Les entreprises néerlandaises les plus généreuses

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La saison des détachements et des paiements des dividendes arrive aux Pays-Bas aussi. L’on recense cette année un nombre remarquablement élevé de diminutions, assorties de quelques hausses très marquées. Les valeurs sûres répondent une fois encore aux attentes. Les résultats de l’exercice 2023 de presque toutes les grandes sociétés néerlandaises cotées sont par ailleurs désormais publiés ; comme toujours, ils sont accompagnés d’une avalanche d’annonces, dont certaines sont surprenantes.

La date de détachement du dividende ou coupon de la plupart des actions est désormais connue. Plusieurs entreprises dont l’exercice est décalé n’ont pas encore annoncé le montant de leur dividende (comme Holland Colours, qui se prononce traditionnellement fin mai/début juin) ; d’autres l’ont fait, mais sans publier la date du détachement.

Il existe par ailleurs des entreprises qui annoncent le dividende en devise, alors qu’elles le paieront en euro. C’est le cas de SBM Offshore (0,83 dollar brut par action en 2023) et, bien sûr, des géants installés au Royaume-Uni, comme RELX, Unilever et Shell, qui publient en livre sterling ou en dollar (Shell). Le dividende trimestriel de Shell et d’Unilever n’est pas encore connu.

Politique différente

Chaque année, certaines entreprises se démarquent par une politique de dividende et/ou de distribution différente. C’est par exemple le cas de Philips, qui paie une fois encore son ‘‘dividende’’ (0,85 euro) en actions nouvelles, pour économiser des liquidités – ce qui revient, comme l’an dernier, à procéder à une augmentation de capital. Après avoir appliqué des années durant cette méthode à la moitié de son dividende, HAL Trust y renonce enfin, ce qui, sans surprise, se traduit par un rendement nettement inférieur, puisque le tout doit être payé en espèces. Au dividende de 2,85 euros par action proposé correspond un rendement tombé de 4 % à 2,5%. HAL s’est réveillé l’an dernier en constatant que sa politique avait fait bondir de plus de 40 % le nombre d’actions en circulation depuis 2010, une dilution massive qui va exactement à l’encontre de ce que font la plupart des entreprises américaines, qui procèdent à des rachats massifs d’actions. Le montant du dividende a été annoncé en janvier, sur la base du cours moyen de décembre ; l’augmentation de cours a dans l’intervalle fait passer de 2,5 % à 2 % le rendement en dividende.

L’agence de travail intérimaire Randstad est toujours une des premières entreprises à procéder au détachement (28 mars). Son dividende a cédé 20 %, à 2,28 euros par action (2,85 euros en 2023), à quoi correspond un rendement de 4,5 % ; précisons toutefois qu’un dividende spécial de 1,27 euro brut est promis pour octobre, ce qui donne au total une augmentation de 24,6 % et un rendement de 7 %.

Nombreuses réductions

Le nombre de réductions de dividende, souvent tout aussi importantes qu’inattendues, est frappant. Nous ne nous arrêterons pas aux ‘‘suspects habituels’’ que sont en particulier PostNL et, dans une moindre mesure, Flow Traders, deux titres selon nous davantage faits pour les amateurs de risques que pour les investisseurs en dividendes. En faisant l’impasse sur le dividende final, le grossiste Sligro provoque une chute de 45,5 % sur 2023.

Kendrion et le fonds immobilier NSI, qui réduit, lui, considérablement son dividende pour la première fois depuis huit ans, se distinguent également. Besi sabre dans le sien pour la deuxième année consécutive. Cette décision contredit le succès sans précédent que remporte l’action en Bourse, mais elle est conforme à la politique du fabricant de semi-conducteurs, qui distribue chaque année la quasi-totalité de ses bénéfices sous la forme de dividendes – or ses bénéfices cèdent du terrain pour la deuxième année d’affilée. Ceci dit, le groupe va sans doute pouvoir publier des taux de croissance élevés ces prochaines années, ce qui devrait donner un coup de fouet au dividende.

