Le café reste volatil (I)
Le cours du café a gagné 90% entre janvier et avril !
Nous avions déjà évoqué le café au début de cette année, avec une série de scénarios longs qui ont engendré des rendements spectaculaires. Logique, puisque la livre de café a gagné pas moins de 90% entre le début janvier et fin avril. Depuis son sommet, le cours du café a cependant subi une correction d’environ 25%. La forte hausse du prix au cours des premiers mois de 2014 était imputable à une sécheresse exceptionnelle, suivie par des précipitations au mauvais moment. Janvier et février sont normalement des mois assez humides, mais cette année, le temps est resté à peu près sec pendant une période prolongée. La récolte de 2014/2015 n’en est qu’à ses débuts et il subsiste d’importantes incertitudes sur l’impact réel de la sécheresse. Le cours du café s’est retrouvé sous pression ces dernières semaines après des rumeurs selon lesquelles l’Etat brésilien aurait l’intention de vendre sur le marché une partie de ses réserves stratégiques plus tard dans l’année. Mais cette opération n’interviendra certainement pas pendant la période des récoltes. De plus, il ne s’agirait que de 1,6 million de sacs de 60 kilos : pas de quoi perturber l’équilibre du marché.
Un repli qui constitue une opportunité
Les prévisions de récoltes au Brésil ont déjà été revues à la baisse à plusieurs reprises ces derniers mois. La dernière récolte s’élevait encore à 52,8 millions de sacs. Jusqu’il y a quelques mois, on tablait encore sur une nouvelle production record pour l’année de récoltes actuelle. Les estimations les plus récentes de prévisionnistes privés varient cependant entre 43 et 46 millions de sacs. Le Conab, le ministère brésilien de l’Agriculture, se trouve pile entre les deux avec 44,57 millions de sacs. Le ministère américain de l’Agriculture (USDA) est moins pessimiste et table sur une production de 50 millions de sacs. Quoi qu’il en soit, le marché est actuellement très friand de rapports sur les ” yields ” ou rendements. Sans doute contiendront-ils encore de nombreuses informations contradictoires durant cette première phase, de sorte que la volatilité devrait rester élevée. La réaction du marché dépendra de l’ampleur des divergences entre les nouvelles estimations et les prévisions précédentes. L’International Coffee Organisation (ICO) a en tout cas fait savoir que les pays producteurs de café ont exporté 63,39 millions de sacs au total durant les sept premiers mois de l’année des récoltes 2013/2014, qui court d’octobre à septembre. C’est 4,3% de moins qu’au cours de la même période il y a un an. Bien que le café affiche toujours une hausse de 44% par rapport au début de cette année, nous estimons que la récente correction est excessive. C’est pourquoi nous analyserons la semaine prochaine une série de scénarios basés à la fois sur des produits à effet de levier et des trackers.
Bouleversements sur le marché des produits à effet de levier
Certains lecteurs auront sans doute remarqué que la plupart des turbos cotés sur Euronext et émis par RBS Markets qui ont des matières premières agricoles en valeur sous-jacente (céréales et produits agricoles de base) n’affichent plus qu’un prix acheteur (et plus de prix vendeur). Autrement dit : vous pouvez encore vendre les turbos en question (à condition que vous les ayez en portefeuille), mais plus en acheter. De plus, RBS Markets n’émettra plus de nouvelle série. Une décision liée à la vente des départements Structured Retail Investors Products et Equity Derivates au groupe français BNP Paribas. L’opération devrait être finalisée plus tard dans l’année ou en 2015. Les produits à effet de levier en soi continuent à exister, mais plus aucun produit d’investissement ne sera proposé avec des céréales ou des matières agricoles de base comme valeur sous-jacente sous la bannière française.
Pour couper court à toute ambiguïté : le produit turbo en soi ne disparaît pas. Les cours acheteurs des produits existants continuent d’évoluer avec le prix de la valeur sous-jacente et les turbos en circulation pourront encore être vendus pendant un temps. En revanche, on ne sait pas ce qu’il adviendra des mini-futures commercialisés par RBS sur la Bourse allemande. Ceux-ci affichent toujours un prix acheteur et un prix vendeur et peuvent donc être achetés sans problème. ABN Amro a également annoncé la semaine dernière son intention de réduire la taille de son département Markets. La banque cessera de proposer des dérivés sur actions et des produits structurés propres. Les turbos relèvent de cette dernière catégorie. Aucune précision n’a été donnée sur la manière dont elle procédera et la date de l’opération. Pour l’instant, tous les turbos ABN Amro Markets restent cotés avec un prix acheteur et un prix vendeur. Ils peuvent donc être achetés et de nouvelles séries sont d’ailleurs encore émises. Nous estimons qu’il est peu probable qu’ABN mette simplement un terme aux activités du département. Une vente (comme dans le cas de RBS) nous semble un scénario plus acceptable. La sortie de RBS Markets et le retrait d’ABN Amro Markets ne signifient pas non plus qu’il soit désormais impossible pour les investisseurs privés d’investir dans des matières premières agricoles par le biais de produits dérivés. Ainsi, un éventuel repreneur peut tout simplement maintenir la gamme d’ABN Amro. En outre, on trouve d’autres fournisseurs de produits similaires comme ING (Sprinters), Commerzbank et Citigroup (Speeders). ING et Citi limitent d’ores et déjà leur offre à l’énergie et aux métaux (précieux), mais Commerzbank propose également des séries de speeders avec des produits agricoles de base comme valeur sous-jacente. Sans compter, bien évidemment, les nombreux trackers et ETF (avec et sans levier). Dans certains cas, il est également possible de parier sur la hausse ou la baisse de matières premières par le biais d’actions. Pour résumer, les investisseurs en matières agricoles ne doivent pas désespérer malgré les récents développements.
Dérivés
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