Bourse: où est passé “l’effet janvier” ?

Xavier Timmermans, stratégiste chez BNP Paribas Fortis.
Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Après l’euphorie de fin d’année, les marchés ne semblent pas poursuivre sur leur lancée. Et ce, alors que le mois de janvier est généralement très bon en Bourse. Que se passe-t-il ?

Alors que le mois de janvier est traditionnellement un des meilleurs mois de l’année en Bourse, les principaux indices américains et européens connaissent des séances difficiles en ce début d’année 2024. Ainsi, le S&P (indice phare de la Bourse de New York) a fini en baisse les deux premiers jours de l’année pour la première fois depuis 2015 et a connu le pire début d’année depuis 2019. Les explications de Xavier Timmermans, stratégiste chez BNP Paribas Fortis.

Le fameux “effet janvier” a-t-il disparu en ce début d’année 2024 ?

Non, c’est un effet saisonnier qui est réel et qui reste d’actualité. Historiquement, les meilleurs mois de l’année se situent entre novembre et fin janvier. Et janvier est souvent très bon. Il y a une raison objective à cela. Pas mal d’investisseurs institutionnels collectent des fonds en fin d’année et ont tendance à les investir soit en fin d’année soit au début de l’année qui suit. Songez chez nous aux fonds d’épargne pension. Nombre de Belges attendent la fin du mois de décembre pour effectuer leurs derniers versements et bénéficier au maximum de l’exonération fiscale. C’est ce flux de capitaux vers les fonds d’actions et les ETF qui soutient généralement les cours en début d’année.

Pourquoi alors ce début d’année difficile sur les marchés ?

Il y a ce que j’appelle un risque de déception chez les investisseurs. Depuis la fin du mois d’octobre, on se trouve dans un scénario idéal de baisse de l’inflation et d’une économie qui ralentit sans entrer en récession. Les Bourses ont apprécié les perspectives de baisse des taux à court terme annoncées par les banques centrales (Fed et BCE) et l’incertitude qui était maximale au moment des attaques du Hamas en Israël le 7 octobre dernier est fortement retombée depuis. Le marché est donc suracheté, c’est-à-dire que les cours sont trop écartés par rapport aux moyennes à long terme. Dans ce contexte, la moindre petite mauvaise nouvelle challenge ce scénario idéal et déçoit plus fortement que d’habitude.

Mais tout n’est donc pas perdu pour janvier 2024 ?

Non, la légère correction observée ces derniers jours ne signifie pas une remise en cause de la tendance haussière à long terme. Mais il faut rester prudent. Il y les tensions géopolitiques sur une route commerciale vitale en mer Rouge, les attentats en Iran qui ont fait remonter un peu le pétrole, certains chiffres PMI des directeurs des achats qui sont légèrement décevants… Et puis, il y a aussi la saison des résultats annuels qui va s’ouvrir. Il faudra voir si les importants bénéfices réalisés par les entreprises (secteur bancaire, géants du Web) seront au rendez-vous ou pas. Si un effet janvier pour cette année n’est donc pas garanti sur facture, il est encore néanmoins tout à fait possible.

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