Le franc suisse, à nouveau en vogue
Voyons comment la monnaie suisse (CHF) a évolué cette année et ce que l’on peut en attendre en 2019.
Quel bilan tirer de l’année 2018 pour l’économie suisse et le CHF?
Contre toute attente, le franc suisse s’est sensiblement apprécié en 2018. Jusqu’à la fin mai, le cours de change est resté proche du plafond (1,20 CHF/euro) que l’Etat avait maintenu jusque il y a quelques années. Mais les choses se sont accélérées ensuite, à un point tel qu’un euro ne coûte plus aujourd’hui que 1,12 CHF – la devise s’est donc appréciée de près de 4% par rapport à la monnaie unique. Le phénomène est d’autant plus étonnant que la banque centrale (BNS) applique une politique monétaire accommodante. Elle avait ramené son taux directeur à un plancher de -0,75% dès janvier 2015 – à l’époque déjà, le franc était trop cher à ses yeux. Ce sont les entreprises exportatrices surtout qui plaident en faveur d’un rapport moins pénalisant: l’Europe est un partenaire commercial important de la Suisse, dont une devise trop onéreuse pèse sur les exportations.
Les fondamentaux économiques (dette publique, budget, compte courant, balance commerciale, etc.) du pays sont extrêmement sains. Le secteur tertiaire assure les trois quarts du produit intérieur brut (PIB) et emploie 75% de la population active, l’industrie prenant à son compte le reste du PIB (la part de l’agriculture est négligeable). L’économie suisse compte parmi les plus développées et les plus solides du monde. Elle se porte mieux que celle de la zone euro.
Qu’attendre de l’économie?
C’est assez simple. Les fondamentaux devraient en principe demeurer inchangés. Il se peut toutefois que l’activité ralentisse légèrement par rapport à 2018. D’après le consensus, la croissance réelle du PIB s’établira à 1,80%, alors qu’elle aura dépassé 2% en 2018.
Quelle sera l’évolution du CHF?
La banque centrale ne devrait pas revenir sur la politique accommodante qu’elle mène depuis des années. Même si elle est légèrement supérieure aux prévisions, l’inflation demeure très faible. Elle pourrait toutefois dépasser 1%, voire atteindre 1,3%, en 2019. Cela fait des années que par crainte d’une crise de l’euro, maints investisseurs parquent leurs économies de ce côté-là des Alpes. Leur prudence se justifie aujourd’hui plus que jamais; du reste, même le taux négatif appliqué aux dépositaires étrangers ne suffit pas à les décourager.
Au vu des tensions internationales persistantes, il est tout à fait possible que le CHF assoie davantage encore sa réputation de valeur refuge. La BNS n’a donc aucune raison d’infléchir sa politique monétaire accommodante, ce qui entraînerait une nouvelle appréciation de la devise. Les Suisses attendent de voir ce que va faire la BCE. Celle-ci a confirmé son intention de mettre un terme à ses rachats d’obligations à partir de la fin décembre, en vue de relever ses taux directeurs l’an prochain, laissant dans la foulée à la BNS la possibilité d’alléger quelque peu la pression qu’elle exerce sur ses taux.
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