Danny Reweghs
Les initiés émettent un signal d’achat
L’insouciance dont faisaient preuve il y a un an les banquiers centraux a totalement disparu. Les dirigeants d’entreprise ont pour leur part, comme l’an dernier du reste, une perception bien plus fine de la situation.
Les marchés continuent à se rallier aveuglément à l’opinion des banques centrales. Qui, il y a un an, ne voyaient pas en quoi la hausse de l’inflation, ce “phénomène temporaire”, posait problème. Les dirigeants d’entreprise, eux, s’alarmaient déjà: ils savaient que l’inflation allait s’installer, pour longtemps peut-être. En préférant l’insouciance des banquiers centraux à la prudence des entrepreneurs, les investisseurs ont poussé de nombreux marchés boursiers vers de nouveaux sommets.
Le monde, celui de l’investissement y compris, est aujourd’hui très différent. Les principaux marchés sont “classiquement” baissiers (recul de 20% par rapport au sommet), et les investisseurs n’ont jamais eu si mauvais moral. Ils partagent le pessimisme de Jerome Powell, le président de la banque centrale américaine, entre autres. Or selon de nombreux stratégistes, l’inflation a atteint un sommet ou s’en approche, ce qui montre que les banques centrales sont une fois de plus en retard d’une guerre. Du reste, si elles avaient réagi plus rapidement l’an dernier, les marchés se seraient déjà calmés, évitant aux indices boursiers de chuter dans de telles proportions.
Sociétés sous-évaluées
Fort heureusement, les dirigeants d’entreprise voient, une fois encore, les choses d’un tout autre oeil. Cela fait des semaines que nous écrivons qu’ils ne s’affolent pas autant que les investisseurs et les marchés. Non pas qu’ils soient optimistes. Non, ils sont eux aussi inquiets. Mais pas au point de céder à la panique.
Nous en voulons pour preuve leurs rachats, de plus en plus fréquents, d’actions propres. Présenter une liste complète des entreprises qui ont mis un tel programme en oeuvre n’aurait que peu de sens; l’essentiel est que vous sachiez que de nombreux entrepreneurs ont racheté des actions, pour des montants considérables, ces derniers temps. Nous insistons: ce ne sont pas des faits isolés, et les sommes n’ont rien de symbolique. D’Aedifica à Deceuninck en passant par D’Ieteren, de Colruyt à Recticel en passant par Warehouses De Pauw, le phénomène est une réalité.
Certes, les chefs d’entreprise ne sont pas des spécialistes de la Bourse, capables de savoir quand les cours ont atteint un plancher. Reste que leur comportement peut être considéré comme un signal d’achat: il signifie que selon eux, la situation de leur entreprise n’est pas aussi grave que ce que suggère le cours de l’action. En d’autres termes, que le marché sous-évalue leur société. Or qui est mieux placé que le patron ou la haute direction pour évaluer la situation d’une compagnie ? Nous, nous ne disposons comme point de repère que des derniers résultats semestriels, et les analystes n’ont pas eux non plus les chiffres les plus récents. De nombreux entrepreneurs et cadres dirigeants estiment qu’il y a de bonnes affaires à faire en Bourse. Il ne reste donc plus à l’investisseur particulier qu’à se départir de son sentiment alarmiste.
Stratégie
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