Le dollar canadien entre les mains de Trump et de la Fed
La crise dans le secteur pétrolier a frappé de plein fouet le dollar canadien. L’évolution de la monnaie dépendra en partie de la politique du président Trump et de la Réserve fédérale américaine.
Le dollar canadien (CAD) ou “loonie” affiche un gain de 8% par rapport à l’euro et de 6% par rapport dollar américain depuis le début de 2016. Il a notamment profité du redressement partiel des prix pétroliers et de la reprise économique aux États-Unis. Malgré cette hausse, le loonie s’échange toujours 25% sous la parité avec le dollar qu’il avait atteinte début 2013.
Cette dépréciation s’explique en partie par la contraction de moitié de la croissance canadienne, passée de 3% en 2014 à moins de 1,5% aujourd’hui. Ce ralentissement est presque entièrement imputable au secteur pétrolier, où la forte baisse des cours du pétrole a asséché les investissements. Les produits pétroliers représentent un quart des exportations totales du Canada.
Perspectives économiques pour 2017
Le récent redressement des cours du pétrole reste trop timide pour apporter une amélioration fondamentale de la conjoncture dans le secteur pétrolier. Par ailleurs, le sort de l’économie canadienne est étroitement lié aux États-Unis. L’élection de Donald Trump n’est pas une bénédiction totale pour les Canadiens. Ses projets de relance de l’économie américaine favoriseront les entreprises exportatrices, mais la menace de renégocier le NAFTA, l’accord de libre-échange nord-américain, pourrait tout gâcher. Car le Canada a beaucoup profité du NAFTA: ses exportations vers les États-Unis ont doublé depuis 1993, alors que l’excédent commercial a plus que triplé. Aujourd’hui, les Canadiens vendent trois quarts de leurs exportations à leurs voisins du Sud.
Prévisions pour le dollar canadien en 2017
Le dollar canadien devrait continuer à s’affaiblir vis-à-vis du billet vert l’an prochain. Le différentiel de taux croissant entre les États-Unis et le Canada incite les investisseurs à retirer leur argent du Canada pour le placer aux États-Unis. Quant à la Banque centrale canadienne, elle ne devrait pas relever ses taux avant 2018.
De plus, le déséquilibre de la balance internationale des paiements (causé par la baisse des cours du pétrole) a rendu le dollar canadien très dépendant des capitaux étrangers qui financent le déficit. Un choc de confiance – provoqué par exemple par l’annonce soudaine de mesures protectionnistes par l’administration Trump – pourrait faire fuir ces capitaux (aussi mobiles que farouches), ce qui entraînerait une nouvelle dépréciation du loonie par rapport au dollar.
Vis-à-vis de l’euro, la perte depuis 2013 est limitée à 15%. Compte tenu des incertitudes politiques qui planent sur la zone euro en 2017, il y a de fortes chances que le loonie puisse conserver les gains accumulés depuis le début cette année.
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