Les déboires de Vivendi affectent Bolloré
La rédaction répond à la question d’un abonné: “La chute de Bolloré est-elle justifiée? Envisagez-vous de réintégrer le titre en portefeuille?”
L’action du holding français a cédé 31% depuis le 24 février, début de la panique liée au coronavirus (il cotait 2,54 EUR à la mise sous presse) – un repli conforme au marché. Mais le titre décevait déjà depuis 12 mois: alors que le Cac 40 avait gagné 15,2%, il stagnait en raison du succès mitigé de la vente prévue de la participation (jusqu’à 50%) de Vivendi dans sa filiale Universal Music Group (UMG). Bolloré détient 28,97% de Vivendi. Après plusieurs années difficiles, UMG a retrouvé la forme grâce notamment au succès de services de streaming (Spotify). Fin décembre 2019, un accord a enfin été conclu avec un consortium mené par le chinois Tencent sur la vente de 10%, qui valorise UMG à 34 milliards de dollars. Jusqu’au 15 janvier 2021, les Chinois pourront acquérir 10% supplémentaires. Début 2023 au plus tard, UMG serait alors cotée séparément en Bourse.
En 2019, Vivendi a lancé un important programme de rachat d’actions qui a grevé la dette nette de Bolloré de 3,9 milliards d’euros, à 8,72 milliards d’euros (ratio d’endettement doublé, à 34%). Le chiffre d’affaires (CA) de la société de portefeuille a augmenté de 8% en 2019, à 24,8 milliards d’euros (+3% hors effets de change et acquisitions). Son bénéfice opérationnel (Ebit) a augmenté de 0,2%, à 1,63 milliard d’euros. La division Transport & Logistique (Bolloré Logistics et surtout Bolloré Africa Logistics, plus vaste réseau logistique africain) a vu son cash-flow opérationnel (Ebitda) augmenter de 17%, à 637 millions d’euros, malgré un repli de 2% du CA. Chez Vivendi, la hausse est de 18%, à 1,53 milliard d’euros (CA +6% ; UMG +14%). Le maillon faible demeure le pôle Energies renouvelables (Blue Solutions: voitures, batteries et solutions électriques), qui a vu son Ebitda se tasser de 160 millions d’euros, à -434 millions du fait d’une dépréciation unique de 319 millions d’euros. Bolloré lance une offre de 17 euros par action pour sortir Blue Solutions de la cote d’ici juin 2020.
Le résultat net a augmenté de 27%, à 1,4 milliard d’euros (part du groupe: +1%, à 237 millions d’euros). Après la raclée et vu la valorisation (0,8 fois la valeur comptable), le moment serait mal choisi de vendre l’action. Avec les incertitudes juridiques sur Vivendi, nous n’envisageons cependant pas sa réintégration en portefeuille. Acheter (rating 1B).
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