Danny Reweghs
La Chine remise en question
La qualité des prestations économiques de la Chine s’est nettement affaiblie ces cinq à dix dernières années. Espérons que lors du prochain congrès quinquennal du parti communiste, la stabilité financière devienne l’un des objectifs premiers du pays.
Les tensions nées des menaces nucléaires et des tests de missiles du leader nord-coréen Kim Jong-un ne sont pas sans incidence sur la grande puissance chinoise. La Chine est le principal allié de la Corée du Nord, et à ce titre, exerce une pression sur les relations avec les États-Unis. Le président américain Donald Trump a déjà exigé à plusieurs reprises de la Chine que Pékin persuade Kim de revenir à de meilleures intentions. Le leader chinois Xi Jinping en appelle à son tour Washington à rester calme et à rechercher une solution pacifique au travers de négociations. Trump ne l’entend toutefois pas de cette oreille, du moins officiellement. Le dossier nord-coréen agite d’abord et surtout l’Asie, sur fond d’ambitions militaires et politiques internationales de plus en plus concrètes de la Chine.
Ces ambitions découlent naturellement de l’énorme progrès économique du pays ces trente dernières années, qui ont fait de la Chine la deuxième puissance économique du monde. Ces dernières années, le miracle de croissance chinois est cependant de plus en plus systématiquement remis en question, dans la perspective du congrès quinquennal du parti communiste. Sa 19e édition aura lieu en novembre prochain.
Une croissance achetée à crédit
Au printemps, les autorités chinoises ont dû une nouvelle fois intervenir car elles jugeaient que l’octroi de crédits, les banques fantômes et les prix immobiliers augmentaient dangereusement. Leur objectif est la stabilité économique à tout prix, à plus forte raison en période de Congrès. La qualité des prestations économiques de la Chine s’est nettement affaiblie ces 5 à 10 dernières années. La croissance a presque diminué de moitié (de 9 à 10%, à 5 à 6%) tandis que la charge de la dette a presque doublé (de 150% du produit intérieur brut au moment de la crise financière qui a touché les ménages, l’État et les entreprises n’appartenant pas au secteur financier, à 250% aujourd’hui). Les dettes se sont surtout alourdies parmi les entreprises, qui hélas ont contribué en partie à la surcapacité dans de nombreux secteurs, comme la métallurgie. Les réserves de changes de la banque centrale (People’s Bank of China) ont fondu, de sorte que la tendance à l’affaiblissement de la monnaie chinoise (yuan ou renminbi) face au dollar (environ 6,90 yuans pour un dollar actuellement) se poursuit.
Dans le débat sur la croissance de l’économie mondiale au cours des prochaines années, la Chine soulève dès lors de plus en plus d’interrogations. Xi Jinping a déjà indiqué qu’un contrôle et une régulation accrus du secteur financier étaient nécessaires. Espérons que le congrès du parti communiste fera de la stabilité financière l’un des principaux objectifs pour les cinq prochaines années.
Stratégie
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