Faut-il vendre Gilead Sciences?
La rédaction de l’Initié répond à la question d’un lecteur: “Gilead Sciences ayant renoncé en décembre à demander que, contre les rhumatismes, le Jyseleca (filgotinib) soit admis à la vente aux Etats-Unis, dois-je vendre mes actions?”
Les rhumatismes n’étaient heureusement pas l’unique indication du Jyseleca. Gilead poursuit les études en cours avec ce médicament contre les maladies intestinales (la colite ulcéreuse et la maladie de Crohn) et sur la fertilité (essais Manta et Manta-RAy, dont les résultats seront publiés mi-2021).
Gilead a réalisé un chiffre d’affaires (CA) de 6,5 milliards de dollars au 3e trimestre, 18% de plus qu’un an auparavant. Cette progression est entièrement imputable à la contribution de 873 millions de dollars de l’antiviral Veklury (remdisivir), administré à des patients gravement affectés par le Covid-19. Sur les trois premiers trimestres, le CA du groupe a gagné 4% en un an, à 17 milliards de dollars (cela dit, si l’on omet la part du Veklury, il a cédé 1%). La franchise HIV reste le pilier du groupe: les ventes y ont augmenté de 7%, à 12,7 milliards de dollars. Grâce aux acquisitions de Forty Seven (4,9 milliards) et, surtout, d’Immunomedics (21 milliards), en 2020, Gilead disposera à compter de 2023 de trois nouveaux moteurs pour sa croissance dans l’immunologie des tumeurs, en sus du pipeline provenant de Kite Pharma. Le Tecartus – le 2e produit CAR-T de Kite Pharma après l’Yescarta – a été approuvé en juillet dernier aux Etats-Unis pour le traitement d’une forme rare de cancer de la glande lymphatique. L’approbation provisoire en Europe a suivi en décembre. Les ventes d’Yescarta ont augmenté de 33% au cours des neuf premiers mois de 2020, mais à un niveau jugé toujours trop modeste de 444 millions de dollars. Le Trodelvy (d’Immunomedics) a reçu une approbation provisoire aux Etats-Unis en avril 2020 et en Europe en décembre pour le traitement d’un type de cancer du sein; deux mois après sa commercialisation, les ventes atteignaient 20,1 millions de dollars. Le médicament est testé sur plusieurs autres cancers.
Pour 2021, les analystes escomptent un CA stable (23,6 milliards de dollars) et un bénéfice net récurrent par action de 6,56 dollars. A 9,5 fois le bénéfice attendu en 2021, Gilead est faiblement valorisé, par rapport à ses pairs américains. Il faudra être patient (le rendement de dividende brut de 4,4% encourage à l’être), mais Gilead recèle un beau potentiel haussier. Acheter (rating 1B).
Question des lecteurs
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