent très bien, bien mieux encore que l’indice MSCI World (l’indice mondial). Ainsi le tracker iShares MSCI Emerging Markets ETF (47,5 dollars; ticker: EEM; cotation sur le NYSE sous le code ISIN US4642872349) a-t-il progressé ces douze derniers mois de 22%, soit près de deux fois plus que le MSCI World (+11,5%). L’on note cependant un (léger) retard depuis le début de l’exercice 2018.
Afflux massif
Au début de 2018 encore, les afflux nets en direction des fonds des pays émergents demeuraient élevés. Les arguments en faveur de ces régions sont les importants progrès réalisés dans la maîtrise de l’inflation, l’exécution des indispensables réformes économiques et politiques, le renforcement des comptes courants et l’accroissement des réserves de devises, à quoi s’ajoute naturellement le redressement économique mondial. Nous n’avons rien à objecter à cela, sinon qu’après le bond de 75% environ effectué depuis le plancher atteint il y a plus de deux ans, nous sommes devenus plus prudents. Il n’est pas impossible que la période de surperformance soit désormais derrière nous, pour les raisons suivantes:
· Inflexion radicale du sentiment: comme indiqué précédemment déjà, le profond pessimisme des investisseurs et des analystes a fait place à un optimisme débordant.
· Sous-valorisation en grande partie balayée: il y a près de deux ans, les marchés émergents étaient nettement sous-évalués par rapport aux Bourses occidentales. Leur retard s’est sensiblement réduit depuis: ils affichent désormais un rapport C/B escompté de près de 17 pour l’exercice, contre 18 pour l’indice MSCI World.
· Affaiblissement du tableau technique: s’il n’existe pour l’heure aucune raison de s’affoler, un nombre croissant de signaux semblent indiquer la formation d’un sommet, en d’autres termes un affaiblissement du tableau technique des marchés émergents.
Stratégie
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