L’aluminium n’a plus été aussi bon marché depuis début 2017
Le ralentissement conjoncturel planétaire plombe le cours de l’aluminium, alors même que l’offre recule partout dans le monde. Mais le marché pourrait se retrouver en situation excédentaire dès l’année prochaine.
Les indices PMI manufacturiers affichent une tendance baissière partout dans le monde, ce qui pèse sur les prix des métaux industriels, dont la consommation est très cyclique. L’aluminium figure parmi les métaux plus touchés: depuis le début de la guerre commerciale, le prix de la tonne a déjà baissé de 30% et affiche son plus bas niveau depuis janvier 2017.
Demande en baisse
Le recul des prix intervient dans un contexte de déficit attendu de l’offre planétaire – une situation temporaire, car la demande faiblit aussi. Les statistiques de l’International Aluminium Institute font état d’un repli de production de 0,6% entre janvier et août. En Chine, qui produit 55% de l’aluminium mondial, le recul atteint même 0,8% sur la période du fait de facteurs temporaires, dont le typhon dans la province de Shandong, qui a mis à l’arrêt plusieurs usines de fonte. Par ailleurs, la production a progressé au Canada et en Russie, mais a reculé en Amérique du Sud et dans l’Union européenne. C’est la première fois depuis 2009 que la production annuelle baisse simultanément en Chine et à l’extérieur. Les stocks enregistrés sur le Shanghai Futures Exchange (SHFE) n’ont plus été aussi faibles depuis début 2017. Il n’y a pas pour autant pénurie physique sur le marché mondial de l’aluminium, car du fait des normes plus strictes et des frais élevés, une portion plus grande des stocks est conservée en dehors des lieux de stockage enregistrés.
Un marché bientôt excédentaire
Le marché se concentre aujourd’hui sur l’évolution de la demande, ce qui explique l’asthénie des prix. Mais le cabinet CRU et la banque d’affaires Goldman Sachs estiment qu’en 2020, l’offre sera de nouveau excédentaire. La Chine va augmenter considérablement ses capacités de production, avec à la clé, selon CRU, une hausse de 5% de l’aluminium produit l’an prochain – pour une demande toujours atone, tant dans l’empire du Milieu qu’ailleurs.
La crise automobile (les ventes mondiales de voitures ont reculé de 7% entre janvier et août) joue là un rôle important, puisque le secteur représente 30-40% de la demande de ce métal léger. Mais dans le secteur de la construction et de l’énergie également, la consommation est en repli. CRU affirme que la consommation chinoise d’aluminium augmentera de seulement 1,6% cette année, contre encore 4% en 2018. Hors de Chine, la demande devrait reculer pour la première fois depuis 2009.
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