Café & sucre
Qu’en est-il depuis le début de cette année où nous envisagions des scénarios acheteurs ?
En début d’année, nous nous étions déjà intéressés à la situation de deux soft commodities (ou produits agricoles de base) dont les cours s’étaient retrouvés sous forte pression pour différentes raisons ces dernières années : le café (IB-4B) et le sucre (IB-5B). Nous étions arrivés à la conclusion que le pire était révolu et avions envisagé plusieurs scénarios acheteurs.
Retournement du côté du café
2013 a été la troisième année de baisse successive pour le café et dans un premier temps, 2014 ne promettait guère d’amélioration. La perspective d’une nouvelle surproduction pesait sur les cours. Ceux-ci étaient même retombés sous le niveau des coûts de production, raison pour laquelle un régime d’aides publiques avait dû être instauré pour les cultivateurs de café au Brésil, premier producteur mondial. Le Vietnam, deuxième producteur mondial de café et premier producteur de robusta, a de son côté enregistré une bonne récolte. Et même en Colombie, où la production a systématiquement déçu ces dernières années, la tendance est à nouveau orientée à la hausse.
La sécheresse exceptionnelle qui a frappé certaines régions du Brésil et notamment l’Etat du Minas Gerais, d’où provient la majeure partie du café arabica, a cependant changé la donne. La situation était tellement grave que le ministère brésilien de l’Agriculture a décrété l’état d’urgence. La sécheresse accroît le risque de voir des nuées d’insectes endommager les caféiers. Les estimations des conséquences précises de cette sécheresse sont très variables. Et il ne s’agit encore que de spéculations, car les dégâts n’apparaîtront clairement qu’au moment de la récolte. Ceci dit, l’impact sur le prix du café fut énorme. Le cours de la livre de café a bondi de plus de 70% entre le début du mois de février et la mi-mars ! Elle a atteint la barre des 2 USD la livre pour la première fois depuis début 2012. Depuis, l’évolution est très volatile. Il y a deux semaines, le retour des précipitations a entraîné une baisse du prix du café de 14% en quelques jours. Cependant, une partie du terrain perdu avait déjà été repris la semaine dernière.
La valeur du Cofee Future Turbo Long (code ISIN : NL0010515375) que nous avions présenté dans l’IB-4B est passée de 2,09 à 6,31 EUR, soit une hausse de plus de 300% ! Et ce turbo était doté d’un levier plutôt modeste de 3,74. Ceux qui ont opté pour des variantes plus agressives ont enregistré des gains encore plus élevés.
La situation reste très opaque. L’ampleur exacte des dommages ne sera réellement connue qu’en avril ou en mai, avec le début des récoltes. En attendant, le marché continue à réagir avec une nervosité extrême à toute évolution des conditions météorologiques. Nous conseillons à ceux qui possèdent encore un turbo de prendre (au moins une partie de) leurs bénéfices. Une bonne stratégie consisterait par exemple à reprendre votre mise ou un peu plus, et à conserver “gratuitement” le restant de votre position. Pour les nouveaux achats, nous attendrions un repli.
Suroffre de sucre
Le marché mondial du sucre est également confronté à une surproduction chronique. Selon l’International Sugar Organisation (ISO), 2014 sera la quatrième année consécutive d’excédent. La bonne récolte en Thaïlande et la perspective d’un surcroît d’offre en provenance d’Inde pèsent encore sur les prix. Concernant le sucre, nous soulignions que le plancher naturel des prix, à savoir le niveau des coûts de production, était déjà atteint, mais que les régimes d’aides publiques perturbent l’équilibre du marché. Par ailleurs, on notait également une forte concentration de contrats short. Fin janvier, le contrat à terme sur le sucre a atteint un plancher juste en dessous des 15 centimes de dollar la livre. Ces deux derniers mois, la barre des 18 centimes a été frôlée à deux reprises, mais le prix du sucre reste très volatil. Comme le café, le sucre a également souffert de la sécheresse au Brésil, premier producteur mondial.
De nouvelles chutes de pluie après une période de sécheresse et l’anticipation d’une baisse de la demande en Chine ont fait temporairement fondre les bénéfices. La semaine dernière, le sucre a cependant affiché la plus belle progression avec une ascension de près de 7%. Selon les prévisions météorologiques les plus récentes, le phénomène El Niño devrait provoquer un mois d’avril très humide en Amérique du Sud. Le sud du Brésil, d’où provient la majeure partie de la production de canne à sucre, serait également touché. Un excédent de précipitations pourrait affecter le volume et la qualité des récoltes. De plus, le timing est malheureux, puisqu’avril marque également le début de la saison des récoltes. Celles-ci sont majoritairement mécanisées, mais il est impossible d’utiliser des engins lourds sur un sol gorgé d’eau. Pour l’instant, il ne s’agit encore que de prévisions. Les semaines à venir confirmeront si la pluie causera effectivement des pertes de production, et dans quelle ampleur. Entretemps, les prévisions de récolte ont été revues à la baisse en Inde. Selon l’India Sugar Mills Association, la récolte indienne sera la plus faible depuis l’année de récolte 2009-2010. La suroffre et la baisse des prix n’incitent guère à produire du sucre et de nombreux agriculteurs privilégient désormais d’autres cultures.
Le Sugar Future Turbo Long (code ISIN : NL0009717750) affiche une hausse de 55% par rapport à début février. Le turbo plus défensif doté du code ISIN NL0009533124 peut également présenter un rendement non négligeable de 38%.
Les réserves historiquement élevées du sucre, conséquence de quatre années successives de surproduction, limitent le potentiel à court terme. Une hausse de 70% comme dans le cas du café n’est donc pas envisageable. A plus long terme, un déficit paraît cependant inévitable. Certains analystes le prévoient déjà pour 2014-2015. Outre les conditions météorologiques, c’est surtout la répartition de la production entre sucre raffiné et éthanol qui sera déterminante. Les positions dans le sucre peuvent être conservées.
Dérivés
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