Intel, le vilain petit canard de la tech?
La rédaction répond à la question d’un abonné: “Pourquoi l’action Intel est-elle retombée si bas?”
En baisse de 20% depuis janvier, l’action Intel sous-performe notablement les valeurs technologiques (Nasdaq), en forte hausse, et même le Standard & Poor’s, un indice plus large, avec un écart de 30%.
Malgré une capitalisation boursière proche de 200 milliards de dollars, le groupe a perdu son statut de fleuron technologique de la fin des années 1990. L’action a atteint son sommet en début de siècle, avant de céder sa place de premier producteur mondial de puces électroniques à Nvidia, qui a confirmé son hégémonie en acquérant ARM Holdings en 2020 et affiche une capitalisation boursière de plus de 300 milliards de dollars.
Sur cinq ans, un investissement dans l’action Intel a généré un rendement total (évolution du cours + dividendes) d’environ 60%, contre 90% pour le S&P 500 et 1.560% pour Nvidia. Mais Intel, traditionnellement très performante dans le segment des microprocesseurs pour PC, ordinateurs portables et serveurs, a négligé les puces graphiques et les semi-conducteurs pour appareils mobiles, à l’inverse de Nvidia et d’AMD. Ces derniers trimestres, le coeur d’activité d’Intel est à la peine. Le développement de nouvelles puces 10 nm et 7 nm a pris du retard, le groupe a perdu des parts de marché et même accumulé un retard technologique dans certains segments.
Les analystes tablent sur un recul du chiffre d’affaires de 5% sur l’exercice 2021. La valorisation de l’action est toutefois faible, à la fois par rapport à celles des concurrents et à la moyenne du marché (Nvidia s’échange à plus de 50 fois le bénéfice attendu en 2021, Intel à 10). Le ratio valeur de l’entreprise/cash-flow opérationnel (Ebitda) s’établit à 6,5. Le groupe est donc sanctionné pour son manque de croissance et de perspectives. Il devrait toutefois redresser la barre à terme : les semi-conducteurs restent un marché de croissance et l’activité de microprocesseurs et de puces pour serveurs en particulier a de beaux jours devant elle. Le groupe génère toujours un cash-flow élevé et a lancé un programme de rachat d’actions propres de 20 milliards de dollars. Le risque de baisse du cours nous semble dès lors limité. Mais pour le voir opérer un redressement spectaculaire, il faudra qu’analystes et investisseurs soient convaincus qu’Intel a remis de l’ordre dans ses affaires. En attendant, la valorisation (très) basse justifie une recommandation d’achat (rating 1B).
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