Le gaz naturel explose tous les records

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Avec le spectre de l’arrêt des livraisons depuis la Russie, le prix du gaz naturel atteint des sommets à l’approche de l’hiver, surtout en Europe. Le reste du monde connaît une situation un peu plus favorable. Nous revenons sur les mécanismes en jeu.

En Europe, le prix du gaz naturel franchit record après record. Sur le Title Transfer Facility (TTF Rotterdam), principal hub de fixation des prix pour les contrats physiques et à terme, le prix a fluctué autour de 200 euros par mégawattheure (Mwh) ces dernières semaines, contre 25 euros encore il y a 12 mois.

Le marché européen de l’énergie est extrêmement dépendant du gaz naturel, comme source directe d’énergie ou pour la production d’électricité. Les énergies renouvelables ne peuvent le remplacer car elles ne sont pas disponibles tout le temps et partout. Le charbon et l’énergie nucléaire ont été boudés pour des raisons politiques. L’approvisionnement en gaz naturel russe, via le gazoduc Nord Stream 1, ne fonctionne qu’à 20% de sa capacité normale. La reconstitution des stocks avant l’hiver est donc difficile et les spéculations sur une possible pénurie font grimper les prix. L’Asie et les Etats-Unis sont mieux positionnés; la Russie propose à divers pays asiatiques du gaz naturel et du pétrole brut initialement destinés à l’Europe, à un prix nettement inférieur, ce qui séduit notamment la Chine et l’Inde.

Aux Etats-Unis, le Henry Hub (situé en Louisiane, avec des ramifications vers le Canada et le Mexique) sert de référence pour la fixation des prix. Des contrats à terme ayant pour sous-jacent le gaz Henry Hub sont cotés sur le Nymex, en dollars par million de British Thermal Units (MMBTu, soit 0,293 Mwh). Le contrat à terme de septembre se négocie actuellement à 8,3 dollars par MMBtu, soit sept fois moins cher qu’en Europe.

Mais dans la pratique, l’arbitrage entre les deux marchés n’est pas si facile. Avant de pouvoir être exporté par bateau, le gaz naturel doit d’abord être liquéfié (GNL); or, les installations sont très coûteuses, limitant la capacité de traitement. En juin, une explosion dans un terminal GNL au Texas a mis hors service 20% de la capacité d’exportation; la remise en service n’aura pas lieu avant fin 2022. Le gaz destiné à l’importation se retrouvant sur le marché local, son prix a chuté en juin, de 8,3 à 5,5 dollars par MMBtu. A l’arrivée, les usines pour reconvertir le GNL manquent aussi.

Si aucun produit financier ne reflète le prix du gaz TTF, celui de Henry Hub fait l’objet d’une vaste gamme de trackers et de produits à effet de levier (longs et courts).

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