CFE & Velcan Energy
L’action CFE s’est montrée très performante ces derniers mois. Le temps est-il venu de vendre ?
L’action du groupe de construction et de dragage CFE est effectivement très performante depuis septembre de l’an dernier, avec une hausse de plus de 80%. Une hausse intervenue après l’annonce qu’Ackermans & van Haaren (AvH) avait apporté dans CFE sa participation de 50% dans DEME. CFE détendait déjà les autres 50% de DEME, un acteur d’envergure mondiale dans les travaux de dragage. AvH possède maintenant 60,4% des actions de CFE. Mais surtout : la propriété de DEME positionne davantage CFE comme une entreprise de dragage, un élément qui a une influence positive sur la valorisation du groupe. Tout n’est pas rose pour autant. En 2013, les activités dans la construction (pôle Contracting) ont encore subi l’impact de la morosité qui prévaut dans le secteur européen de la construction. L’entreprise a dû lancer deux avertissements sur bénéfices en raison de résultats décevants dans les divisions Construction et Multitechniques. Contracting a ainsi enregistré un résultat opérationnel (EBIT) négatif de 29,5 millions EUR en 2013, contre un bénéfice de 5 millions EUR en 2012. Le chiffre d’affaires (CA) de la division a pourtant progressé de 8,4% à 977 millions EUR alors que le carnet de commandes a grossi de 9,6% à 1,31 milliard EUR. Récemment, CFE a annoncé avoir décroché – avec ses partenaires Unibail-Rodamco et Besix – le contrat de Neo 1, l’énorme projet de développement et de réaménagement du plateau du Heysel. CFE prendra à son compte 33% de la partie résidentielle (début du projet à partir de 2017). AvH possède également ses propres activités dans la construction par le biais des entreprises générales Van Laere et on ne connaît pas encore ses intentions concernant le pôle Contracting de CFE. DEME a connu une excellente année 2013 avec une augmentation du CA de 32,2% à 1,27 milliard EUR (participation de 50%) et une hausse de l’EBIT de 52,2% à 105,1 millions EUR. Le carnet de commandes (participation de 100%) a reculé de 8,1%, mais reste confortable à 3,05 milliards EUR. DEME a clôturé son important programme d’investissement 2008-2013 l’an dernier, et la position nette d’endettement (711 millions EUR fin 2013) devrait diminuer au cours des années à venir. A près de 19 fois le bénéfice attendu en 2014 et à un rapport valeur d’entreprise/cash-flow opérationnel (EBITDA) récurrent 2014 de 6,2, nous ne voyons guère de potentiel haussier à ce stade. Les excellentes perspectives pour DEME et la possibilité de création de valeur supplémentaire au sein des activités de la construction par AvH nous incitent cependant à confirmer l’avis “conserver” (2B).
Pouvez-vous dresser un dernier état des lieux sur Velcan Energy ?
Le spécialiste français des petites centrales hydroélectriques (jusqu’à 200 mégawatts; MW) a réalisé une belle progression en 2013. Le portefeuille de concessions total a grossi de 628 MW fin 2012 à 860 MW. La seule centrale déjà en service se trouve au Brésil (Rodeio Bonito) et a une capacité de 15 MW. En Inde, plusieurs étapes ont été franchies dans les trois projets décrochés dans le cadre de la grande concession de 571 MW à Arunachal Pradesh. Les auditions publiques ont été un succès et Velcan Energy espère recevoir les premières autorisations cette année pour deux projets, Tato1 (186 MW) et Heo (240 MW). Au Laos, Velcan collabore avec la société d’Etat Electrical Construction and Installation (ECI) sur deux projets (93 MW au total). Le groupe met la dernière main aux plans de développement de Nam Phouan (52 MW) et espère encore pouvoir entamer la construction de la centrale en 2014 (budget de 60 millions EUR). En Indonésie enfin, Velcan possède trois concessions (128 MW au total). Meurebo 2 (59 MW, propriété à 70%), développé avec le groupe national indonésien de services d’utilité publique PT PLN, se trouve entre-temps au dernier stade de préparation.
En 2013, le CA a baissé à 4,6 millions EUR (4,9 millions EUR en 2012) à la suite de la dépréciation du réal brésilien (BRL). Par le biais de nouveaux contrats à long terme, l’entreprise a déjà vendu 90% de la production de Rodeio Bonito jusque fin 2016 avec une indexation annuelle en BRL de 5%. Grâce à une forte réduction des charges opérationnelles (-31%), les cash-flows opérationnels (EBITDA) ont progressé de 0,3 million EUR en 2012 à 1,2 million EUR en 2013. Pertes de change et baisse des revenus financiers ont plongé le résultat net dans le rouge à hauteur de 4,1 millions EUR (contre bénéfice net de 4,3 millions EUR en 2012). Les fonds propres ont diminué à 117 millions EUR (-9%), soit 19,6 EUR par action, actions propres rachetées comprises. La confortable trésorerie a baissé de 91 à 84 millions EUR, soit 10,8 EUR par action (14 EUR en tenant compte des actions propres rachetées). Cette baisse est une conséquence des effets de change (-3,7 millions EUR) et de pertes latentes sur des produits dérivés (-2,3 millions EUR). Velcan a récemment annoncé vouloir fusionner ses entités française et luxembourgeoise, l’entité luxembourgeoise devenant la nouvelle société mère. Pour l’actionnaire, cela ne changera rien. Nous continuons à apprécier cette action réservée toutefois aux investisseurs à long terme, patients (1B).
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