Les entreprises ESG, très plébiscitées
L’investisseur socialement responsable sélectionne des entreprises qui accordent une attention toute particulière à l’environnement, aux aspects sociétaux et à la bonne gouvernance. La protection de l’environnement est un critère évident, mais désormais insuffisant.
L’Union européenne va émettre pour 255 milliards d’euros d’obligations vertes. Si le confinement a relégué les préoccupations environnementales au second plan, c’est aujourd’hui bien fini – même les investisseurs s’intéressent au sujet. La conscience écologique, qui a percolé dans toutes les couches de la société, n’est qu’une composante parmi tant d’autres de la politique socialement responsable. La vague ESG (environnement, société, gouvernance) s’est étendue aux marchés financiers, Bourses comprises.
Responsabilité sociétale
L’investisseur socialement responsable sélectionne des entreprises qui accordent une attention toute particulière à l’environnement, aux aspects sociétaux et à la bonne gouvernance. La protection de l’environnement est un critère évident, mais désormais insuffisant: les conditions de travail et la rémunération du personnel, la sécurité, les relations avec les fournisseurs et les clients, de même que la direction et l’administration des entreprises, sont analysées également.
L’investissement ESG s’articule autour de concepts tels que l’investissement durable, l’investissement d’impact ou l’investissement socialement responsable. Pour évaluer une firme sur la base des critères ESG, l’investisseur examine sa politique environnementale, les risques écologiques auxquels elle est éventuellement confrontée, et la manière dont elle les gère. Les critères sociétaux s’intéressent aux relations qu’entretient l’entreprise: ses fournisseurs partagent-ils les valeurs dont elle se prévaut? Investit-elle au profit de la communauté au sein de laquelle elle évolue? Se préoccupe-t-elle de la santé et de la sécurité de ses salariés? Tient-elle compte des intérêts des autres parties prenantes? En matière de gouvernance enfin, la cible doit utiliser des méthodes comptables précises et transparentes et consulter ses actionnaires sur les questions importantes; le choix de son conseil d’administration doit lui éviter les conflits d’intérêts, elle ne peut avoir recours aux dessous-de-table et, bien entendu, elle se doit de respecter la loi.
Trois fois plus
D’après plusieurs études, les actifs investis dans le segment ESG ont été multipliés par trois au bas mot en 10 ans. L’importance des ESG est donc évidente mais pour le bon père de famille, ces exigences ne suffisent pas: il veut que son investissement soit rentable. Ce qui ne va pas nécessairement de soi. Les investissements consentis dans le verdissement de la production et dans les mesures sociales obèrent souvent le rendement. Ou pas? En réalité, les sociétés qui prennent très au sérieux les ESG semblent obtenir de bien meilleurs résultats que les autres.
Le réchauffement planétaire est le facteur le plus important de l’analyse ESG. L’entreprise doit ajuster au plus près son approche énergétique. Pour ce faire, certaines n’hésitent pas à bannir les sources d’énergie les plus polluantes, d’autres se tournent vers les énergies fossiles les plus efficaces tout en faisant la part belle aux sources renouvelables. L’approche ESG privilégie par ailleurs les enseignes qui proposent des solutions dans le domaine de la santé (lutte contre les maladies virales) ou des technologies numériques (vidéoconférence, réseaux énergétiques intelligents), ou contribuent à l’économie circulaire.
Test grandeur nature
Le Covid-19 soumet la gestion des ressources humaines et des chaînes d’approvisionnement à un test grandeur nature. Une bonne gestion du capital humain aide l’entreprise à nouer des relations durables avec son personnel et donc, à fonctionner mieux que d’autres en cas de crise. Les chaînes logistiques sont mises à rude épreuve elles aussi. Maintenir les niveaux d’approvisionnement et soutenir les fournisseurs est essentiel. La crise sanitaire dévoile une corrélation positive entre conditions de travail et performances des sociétés; ainsi l’efficacité de leur gestion des ressources humaines ou la politique de rémunération de leurs dirigeants ont-elles permis à certaines firmes de se distinguer ces derniers mois. D’aucuns considèrent enfin que les ESG dépassent les préoccupations éthiques, puisqu’ils permettent d’écarter les noms dont les pratiques sont risquées. L’effondrement en Bourse de BP (marée noire de 2010) et de Volkswagen (scandale des émissions truquées) avait entraîné pour des milliards de dollars de pertes.
Scores ESG
Sur les milliards investis dans les compartiments ESG ces dernières années, la moitié au moins est allée à des fonds indiciels (ETF). Les ETF passifs se caractérisent par leurs frais peu élevés et leurs critères ESG, deux spécificités essentielles aux yeux de l’investisseur. Reste que nombre d’entre eux répondent bien plus à une demande de solutions simples et peu coûteuses qu’ils n’assurent les rendements financiers ou sociétaux espérés. Leur composition est généralement basée sur des critères objectifs rigides (capitalisation boursière, secteur ou région), alors que les indicateurs ESG procèdent d’évaluations et d’analyses qui peuvent être de nature et mener à des conclusions très diverses. Ces études sont souvent hors de prix pour les ETF passifs, d’où le succès des scores ESG fournis par MSCI, Sustainalytics et autres Thomson Reuters.
Hauts rendements
La Commission européenne présentera sous peu sa stratégie de financement durable, qui facilitera l’identification des investissements durables et crédibles. Le plan d’investissement du pacte vert pour l’Europe dévoilé le 14 janvier annonce quant à lui la création d’une norme européenne pour les obligations vertes.
MSCI a conçu des indices qui englobent les meilleures actions ESG… et affichent d’étonnants rendements. Le MSCI World ESG Leaders s’est apprécié de près de 20% en un an. L’European ESG Leaders, sa variante européenne, surclasse cette année le STOXX Europe 600 de quelque 5%. Le MSCI Global Environment a même progressé de plus de 60% depuis l’an passé. Parmi les valeurs qui les composent, nous épinglerons Tesla, mais aussi Nvidia, au parcours presque aussi spectaculaire. Les autres actions phares sont Teladoc et Sartorius, biopharma allemande qui compte au nombre des sociétés européennes les plus performantes en termes d’ESG. Notons également la présence de Pandora (bijoux), Lonza (biotech), Vestas (éolien) et Neste (carburants renouvelables).
Approche passive
Aux actions individuelles, l’investisseur pourra préférer des fonds ou des ETF. Il devra alors trancher entre l’approche active et l’approche passive. Les fonds passifs (investissements indiciels) sont généralement meilleur marché, et plus transparents: l’analyse de l’indice permet de savoir ce que contient le portefeuille. D’aucuns estiment néanmoins que l’investissement durable ne peut être qu’actif, or en raison de leur faible liquidité, les petites entreprises n’attirent pas les investisseurs passifs. Citons, parmi les ETF, BNP Paribas Easy ECPI Global ESG Infrastructure UCITS, BlackRock ESG Multi-Asset Conservative Portfolio UCITS, IQ Candriam ESG International Equity et Xtrackers MSCI USA ESG UCITS, et parmi les fonds d’investissement, DPAM Capital B – Equities US ESG, DWS Invest ESG Equity Income et Goldman Sachs Global Equity Partners ESG.
Stratégie
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