La biotech à nouveau ” in “
En matière de biotechnologie, la Belgique n’a rien à envier aux Etats-Unis.
Est-il encore utile d’évoquer le potentiel du thème du vieillissement de la population ? En cause : l’explosion démographique (entre 1950 et 2050, le monde passe de 2,5 à 9 milliards d’âmes) d’abord, et l’énorme progression de l’espérance de vie au niveau mondial (de 47 ans en 1950 à 77 ans d’ici à 2050), ensuite. Au cours des cinquante dernières années, le nombre de personnes âgées de 65 ans et plus a triplé et est appelé à connaître encore un triplement au cours des cinq décennies à venir. Ce qui ne sera pas sans incidence sur le secteur des soins de santé.
Ces derniers temps, le secteur biotechnologique américain a le vent en poupe. Depuis début 2013, soit en un peu plus de deux ans, le montant investi dans les fonds biotech a quintuplé, à 15 milliards USD. Les capitaux investis ont beaucoup augmenté, mais les cours ont également progressé sous l’effet de vagues de spéculations. Ces douze derniers mois, l’indice Nasdaq Biotechnology (ticker NBI) a progressé de 62% ; sur trois ans, la hausse atteint 176% et sur 5 ans, 296% ! L’an dernier, la FDA américaine a approuvé pas moins de 41 médicaments biotechnologiques, un record pour la décennie écoulée, et même bien plus que la moyenne (25) des dix dernières années.
C’est aussi le résultat de success-stories comme celles de Gilead Sciences (avec une capitalisation boursière de 155 milliards USD, notamment grâce à une ascension de 345% en l’espace de trois ans), qui est dominant sur le marché de l’hépatite C avec Sovaldi et Harvoni, ou de Pharmacyclics (+3200% en 5 ans), qui a également un médicament phare contre la leucémie et d’autres formes de cancer, l’Imbruvica. La proie tout indiquée, apparemment, pour Johnson & Johnson, qui a pourtant été pris de vitesse par AbbVie, lequel a mis sur la table 21 milliards USD pour Pharmacyclics, provoquant plus du doublement de l’action sur cette seule année.
Ces succès ont ravivé l’appétit des investisseurs au point que les valorisations sont désormais prohibitives. Une valeur biotech moyenne du NBI se négocie à 54 fois le bénéfice attendu, plus de 9 fois la valeur comptable et plus de 10 fois le chiffre d’affaires !
Espoir belge
Pour autant, les Etats-Unis ne sont pas nécessairement ” the place to be ” pour le secteur. La Belgique a développé nombre de compétences dans le domaine de la biotechnologie, ce qui se reflète d’ailleurs en Bourse. ThromboGenics est parvenue à commercialiser un produit, Jetrea, même si pour l’heure son succès commercial est mitigé. La semaine dernière, Galapagos a également franchi une étape importante en direction d’une commercialisation (lire les Questions des lecteurs en pages 10 et 11) et dépassé le cap du milliard d’euros de capitalisation. Pour sa part, Ablynx a pu démontrer qu’il disposait, avec ses ” antibodies “, d’une technologie valable, et gérait un impressionnant pipeline. Biocartis sera le prochain sur la liste, après que Bone Therapeutics, auquel nous croyons beaucoup, a réalisé une IPO fructueuse il y a quelques mois. Citons encore Tigenix, Argen-X, Cardio3 Biosciences (bientôt rebaptisé Celyad) et Genticel. Il en reste un à épingler : MDxHealth, une société de diagnostic moléculaire qui a réalisé d’énormes progrès ces dernières années après un sérieux ralentissement, et pourrait encore faire un bond en avant dans les prochaines années (lire le Flash’ en page 7).
Stratégie
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