Eiffage, digne d’achat sur repli

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La rédaction répond à la question d’un abonné: “J’envisage d’acheter des actions Eiffage. Est-ce le bon moment?”

Le pôle Contracting d’Eiffage comprend les activités construction, infrastructures et systèmes énergétiques, la division Concessions, l’exploitation d’écoles, de prisons et de stades mais surtout, une participation de 50% dans APRR, l’exploitante du réseau autoroutier du sud parisien. Le chiffre d’affaires (CA) du groupe est passé de 13,9 milliards d’euros en 2015 à 16,6 milliards en 2018 (+19,2%; 2/3 de la croissance est organique). Contracting a généré en 2018 un CA de 13,7 milliards d’euros, soit 82,6% du CA consolidé. Cette division réalise 69% de son CA en France (77% en 2015), 25% ailleurs en Europe (20%) et 6% hors Europe (3%). Le consensus fait état pour 2019 d’une nouvelle augmentation du CA, à 17,8 milliards d’euros (+5,7%; +10,6%, à 13,2 milliards, après neuf mois).

Le bénéfice opérationnel (Ebit) a bondi de 1,43 milliard d’euros en 2015 à 1,86 milliard en 2018, alors que le bénéfice net était multiplié par deux, à 629 millions (6,68 euros par action). Le dividende brut est dès lors passé à 2,4 euros par action (+100%), cependant que le cours gagnait 130% depuis le début de 2015. Contracting a enregistré l’an dernier une marge opérationnelle (marge d’Ebit) de 3,6% (3% en 2015), contre 45,3% en 2015 et 48,8% en 2018 pour Concessions: alors qu’elle n’assure que 18% du CA, cette division génère donc 75% de l’Ebit. Eiffage a acquis, fin 2018, 5,1% de Getlink, l’exploitant du tunnel sous la Manche. Il a également accru de 2% sa participation dans APRR, pour 150 millions d’euros, en novembre, et exploitera l’aéroport de Lille dès le 1er janvier. S’il sera gage d’énormément de travail, le projet du Grand Paris n’apportera qu’une contribution mineure aux bénéfices.

L’action, qui a gagné 36% cette année, approche de son sommet de mai 2018 (101,7 euros). A 13,3 fois le bénéfice (17, pour Vinci) et une valeur de l’entreprise (EV) de 7,8 fois les cash-flows opérationnels (Ebitda) escomptés pour 2019 (11,1), la valorisation est inférieure à celle du grand frère Vinci (60 milliards de capitalisation, contre 9,7 milliards pour Eiffage). L’automne 2018 (-30%) a néanmoins montré la vulnérabilité de l’action à la détérioration du sentiment; nous conserverions les positions existantes mais après le récent rebond, nous attendrions un repli, à 90 euros au moins, pour acheter.

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