La 5G au service de la croissance
L’arrivée de la 5G sera synonyme d’opportunités infinies pour l’industrie des télécommunications, ainsi que pour des secteurs auxquels on ne songe pas nécessairement.
Sans beaucoup d’originalité, le réseau mobile de cinquième génération porte le nom de 5G. Nous utilisons actuellement la 4G, disponible depuis 10 ans déjà. Les réseaux se devant d’être toujours plus performants et, surtout, plus rapides, on attend de la 5G une vitesse 10 à 20 fois supérieure à celle de la 4G. Mais ce n’est pas tout.
Applications en temps réel
La 5G permettra de télécharger des films en haute définition en quelques secondes à peine. La latence, soit l’intervalle de temps qui sépare la demande de données de la réponse du réseau, sera 50 fois plus brève qu’en 4G. En plus d’offrir un véritable confort d’utilisation, cette latence minime sera cruciale pour les applications en temps réel qui exigeront un temps de réaction extrêmement rapide de la part du réseau. Ainsi la 5G permettra-t-elle d’avoir des conversations par Skype nomades en haute résolution, sans le moindre retard sur la ligne. Elle permettra également de piloter voitures autonomes et robots et d’automatiser les usines.
Incapables de supporter la vitesse et la capacité de téléchargement de la 5G, nos smartphones vont devoir être remplacés. Aucun smartphone compatible avec la 5G n’est encore commercialisé en Belgique, mais ce n’est sans doute qu’une question de quelques mois.
Cinq secteurs étroitement impliqués
Maints secteurs sont directement ou indirectement impliqués dans le déploiement de la 5G. Les seconds sont si nombreux et si divers qu’il est impossible de les évoquer ici. L’on peut en revanche recenser cinq activités étroitement concernées. Les équipements réseau vont devoir être adaptés à l’explosion attendue du trafic de données: dans ce domaine, nous songeons davantage aux logiciels qu’au matériel. Le secteur des semi-conducteurs subira lui aussi une véritable révolution.
Et que dire du secteur des télécommunications? Dans plusieurs pays, dont la Belgique, les enchères pour l’attribution des fréquences 5G n’ont pas encore eu lieu – nous accusons un certain retard sur ce plan. La 5G ne devrait être disponible en Europe qu’à partir de 2021: il va en effet falloir ajouter énormément d’antennes GSM. Les pays européens les plus avancés sont la Suisse et le Royaume-Uni. En Asie, c’est la Corée du Sud qui caracole en tête; la Chine a l’intention de déployer ses premiers réseaux cette année encore: ce n’est pas un hasard si ces deux nations accueillent les sièges d’acteurs éminents. Quant au Japon, il va de soi qu’il voudra profiter des Jeux olympiques de 2020 pour montrer au monde qu’il reste à la pointe de la technologie.
Les soins de santé connaîtront eux aussi une véritable révolution. Aidés par des robots, les chirurgiens pourront intervenir à distance. Si des patients sont d’ores et déjà porteurs d’appareils qui contrôlent en permanence leur état de santé, les choses n’en sont encore qu’à leurs débuts: les plus grands fabricants de technologies médicales portables investissent des sommes colossales dans des dispositifs qui recueilleront et transmettront en temps réel des informations utiles, voire vitales, sur les personnes traitées.
Les jeux en ligne, sur l’ordinateur ou le smartphone, n’ont jamais été aussi populaires, et pas seulement chez les enfants. L’arrivée de la 5G intensifiera le phénomène, dont les plus grands groupes comptent bien tirer profit – nous pensons à la Xbox de Microsoft, à la Stadia d’Alphabet et à la Twitch d’Amazon.
Ouverture pour Samsung et Ericsson
La 5G devrait également être une aubaine pour Samsung, le premier fabricant de smartphones au monde, dont les nouveaux téléphones compatibles sont prêts à être exportés. Mais le sud-coréen est également actif sur le marché des équipements pour réseaux mobiles, et les puces mémoires constituent un poste essentiel de son chiffre d’affaires et de son bénéfice. Une action à suivre, ces prochaines années.
Le chinois Huawei est le deuxième fabricant de smartphones, mais une atmosphère de secret plane autour de lui. Plusieurs pays refusent d’utiliser ses équipements sur leur réseau 5G. Donald Trump a même placé le groupe, qu’il soupçonne de profiter de sa technologie réseaux pour se livrer à des activités d’espionnage, sur une liste noire.
Ericsson, qui fournit des stations de base pour le déploiement de réseaux 5G mobiles, devrait lui aussi tirer parti de cette évolution. Le suédois a décroché plusieurs des premiers contrats 5G attribués aux Etats-Unis. L’investisseur qui compte profiter de l’explosion de la 5G ne manquera pas de surveiller cette action, qui contribuera également à la diversification géographique de son portefeuille – les autres entreprises susceptibles de profiter de l’Internet ultra-rapide sont en effet presque toutes américaines.
Le finlandais Nokia n’a pas su tirer parti de l’engouement pour les smartphones. Il avait pourtant été, avec Ericsson d’ailleurs, l’un des pionniers du secteur. Depuis qu’il a acquis Alcatel-Lucent, Nokia fournit surtout des équipements pour réseaux mobiles et fixes. Il occupe une position moins favorable que son concurrent suédois.
Potentiel pour Qualcomm
Bien qu’Apple soit rarement le premier à intégrer les nouvelles technologies, l’on s’attend cette fois à ce que l’iPhone 5G soit mis sur le marché dès 2020. Une part importante du chiffre d’affaires et du bénéfice du groupe dépend étroitement du succès de la commercialisation de ses nouveaux appareils: sans doute Apple réussira-t-il à conserver ses marges, traditionnellement élevées, sur ses iPhone de nouvelle génération, d’autant qu’il les assortit d’un large éventail de services. Nous attendons donc beaucoup des opportunités infinies que le déploiement du réseau 5G signifiera pour l’entreprise à la pomme.
L’américain Qualcomm dispose d’un portefeuille de brevets 5G bien fourni (des standards pour le trafic de données mobiles, par exemple), qu’il rentabilise grâce à des contrats de licence lucratifs. Il produit également des processeurs et des modems pour les smartphones 5G. Il a, des années durant, été impliqué dans un litige juridique avec Apple, mais le dossier est désormais clos: sa technologie va donc équiper les nouveaux appareils Apple; les perspectives sont par conséquent pour lui bien plus souriantes qu’il y a quelques mois.
Le choix arrêté par Apple est en revanche un coup dur pour Intel, l’un des grands concurrents de Qualcomm. Intel est surtout connu pour ses processeurs pour ordinateurs et serveurs, mais il entend profiter de l’arrivée de la 5G pour explorer de nouvelles sources de revenus. Il a, grâce à sa filiale israélienne Mobileye, un pied dans le secteur des voitures autonomes et des systèmes avancés d’aide à la conduite (prévention des accidents).
Enfin, Cisco Systems devrait lui aussi profiter de l’essor de la 5G. Les volumes de données échangées étant appelés à croître d’une manière exponentielle, il va falloir rendre les réseaux existants nettement plus performants et, sans doute, multiplier les équipements. Cisco est leader sur le marché des routeurs, commutateurs et logiciels pour réseaux. En termes de rapport cours/bénéfice, il compte, avec Intel, parmi les actions 5G les moins chères. Mais sa croissance prévisionnelle à brève échéance n’est pas la même que celle de maints autres acteurs de la 5G. Les actionnaires se consoleront avec un rendement du dividende de plus de 3%.
Stratégie
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