Le sauvetage de Nyrstar suscite la colère des actionnaires
La rédaction répond à la question d’un abonné: “Je suis consterné par la débâcle de Nyrstar. Qu’en pensez-vous?”
Il est regrettable que les actionnaires de Nyrstar se retrouvent presque les mains vides, mais cela semblait inévitable après un second semestre 2018 dramatique. Un cinglant avertissement sur bénéfice émis le 20 septembre a définitivement fait perdre confiance aux investisseurs et partenaires commerciaux de Nyrstar, qui espéraient une restructuration, encouragés par les beaux débuts de l’usine multi-métaux de Port Pirie, la mise en service de la mine de Myra Falls aux Etats-Unis et la hausse des recettes de traitement après plusieurs années de vaches maigres. Mais en décembre, l’actionnaire principal, Trafigura, a dû accorder une nouvelle facilité de crédit de 650 millions de dollars pour pallier les problèmes de liquidité. Fin juillet, tous les actifs opérationnels ont été vendus pour un euro symbolique à une nouvelle entité britannique (NN2 Newco), détenue à 98% par Trafigura et 2% par les actionnaires existants de Nyrstar. Trafigura a également repris 2,32 milliards d’euros de dettes, après une réduction de valeur de plus de 500 millions d’euros. Le trader néerlandais en matières premières était entré dans la danse fin 2015, lorsque Nyrstar s’était mise en quête de nouveaux fournisseurs de zinc concentré pour sa division Fonderie, après l’arrêt de la mine de Century en Australie. Au fil des ans, les réductions de valeur actées sur des mines payées beaucoup trop cher ont atteint 1,6 milliard d’euros.
En 2018, Nyrstar affichait un cash-flow opérationnel récurrent (Rebitda) de seulement 99 millions d’euros, contre 205 millions en 2017. La situation s’est encore dégradée en 2019, avec un Rebitda d’à peine 15 millions d’euros (-76%) au 1er trimestre et une production en berne au 2e trimestre, notamment en raison de longues interruptions à Port Pirie. Les semestriels seront enfin publiés le 29 novembre.
Des actionnaires mécontents se sont rassemblés sous l’égide du bureau d’avocats WATT Legal pour dénoncer un présumé abus de pouvoir de Trafigura et exiger 1,7 milliard d’euros de compensation. Mais fin 2018, seule Trafigura pouvait et voulait encore éviter la faillite. Une longue procédure s’ouvre en justice pour faire la lumière sur les liens entre Nyrstar et le trader. La FSMA a également ouvert une enquête. Mais face à la faiblesse des résultats provisoires, le projet de relance semble voué à l’échec. Nous conseillons de vendre (3C).
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