Les céréales crèvent le plafond
La guerre en Ukraine fait bondir les cours de l’énergie, mais aussi des céréales. Le grenier à céréales du monde est en effet devenu inaccessible. L’on ne peut, à ce stade, parler de pénurie. Mais la donne pourrait changer, si le conflit se prolongeait.
Sur le CBOT, le blé a gagné plus de 50% depuis mi-février et atteint son plus haut niveau depuis 2008. Le maïs (au plus haut depuis 2012) et le soja, qui s’étaient déjà bien appréciés l’an dernier, ont encore augmenté.
Fermé, le grenier!
La région autour de la mer Noire est qualifiée de grenier à céréales du monde. Mais aujourd’hui, quasi plus aucune céréale n’en quitte les ports, bloqués. Si d’ordinaire, quelques problèmes régionaux n’ont qu’une faible incidence sur le marché mondial du blé, puisque la céréale est cultivée aussi dans diverses autres régions du monde, cette fois, la situation est grave, puisque les deux puissances céréalières en assurent normalement 29% (Russie: 17%, Ukraine: 12%) des exportations dans le monde – 207,9 millions de tonnes, selon le ministère américain de l’Agriculture (USDA). La majeure partie est exportée vers l’Egypte, la Turquie, le Kazakhstan et l’Indonésie. L’Ukraine est également l’un des principaux exportateurs de maïs vers la Chine et l’Europe.
Notons qu’en raison de l’envolée des cours de l’énergie, ceux des engrais flambent aussi. La Russie et l’Ukraine produisent ensemble plus de 50 millions de tonnes d’engrais NPK (azote, phosphore, potassium), soit environ 13% de la production mondiale. Pour en acheter, les agriculteurs attendent une normalisation des prix, laquelle est hélas peu probable à court terme. Or l’USDA juge que la sous-fertilisation peut grignoter jusqu’à 10% des rendements. Une hausse de la production d’engrais ailleurs est impossible à court terme, car les terres agricoles disponibles se font rares.
Pas (encore) de pénurie
Heureusement, l’Australie a rehaussé ses estimations de production de blé pour cette année. Au Brésil et en Argentine, le phénomène météorologique La Niña a limité les récoltes de maïs et de soja en 2021; les réserves sont faibles.
Il n’y a pas de réelle pénurie à l’heure actuelle, car les plus gros acheteurs de blé et de maïs puisent dans les stocks existants et trouvent des sources alternatives d’approvisionnement. Mais la donne pourrait changer rapidement, si la guerre se prolongeait. A court terme, nous ne conseillons pas de prendre des positions longues sur les céréales via des trackers ou des produits à effet de levier.
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