Anglo-Eastern Plantations créera-t-elle (enfin) un peu plus de valeur pour l’actionnaire?
La rédaction répond à la question d’un abonné: “Faut-il s’attendre à une nouvelle politique de dividendes, après le décès, le 14 juillet, de Mme Lim Siew Kim, présidente du conseil d’administration et principale actionnaire d’Anglo-Eastern Plantations?”
Mme Lim présidait le conseil d’administration du producteur malaisien d’huile de palme Anglo-Eastern Plantations (AEP) depuis 2011. Par le biais de Genton International Limited, elle détenait depuis 1993 une participation majoritaire dans AEP – d’après les informations les plus récentes, 51,08% des actions en circulation. A ses débuts, en 1985, le groupe avait acquis en Sumatra du Nord (Indonésie) des plantations d’une superficie totale de 9.300 hectares (ha). Quand Genton est entré au capital, la croissance s’est accélérée. Au 30 juin, AEP disposait de pas moins de 70.588 ha plantés, dont 64.070 ha matures (produisant des fruits).
Sous la présidence de Mme Lim, le groupe a mené une politique financière prudente et sa trésorerie nette a été très abondante (comprise des années durant entre 75 et 130 millions de dollars). Portée par le récent bond du cours de l’huile de palme, cette dernière s’élevait au 30 juin à 246,8 millions de dollars, soit 527 pence par action (60% de la capitalisation boursière), contre 160,7 millions un an plus tôt et 219,7 millions à fin 2021. La valeur de l’entreprise par hectare planté (part propre) n’est plus que de 2.200 dollars. Elle est bien plus basse que celle de SIPEF (8.500 dollars) ou de MP Evans (11.000 dollars), lesquelles mériteraient d’ailleurs de voir la leur s’apprécier, vu la rentabilité de leurs plantations (taux d’extraction de 23 à 23,5%, contre 20,5% pour AEP) et l’accent mis sur la durabilité (normes RSPO). Cet écart tient surtout à la communication lacunaire d’AEP et aux faibles dividendes qu’il distribue aux actionnaires. Même l’année record 2021, où le bénéfice net récurrent s’est élevé à 96,1 millions de dollars, ou 242,34 dollars par action, n’a pas incité AEP à verser plus que 0,05 dollar par action (0,5% de rendement brut).
Il faudra probablement attendre 10 ans au moins pour qu’AEP ait fini de planter les 10.850 ha cultivables qu’il détient en outre; le groupe consacrant environ 25 millions de dollars par an à ce poste, il pourrait relever (nettement) le dividende. Il reste à voir ce que feront les descendants de Mme Lim (un fils et trois filles). Son fils est déjà membre du conseil d’administration d’AEP.
L’année dernière, le groupe a décidé de se défaire de ses trois plantations en Sumatra du Sud avant fin 2022 (6.662 ha; valeur comptable résiduelle de 13 millions de dollars). Il envisage la vente de ses petites plantations en Malaisie (3.453 ha).
Toute création de valeur pour les actionnaires, que ce soit en relevant le dividende, en rachetant des actions ou en versant un dividende exceptionnel, contribuerait à accroître la valeur d’AEP. Nous devrions en savoir plus au cours des 12 prochains mois. Dans cette attente, l’action demeure digne d’achat (rating 1B).
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