Le secteur pétrolier n’est pas mort

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Après une excellente année 2022, les actions énergétiques sont à la traîne, mais leur récent rebond pourrait s’avérer prometteur. Du moins si le monde ne plonge pas en récession.

L’offre de pétrole est supérieure à la demande, laquelle recule en Europe et aux Etats-Unis surtout. Le spectre d’une récession, récemment aggravé par les turbulences dans le secteur bancaire, pèse en outre sur le prix de l’or noir. Nous tablons néanmoins sur un rebond de la demande cette année. L’abandon des mesures sanitaires par la Chine et l’accélération de la demande de kérosène y contribueront largement. La demande mondiale devrait atteindre 102 millions de barils par jour (100 millions actuellement) vers la fin de 2023 – un record.

Un certain nombre de facteurs limitent par ailleurs l’offre. La réduction coordonnée de la production par les pays de l’Opep+ en est un. Aux Etats-Unis, l’accélération de la production de pétrole (de schiste) a ralenti, car les compagnies se concentrent davantage sur les flux de trésorerie disponibles que sur la croissance. Elles souffrent de surcroît de l’inflation des coûts. Malgré les diminutions de production, la capacité de réserve mondiale n’est que de 3,5 millions de barils par jour environ. Tout cela devrait faire repartir les prix à la hausse.

Grâce à la douceur de l’hiver et aux économies d’énergie réalisées, l’Europe est cette année particulièrement bien approvisionnée en gaz, dont le prix a logiquement récemment chuté. En réduisant les besoins du pays en gaz naturel liquéfié (GNL), les confinements en Chine ont eux aussi pesé sur les prix. Reste que le prix du gaz en Europe devrait demeurer supérieur à ce à quoi nous avons été habitués. Parce qu’il importe beaucoup moins de gaz de Russie, le Vieux Continent va devoir rivaliser avec des Etats comme la Chine sur le marché du GNL. Et comme le prix du gaz a beaucoup baissé depuis l’an passé, la demande de l’industrie européenne, en partie au point mort pour des questions de prix justement, va elle aussi se redresser.

Prestataires de services

Les raffineries, surtout les américaines, semblent donc avoir de beaux jours devant elles. Les marges de raffinage devraient rester élevées – les fermetures pratiquées de par le monde ces dernières années, les sanctions à l’égard de la Russie et la maintenance des installations devraient y contribuer. Ces marges permettront aux raffineries de distribuer des montants relativement importants à leurs actionnaires. Marathon Petroleum, par exemple, a racheté plus de 30% de ses actions depuis 2021.

Les prestataires de services nous semblent également intéressants. Des années de sous-investissements expliquent les difficultés récemment traversées. Après avoir sabré dans les coûts, ces entreprises profitent à présent de l’augmentation de leurs investissements. Le marché se portant mieux, leurs marges bénéficiaires s’améliorent considérablement. Schlumberger est un exemple de société de services pétroliers; Chevron en est un autre.

Secteur bon marché

Les actions du secteur de l’énergie sont peu onéreuses: le ratio cours/bénéfice de l’indice MSCI World Energy devrait être de 8 pour 2023, et de 9 pour 2024. C’est nettement moins que celui du MSCI World, et moins que celui de tous les autres secteurs boursiers. Les seuils de rentabilité des majors augmentent par rapport à l’an dernier, mais ils demeurent bien inférieurs aux prix atteints par le pétrole, ce qui permet la distribution de montants relativement importants aux actionnaires.

Nous préférons les majors européennes à leurs concurrentes américaines, plus largement valorisées. Nous considérons toujours Aker BP comme un excellent moyen de tirer profit de la reprise attendue du secteur. Après une excellente année 2022, les actions énergétiques sont à la traîne, mais leur récent rebond pourrait s’avérer prometteur. Le principal risque que le scénario esquissé ne se concrétise pas procéderait d’une récession mondiale, caractérisée par une chute des prix du pétrole et du gaz, qui ferait s’effondrer les marges de raffinage.

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