Inflation, taux…: bienvenue dans une nouvelle ère

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Danny Reweghs
Danny Reweghs Journaliste

Des taux d’intérêt structurellement bas ont fait pendant des années le bonheur des marchés boursiers en général, et des valeurs technologiques et immobilières en particulier. Tout cela est bien fini, pour longtemps sans doute.

Nous ne répéterons jamais assez à quel point le retour de l’inflation et la hausse des taux longs pèsent sur les marchés financiers, y compris sur certaines catégories d’actions. Après l’éclatement de la pandémie, en mars 2020, les rendements des bons du Trésor américain à 10 ans ont reculé, jusqu’à atteindre 0,5% à l’automne: le monde était alors certain d’entrer dans ce qui serait sa plus grave crise économique depuis la Seconde Guerre mondiale. Grâce aux actions concertées et particulièrement vigoureuses des autorités politiques et monétaires, il n’en a rien été. Peut-être même les taux longs n’auront-ils pas à descendre plus bas pendant longtemps. Aujourd’hui, portés par une inflation de plus de 10%, ils s’élèvent à 4% environ. La guerre en Ukraine n’y est bien entendu pas pour rien.

Nous sommes convaincus que ni l’inflation ni les taux longs ne renoueront structurellement avec les niveaux atteints en 2020 et avant. Nous sommes au contraire entrés de plain-pied dans une nouvelle ère. Laquelle pourrait bien perdurer jusqu’à la fin de cette décennie.

Retournement de situation

Durant les deux ans et demi qui se sont écoulés depuis que les taux longs ont atteint leur niveau plancher, nous avons assisté à un changement radical des résultats boursiers des diverses catégories d’actions. Des taux d’intérêt structurellement atones avaient fait pendant des années le bonheur des marchés boursiers en général, et des valeurs technologiques et immobilières en particulier; ces catégories surpassaient toutes les autres, et plus encore les secteurs financier et des matières premières.

Mais à présent que l’inflation s’emballe et que les taux d’intérêt remontent, la situation change complètement. Comparons, à titre d’illustration, les performances annuelles moyennes du géant de la technologie Microsoft, de l’entreprise immobilière WDP et des producteurs de matières premières Rio Tinto, Shell et Cameco. Pour commencer, sur la période qui va de septembre 2010 à septembre 2020, durant laquelle les taux longs n’ont cessé de céder du terrain, jusqu’à, nous l’avons dit, atteindre un niveau plancher à l’automne 2020. Durant ces 10 ans, le rendement annuel moyen d’un investissement dans Microsoft a été de 27,4% et celui d’un investissement dans WDP, de 25,7%, contre 8,4% pour Rio Tinto, 0,1% pour Shell et même, -6,5% pour Cameco. Des écarts incontestablement gigantesques.

Plus rien de cela ne se vérifie toutefois depuis septembre 2020. Le rendement de Microsoft est tombé à 6,5% et celui de WDP, à 1,5%; en revanche, celui de Rio Tinto a grimpé à 21,6%, celui de Shell, à 48,6% et celui de Cameco, à 45,8%. L’on assiste à un véritable retournement de situation. Ne pas revenir sur les préférences de la décennie écoulée est un mauvais calcul, et devrait selon nous le rester plusieurs années encore.

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