Equinor et Aker BP: ne pas se précipiter pour acheter
La rédaction répond à la question d’un abonné: “Pourquoi les cours d’Equinor et d’Aker BP n’augmentent-ils pas, malgré les importations croissantes de pétrole et de gaz norvégiens par l’Europe?”
La guerre en Ukraine intensifie en effet le poids stratégique de l’industrie pétrolière et gazière norvégienne aux yeux de l’Europe. Concurrencé par les énergies vertes, notamment, le secteur souffre d’un sous-investissement chronique depuis 2015… sauf en Norvège, qui, compte tenu de son importance pour son économie, l’a toujours soutenu financièrement.
Equinor, la plus grande compagnie pétrolière et gazière du pays (67% détenus par l’Etat), s’est portée en 2022 au secours du gaz européen, pour compenser partiellement la réduction des exportations du groupe russe Gazprom. Mais la production journalière moyenne de deux millions de barils d’équivalent pétrole (près de 50% des 4,1 millions de barils produits par la Norvège) est restée à peu près stable, ce qui signifie qu’elle est tout simplement passée d’un marché de débouchés à un autre. Par ailleurs, en l’absence de différences de prix structurelles entre les pays exportateurs, l’augmentation des ventes de pétrole et de gaz au marché européen ne fera pas partir le cours d’Equinor et d’Aker BP à la hausse. Les facteurs décisifs sont, outre les éléments propres à ces entreprises, l’évolution future du prix de l’une et l’autre de ces matières premières. Si les deux actions ont tiré profit de l’envolée des cours entre la seconde moitié de 2021 et l’été 2022, elles se replient désormais dans la foulée du recul des prix du pétrole et, surtout, du gaz. Aker BP se négocie 27% sous le sommet atteint début juin 2022 (420,5 couronnes), Equinor, 25% sous celui d’août (410,95 couronnes).
Malgré cette nette baisse, il n’y a pas lieu de se précipiter pour acheter. Compte tenu des perspectives de récession, un nouveau tassement des prix n’est pas à exclure, même si la récente réouverture de l’économie chinoise ne peut que soutenir la demande. Comme toutes les majors pétrolières, Equinor s’ouvre actuellement aux énergies vertes. Les deux actions ont évolué en parallèle ces dernières années, jusqu’en juin, où l’acquisition de Lundin Energy a incité maints investisseurs à vendre leurs titres Aker BP (un retard majoritairement comblé depuis). Nous recommandons pour l’instant de conserver; pour un achat, nous visons idéalement un repli vers 260 couronnes pour Aker BP (rating 2B) et 220 couronnes pour Equinor (rating 2A). Notre préférence va à Aker BP, au profil de croissance supérieur à celui d’Equinor.
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