Enfin, malgré une réduction de 5,5 % seulement, à 2,24 euros brut par action, le distributeur de produits chimiques IMCD provoque une intense déception. Alors qu’il avait augmenté son dividende de 40 % par an en moyenne au cours des huit dernières années, il annonce aujourd’hui une légère diminution, totalement incompréhensible au vu de ses fondamentaux et de ses perspectives de croissance. Mais il refuse catégoriquement de payer plus de 25-35 % du bénéfice net ajusté, soit, pour 2023, si l’on tient compte du payout (partie du bénéfice versée sous la forme de dividende) maximal de 35 %, un dividende de 2,24 euros brut par action, contre 2,37 euros pour 2022.

Augmentations substantielles

Mais il existe aux Pays-Bas suffisamment de titres qui valorisent la qualité de l’historique et la progressivité des dividendes. Les ascensions les plus fortes se produisent pour la plupart au sein du secteur financier. Les pourcentages sont souvent impressionnants (ING fait passer cette année son dividende final de 0,389 à 0,756 euro brut par action), mais n’oublions pas qu’il est souvent arrivé dernièrement que le dividende ne soit pas versé, ou qu’il soit diminué ou à peine relevé.

Ainsi en va-t-il de celui d’Aegon, réduit à sa portion congrue pour les exercices 2019 et 2020, et annoncé à 0,30 euro brut par action pour 2023 ; ce montant à première vue ‘‘record’’ n’est en réalité que de 0,01 euro (3,4 %) supérieur à celui de 2018. Chez ABN Amro, le dividende n’a progressé que de 4,1 % en cinq ans. A l’autre bout du spectre se trouvent Wolters Kluwer, NN Group et ASM International, dont le dividende gagne régulièrement du terrain depuis des années.

Les plus généreuses

Comme l’an dernier, penchons-nous sur ce que nous considérons comme les meilleures actions à dividendes des Pays-Bas. Notre préférence va aux entreprises qui privilégient une politique progressive et procèdent à des augmentations annuelles, qui affichent un historique solide et des flux de trésorerie abondants, et qui ont en outre les moyens de procéder à des rachats d’actions ou à des acquisitions, voire d’alléger leur endettement.

Pour les raisons que l’on vient d’exposer, IMCD n’est, contrairement à l’an dernier, pas retenue. ASML (qui augmente son dividende depuis 14 ans), Wolters Kluwer (+15 % ; c’est le champion des Pays-Bas sur ce plan) et (malgré une hausse limitée à 4,8 % en 2023) la machine à racheter des actions qu’est Ahold Delhaize restent la crème de la crème dans ce domaine chez nos voisins du nord.

ASM International et NN Group remplacent avantageusement IMCD – l’assureur, en raison de la croissance plus nette du dividende et de son rendement au cours des deux dernières années. En outre, NN, qui augmente son dividende de près de 10 % l’an en moyenne depuis le tout premier versement, en 2015, rachète pour 300 millions d’euros par an au moins d’actions propres. Cette machine à cash estime qu’elle aura déboursé, entre 2015 et 2024, pour 10 milliards d’euros en dividendes et en rachats d’actions. Ce qui, face à une capitalisation boursière de 11,7 milliards d’euros, est évidemment énorme.

Des revenantes

Unibail-Rodamco-Westfield recommence à payer un dividende. Elle accordera cette année 2,50 euros brut par action, soit, au cours actuel, un rendement de 3,5 %. Ce montant ne représente qu’une fraction des 10,80 euros déboursés avant la crise sanitaire. Il est en d’autres termes inférieur de 77 % au sommet atteint à l’époque par l’entreprise.

Après 10 ans d’absence, Fugro repasse enfin à l’offensive elle aussi. Elle annonce pour 2024 un montant de 0,40 euro brut, bien inférieur à celui de 1,50 euro versé chaque année jusqu’en 2014. Comme chez HAL, le paiement d’une partie du dividende sous la forme de titres a engendré une forte dilution du flottant. Fugro, qui fait désormais le choix, très judicieux, de s’acquitter du dividende entièrement en espèces, a l’intention de payer 25 % à 45 % du bénéfice net chaque année. Le rendement de son dividende flirte avec les 2 %.

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