Cardio3 Biosciences et Nyrstar
Quel est l’avis de l’Initié de la Bourse concernant l’entrée en Bourse de l’entreprise biotechnologique Cardio3 Biosciences? Faut-il souscrire ou non ?
Nous n’y somme pas habitués, mais quelques jours à peine après bpost, un nouvelle entreprise s’apprête à faire ses premiers pas sur le NYSE Euronext Bruxelles (avec également une cotation à Paris) : Cardio3 Biosciences. Disons d’emblée que cette IPO pourrait difficilement contraster davantage avec la précédente. Bpost était l’une des plus grandes introductions de l’histoire de la Bourse de Bruxelles. Ici, l’objectif est de collecter entre 20 et 30 millions EUR, un montant qui reste donc “modeste”. Bpost est une entreprise historique, une valeur sûre, sans profil de croissance, mais avec une politique de dividendes généreuse. Cardio3 Biosciences est une entreprise petite et jeune (fondée en 2007) qui a l’espoir d’enregistrer un jour une forte croissance et n’a aucune ambition de verser un dividende. Cela implique également un profil de risque très différent. Là où le risque d’investissement dans bpost est inférieur à la moyenne du marché, il est nettement au-dessus de cette moyenne pour l’entreprise biotechnologique. En effet, Cardio3 Biosciences a certes une étude clinique de phase III en cours, mais c’est également la seule étude clinique en pipeline. Pour les prochaines années, tout dépendra donc d’un seul médicament potentiel : le C-Cure, une thérapie cellulaire (comparable au Tigenix) pour le traitement des défaillances cardiaques chroniques. L’entreprise a l’avantage d’occuper une position de leader (aucune autre thérapie cellulaire n’a déjà atteint la phase III dans le domaine des défaillances cardiaques), mais les résultats de l’étude ne sont attendus que dans deux ans et demi (fin 2015), avec une évaluation intermédiaire après un an et demi (fin 2014). De plus, il n’est pas certain que l’argent récolté suffise à financer l’ensemble de l’étude de phase III. En principe, vous pouvez souscrire jusqu’au 3 juillet, même si une clôture anticipée est possible à partir d’aujourd’hui (vendredi 28 juin). La fourchette de prix est assez large, puisqu’elle est comprise entre 16,65 EUR et 19 EUR. Côté négatif : nous remarquons qu’aucune grande banque belge ou société de Bourse renommée ne figure parmi les établissements placeurs. La direction de l’opération a été confiée à la société de Bourse néerlandaise Kempen&Co. La fourchette de prix assez large est également un point négatif. Côté positif : aucune action existante ne sera mise en Bourse. Au contraire, avec la société wallonne d’investissement SRIW, un actionnaire existant (7,65% des actions) s’est engagé à racheter pour 4,45 millions EUR d’actions. Son pendant flamand, la Participatiemaatschappij Vlaanderen, a également affirmé vouloir souscrire pour 9,5 millions EUR. Entre la moitié et les deux tiers du montant visé (en fonction du cours de l’IPO) a donc déjà été promis, ce qui limite nettement le risque d’échec. Le premier jour de cotation en Bourse sera en principe le 5 juillet.
Vu le profil de risque élevé (un seul médicament potentiel en phase clinique), le délai relativement long (1,5 an, et en fait 2,5 ans) pour en connaître l’issue, Cardio3 Biosciences n’est absolument pas destinée à un investisseur bon père de famille. Nous conseillons par conséquent à la majorité des investisseurs de ne pas souscrire. Seuls ceux qui possèdent un portefeuille très large, qui ont l’expérience nécessaire des investissements dans le secteur biotechnologique (à savoir une grande résistance au stress) peuvent y investir un montant réduit. Ce sont donc des exceptions, pas la règle. Actuellement, l’action est plutôt réservée aux investisseurs institutionnels.
Est-il judicieux d’acheter aujourd’hui des actions Nyrstar vu l’énorme pression qui s’exerce sur les marchés de matières premières ?
Il y a deux ans, on attendait énormément de l’action Nyrstar (3,52 EUR ; NYSE Euronext Bruxelles). Un investissement attrayant avec un bénéfice attendu d’environ 1 EUR par action pour 2012 et même 2 EUR par action cette année. Mais les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. Car selon les prévisions actuelles, les résultats de l’an dernier et de cette année s’écriront à l’encre rouge. Les analystes tablent à présent sur une perte de 0,2 EUR par action et la tendance est plutôt orientée à la baisse. Bien sûr, ce retournement est principalement la conséquence de la baisse des prix des métaux de base et des métaux précieux. Ces dernières années, Nyrstar s’est en effet métamorphosée en une entreprise minière multimétaux, basée sur le principe qu’il est deux fois plus rentable de produire 1 tonne de concentré de zinc extrait de ses propres mines que de la fondre. D’autre part, ces dernières semaines ont été marquées par une bonne nouvelle avec l’accord trouvé avec Glencore. Cet accord prévoit que Nyrstar cesse de vendre à Glencore du “zinc primaire” produit dans les fonderies établies dans l’Union européenne (UE, dont Balen/Overpelt), en échange d’une indemnité de rupture de 44,9 millions EUR pour la partie UE à la charge de Glencore. Mais dans les faits, Glencore ne déboursera pas un centime, car Nyrstar utilisera précisément ces 44,9 millions EUR pour racheter les 13,2 millions d’actions propres entre les mains de Glencore (7,8% du total). Ce qui correspond à un prix de vente de “seulement” 3,39 EUR par action. Rachat d’actions à prix réduit d’une part, disparition de la menace de la mise sur le marché d’un énorme lot d’actions du marché, d’autre part. Aujourd’hui, Nyrstar est avant tout une opportunité de trading à partir du niveau plancher actuel. On peut tabler (au moins) sur un rebond temporaire au cours des semaines/mois à venir. C’est de cette manière que vous devez interpréter notre avis “digne d’achat” (1C).
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